Rocard : je n’y connais rien, mais je sais que c’est nul…

Après Attali qui attaque les économistes, Darcos qui s’en prend à la filière ES, voilà Michel Rocard qui tient des propos pour le moins curieux sur l’enseignement de
l’économie…

Ce dernier participe à la commission Pochard, chargé de  réfléchir au métier
d’enseignant et à son évolution.  Cette commission  auditionne tout un ensemble de personnes, parmis lesquelles on compte  Bernard Thomas, délégué interministériel à
l’orientation.  Son audition est visible ici, avec un morceau d’anthologie
entre la 55′ et la 65′ minute
sur l’enseignement de l’économie.

Michel Rocard souligne notamment “les dégâts abominables qui résultent pour la société française de la quasi-absence et surtout de la dérive de
l’enseignement de l’économie
ou du moins du peu qui en est fait. Puisque apparemment cet enseignement est assez largement fait pour dégoûter les élèves de la libre entreprise, du
marché, de l’entreprise elle-même
et de pas mal d’horreurs. Tout ça qui est assez stupide et qui est un des constituants du blocage (…) du dialogue social dans notre pays.” 

Affirmations définitives d’autant plus surprenantes que juste après, il indique “Mais ma vérité à moi c’est que je n’y connais rien. Combien
d’heures y’a-t-il ? Dans quels types de classe par an ? Comment sont formés ces profs ?”.

Sur l’idée que l’enseignement de SES est un des constituants du blocage du dialogue social dans le pays, voir ce billet qui montrait que peu d’élèves, au final, passent entre les mains des profs de SES (71,4% y échappent). Sur l’idée
que les élèves sont dégoutés de l’entreprise, voir cet autre billet.

Via l’APSES, vous pouvez entendre l’extrait, le voir ou le lire. A lire également
le communiqué qu’ils viennent de publier.

25 commentaires sur “Rocard : je n’y connais rien, mais je sais que c’est nul…

  1. En fait, il est temps de dire la vérité : oui, nous autres, enseignants de SES et d’économie, sommes tous des anciens du KGB rompus aux techniques du lavage de cerveau et manipulant les masses avec plus de surêté qu’une armée de Big Brother afin de faire advenir le règne de Satan notre maître. Ce qui me fait bien rigoler, en d’autres termes, c’est le pouvoir immense que l’on prête au lycée et aux enseignants de SES… Comme si les élèves n’étaient confrontés qu’à nous et qu’on pouvait les manipuler à notre guise. Ca, et, bien sûr, la totale méconnaissance de l’enseignement de SES, ses objectifs, ses modalités et son déroulement de tout ceux qui ont un avis dessus.   

  2. Comment, ça “des anciens” du KGB ? des activistes, oui ! Tout est désolant là-dedans, mais particulièrement le fait que siège dans cette commission chargée de réfléchir au présent et à l’avenir de l’école un gars aujourd’hui presque octogénaire. Et, visiblement, gâteux. A noter également sur le site de l’APSES, plusieurs lettres ouvertes d’enseignants furibards. J’hésite à y joindre la mienne, en tant que pervertie par le système sauvée par la grâce d’HEC – ou pas.

  3. BonjourFormateur d’enseignants (mais principalement dans la boutique “concurrente”, à savoir Economie et Gestion) et marginalement (depuis cette année) dans la prépa CAPES SES, (en charge justement d’un cours sur “marché et entreprises” (!) je suis attéré par les propos des membres de la commission Pochard et plus particulièrement ceux tenus par Michel Rocard. Quand on n’y connaît rien, on s’informe avant de tenir des discours dignes du café du commerce.Ceci dit, je pense que ces propos sont également révélateurs d’un objectif plus général qui concerne la “grille horaire des lycées”. Voir le rapport d’audit élaboré dans le cadre de la LOLF sur cette question.Il y est dit que les “horaires des lycéens” sont trop chargés. En conséquence, il va falloir sabrer dans les programmes. Pour ce qui concerne plus particulièrement les SES, on voit que certains ont des idées très arrêtées sur ce qu’il conviendrait de “sabrer”.C’est consternant.

