J’ai contribué en 2004 a un ouvrage dirigé par Philippe Norel, intitulé : "l’invention du marché : une histoire économique de la mondialisation" aux éditions du Seuil. Il est bien sûr toujours disponible sur Amazon, et peut être consommé sans modération.
L’instituto Piaget a procédé à la traduction de cet ouvrage en portugais, si certains lecteurs sont intéressés, qu’ils n’hésitent pas (il n’y a pas encore de lien pour une commande en ligne). Ci dessous la quatrième de couverture :
La mondialisation économique est souvent analysée comme un état nouveau de la planète qui verrait les États abandonner le pouvoir aux forces de marché… De la première mondialisation reconnue (dans la seconde moitié du 19ème siècle) à la réalité contemporaine des firmes transnationales, de la globalisation financière et des régulations supranationales (FMI, OMC, BCE), c’est la lente libéralisation des échanges qui s’imposerait sur le devant de la scène. Pourtant la mondialisation ne saurait s’identifier à la victoire planétaire et programmée du libéralisme…
Ce livre s’attache à montrer que la mondialisation contemporaine est tout sauf une réalité statique opposant deux principes abstraits d’organisation de la vie économique. Elle constitue d’abord l’aboutissement provisoire d’un processus historique de très longue durée. Ce processus non linéaire sanctionne une synergie heurtée entre expansion géographique des échanges (marchands ou non) d’une part, approfondissement de l’économie de marché d’autre part. Ces deux mouvements sont ici étudiés dans leur interaction, non seulement depuis la « révolution industrielle » ou les « grandes découvertes », mais aussi depuis leurs balbutiements dans l’antiquité ou le Moyen Age, européen et asiatique. Il apparaît alors que l’invention du marché, ou plus précisément l’émergence de systèmes de marchés, est longtemps contenue en Europe et ne progresse sensiblement que lorsque le pouvoir politique s’en mêle… Venise au 13ème siècle ou Amsterdam au 17ème, le mercantilisme français ou anglais au 18ème constituent autant de jalons dans la constitution progressive de ces systèmes de marchés.
Au cœur de cette dynamique, l’instrumentalisation du commerce de longue distance par les pouvoirs politiques apparaît centrale. De fait les forces de marché qui préexistent à l’État moderne semblent, par elles-mêmes, impuissantes à construire autre chose qu’un commerce lointain de nature opportuniste, ce dont témoignent brillamment l’océan Indien ou la Route de la Soie, bien avant l’éveil de l’Europe. Il revient à l’État de canaliser ces forces de façon à les faire servir à un dessein plus ambitieux, la création de systèmes de marchés nationaux, laquelle appuie l’émergence du capitalisme dès la seconde moitié du 18ème siècle. À partir de là, ce dernier déploie sa logique et les puissances hégémoniques successives poussent à une libéralisation qui sert immédiatement leurs intérêts.
Il n’est pas sûr pour autant que cette libéralisation soit aujourd’hui irréversible : l’entre-deux guerres a bien montré comment le libéralisme hérité du 19ème siècle a fait long feu et, dans la douleur, cédé la place au « fordisme » des trente glorieuses Le grand mérite de l’histoire reste de montrer combien le marché reste fondamentalement une utopie et de préciser les conditions historiques dans lesquelles sa contestation sociale peut se déployer.
Ce livre s’attache à montrer que la mondialisation contemporaine est tout sauf une réalité statique opposant deux principes abstraits d’organisation de la vie économique. Elle constitue d’abord l’aboutissement provisoire d’un processus historique de très longue durée. Ce processus non linéaire sanctionne une synergie heurtée entre expansion géographique des échanges (marchands ou non) d’une part, approfondissement de l’économie de marché d’autre part. Ces deux mouvements sont ici étudiés dans leur interaction, non seulement depuis la « révolution industrielle » ou les « grandes découvertes », mais aussi depuis leurs balbutiements dans l’antiquité ou le Moyen Age, européen et asiatique. Il apparaît alors que l’invention du marché, ou plus précisément l’émergence de systèmes de marchés, est longtemps contenue en Europe et ne progresse sensiblement que lorsque le pouvoir politique s’en mêle… Venise au 13ème siècle ou Amsterdam au 17ème, le mercantilisme français ou anglais au 18ème constituent autant de jalons dans la constitution progressive de ces systèmes de marchés.
Au cœur de cette dynamique, l’instrumentalisation du commerce de longue distance par les pouvoirs politiques apparaît centrale. De fait les forces de marché qui préexistent à l’État moderne semblent, par elles-mêmes, impuissantes à construire autre chose qu’un commerce lointain de nature opportuniste, ce dont témoignent brillamment l’océan Indien ou la Route de la Soie, bien avant l’éveil de l’Europe. Il revient à l’État de canaliser ces forces de façon à les faire servir à un dessein plus ambitieux, la création de systèmes de marchés nationaux, laquelle appuie l’émergence du capitalisme dès la seconde moitié du 18ème siècle. À partir de là, ce dernier déploie sa logique et les puissances hégémoniques successives poussent à une libéralisation qui sert immédiatement leurs intérêts.
Il n’est pas sûr pour autant que cette libéralisation soit aujourd’hui irréversible : l’entre-deux guerres a bien montré comment le libéralisme hérité du 19ème siècle a fait long feu et, dans la douleur, cédé la place au « fordisme » des trente glorieuses Le grand mérite de l’histoire reste de montrer combien le marché reste fondamentalement une utopie et de préciser les conditions historiques dans lesquelles sa contestation sociale peut se déployer.
(Le lecteur attentif aura remarqué qu’il s’agit de la quatrième de couverture de l’ouvrage en français…)