  4. Quand je pense que j’ai failli chialer lorsque j’ai appris pour son attaque cérébrale… en fait c’est aujourd’hui que je pleure de tant de conneries…D’ailleurs, je ne suis pas surpris car je l’ai entendu plusieurs fois sur différents sujets depuis son retour du Pakistan et j’ai constaté une sacrée baisse de son niveau …

  5. Les déclarations de Rocard dans cette audition sont à coté de la plaque quand à la critique des enseignant d’économie, mais je pense quand même qu’il visait en premier lieu le résultat final : la majorité des lycéens en sortent avec des idées extrêmement fausses et caricaturales concernant l’économie. Et quelle que soit la raison de cette situation, je ne crois pas que les prof d’économie en lycée puissent être très heureux du résultat, même on ne vous donne pas assez de moyens pour y changer quelque chose c’est franchement regrettable.

  6. Bernard Thomas délégué interministériel à l’orientation est là sans complexe pour accuser les profs de SES de la pire des turpitudes..détourner les élèves de l’entreprise ..Mais le comble si en 1967 Rocard etait furieux contre le MEN c’est parce qu’ il était envisagé alors que ce soit des prof d’Histoire et Géographie qui soient chargés d’enseigner l’économie ..mais en 2007 B.Thomas envisage l’enseignement des metiers de l’économie au collège ..par les mêmes prof d’histoire et géographie …..et dans quel conseil d’administration d’ entreprise pourrait on avoir autant d’incompétences réunies , eux  qui venèrent l’entreprise comme objet de culte ….ils en sont si incultes!!!

  7. Le fait que les profs d’Histoire-Geo, ainsi que les bivalents histoire/geo soient parvenus à relever le défi de l’ECJS plaide en leur faveur : ils seront certainement à même de fournir l’enseignement requis pour les bases en éco.

  8. On remarquera quand même dans la vidéo la manière dont on oppose sciemment professeurs de SES et professeurs d’économie-gestion, sous-entendu les premiers sont des néo-marxistes idéologues tandis que les seconds sont des amis de l’entreprise et de ”l’économie pragmatique”. En tant qu’agrégé d’économie-gestion mais plus orienté dans mes recherches vers l’histoire de la pensée et les questions de méthodologie, je me réjouis de l’idée de rapprocher dans l’enseignement les SES et l’éco-gestion… mais je refuse de concevoir ce rapprochement sur un tel mode aberrant et totalement éloigné des réalités… 

  9. Remarquez quand même que les SES du lycée n’ont pas grand chose à voir avec l’enseignement de l’économie en fac…L’étudiant qui a fait un bac ES (genre moi) et qui entend en L1 que finalement il y a plus de points d’accord entre monétaristes et keynésiens que de points de désaccord, sur le coup c’est un réel choc… Parce que pendant ses cours de SES on a bien pris le temps de lui dire “les libéraux disent ça, les keynésiens disent ça”, avec un “choisissez” sous-jacent… Aucune conformité entre les programmes de SES et l’état de la science correspondant…A mon sens il y a un vrai problème d’enseignement de l’économie au lycée : on l’enseigne non pas comme une science mais comme une idéologie, une conception politique. Sur le fond c’est certain que la science économique reste une certaine conception politique, mais avant d’être ça je pense sincèrement qu’elle est un outil scientifique de compréhension objective du monde.Alors réforme de l’enseignement des SES oui, mais dans une tout autre direction que celle proposée par Rocard et confrères…

  10. @ Olivier Simard : c’est vrai. En même temps, on peut aussi regretter que des étudiants en M2 d’économie ne sachent pas qui sont Keynes, Schumpeter et Hayek. Et ce n’est pas une caricature…

  11. @ Emmeline : je ne dis pas. Cela dit ce n’est pas parce que l’enseignement à l’université n’est pas parfait que c’est une bonne raison pour ne rien faire au lycée 😉

  12. A ma connaissance, les programmes de STG n’ont pas non plus grand chose à voir avec l’économie telle qu’elle est enseignée à la fac… Or, ce qui est dans l’ère du temps, c’est quand même un rapprochement entre ces deux approches supposées “opposées” de l’économie.Je suis convaincu qu’un tel rapprochement peut être bénéfique mais, pour l’instant, il est conçu sur une mauvaise représentation de ce qu’est l’économie enseignée au lycée et est portée par des considérations idéologiques et non pédagogiques ou scientifiques. Quant au lien entre éco au lycée et éco à la fac, c’est encore un autre débat qui manifestement n’intéresse pas nos réformateurs puisque ce problème n’est jamais évoqué… Vous entendez beaucoup parler de l’entreprise dans les cours de Micro (I, II, III) ou de macro ?

  13. “Michel Rocard souligne notamment “les dégâts abominables qui résultent pour la société française de la quasi-absence et surtout de la dérive de l’enseignement de l’économie ou du moins du peu qui en est fait. Puisque apparemment cet enseignement est assez largement fait pour dégoûter les élèves de la libre entreprise, du marché, de l’entreprise elle-même et de pas mal d’horreurs. Tout ça qui est assez stupide et qui est un des constituants du blocage (…) du dialogue social dans notre pays.” Enfin quelqu’un avec un QI suffisant pour savoir, avec Einstein que “L’immagination est plus importante que le savoir”

  14. @ OS : je ne dis pas non plus :). Je dis juste que dire ” l’enseignement de SES n’est pas bon parce qu’il ne ressemble pas à celui de la fac” n’est pas un meilleur argument que “il est mauvais parce qu’il dégoûte de l’entreprise”.Enfin si il est meilleur (sans être bon) : au moins il est fondé sur un constat juste !

  15. Que ceux qui parlent sur l’enseignement des SES en lycée disent qui ils sont, i.e ce qui leur permet d’emettre un jugment sur cet enseignement et en quoi il est légitime. Car autrement leurs propos ne valent pas tripette au mieux du Rocard.

  16. @ l’Ariégeois (merci pour votre ton, que j’aurais plus accepté venant du maître des lieux) : déjà, ceux qui sont actifs ici savent se servir d’un modem, et sont donc probablement nettement plus jeunes que Rocard (pour mémoire, Pébereau dit qu’il ne sait pas lire ses mails…). Ce qui est déjà un bon point quand on parle de formation initiale. Pour le reste, j’ai fait un bac ES il y a 5 ans, suis aujourd’hui à HEC (autant pour la haine de l’entreprise), en stage dans le privé (rhooo mes profs ont vraiment raté leur coup !), ai fait un M1 d’économie et ai formé pas mal d’étudiants ayant fait un bac ES et venant de tous les coins de France et de Navarre. Je me sens donc raisonnablement aussi au courant que Bernard Thomas… Satisfait ? mon numéro de carte bleue, aussi ?

  17. @ Emmeline : vous auriez pu écrire en bleu…Je ménerve, mais en tant que prof de SES j’en ai un peu marre, voire plein le c**, de lire et d’entendre n’importe nawack sur l’enseignement des SES. Alors oui, j’aimerai que chacun se présente (mon 1er commentaire sur ce post -stupide, mon 1er commentaire – donne l’information de façon implicite). Pas besoin de votre numéro de carte bleue car comme nous l’a dit JF COPE en tant que prof je gagne 4000 euros par mois plus ou moins 2 319,1 euros, plutôt moins d’ailleurs.

  18. “vous auriez pu écrire en bleu”… je ne suis pas chez moi. Je comprends parfaitement votre énervement (d’autant que si vous êtes un fidèle lecteur de mes lignes bleues – c’est bien, d’ailleurs, c’est très bien – vous aurez remarqué que j’ai la tête près du chapeau cloche), et m’y associe sur le fond, mais sans vouloir rentrer dans un grand débat sur la “nétiquette” je considère que l’impératif collectif, même de courtoisie, ne doit être employé que par le charbonnier qui est maître chez lui. Vous avouerai-je, au risque de passer pour une crucruche, que je n’avais pas saisi l’allusion pas si directe de votre 1er commentaire ?

  19. @Emmeline : d’accord avec vous pour le ton ,et pour le 1er commentaire j’ai confondu avec un autre des mes commentaires lourdingue.NB : j’aime beaucoup ce que vous faites.

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