Il y a 25 ans : un virologue dans la guerre économique

Il y a 25 ans, le 1er avril 1995, était créé au plus haut niveau de l’État français un Comité pour la Compétitivité et la Sécurité Économique. Parmi les 7 personnalités nommées se trouvait le virologue, et futur Prix Nobel de médecine, Luc Montagnier qui venait de connaître de longues années de lutte acharnée sur la découverte du virus du Sida.

En cette période de confinement, voici un long extrait de cette histoire tiré de mon ouvrage sur Les Sentiers de la guerre économique.

 

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Extension du domaine de la prédation. La vente d’Alstom à General Electric

Médiatique, la guerre économique se retrouve très rarement dans les revues académiques. Or, pour comprendre un phénomène et proposer des pistes de réflexion et d’action, l’analyse scientifique s’avère rapidement indispensable. C’est pourquoi avec mon collègue Olivier Coussi, nous nous sommes attelés à éclairer un cas récent qui aura défrayé la chronique – la vente de la branche énergie d’Alstom à General Electric – par la théorie de la prédation. Une analyse acceptée par la Revue Française de Sciences de Gestion dirigée par le Pr. Jean-Philippe Denis dans le cadre d’un numéro spécial consacré à la Recherche en Stratégie et Management : Exit, voice or Loyalty ?

Dans leur article introductif, les Professeurs Alain Charles Martinet (Université Lyon III) et Pierre-Michel Menger (Collège de France) présentent ainsi notre contribution :

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Les drôles de méthodes des consultants en communication d’influence…

Alors que Le Monde vient de sortir une enquête sur « Comment Monsanto a fiché des dizaines de personnalités à influencer » (avec une excellent œil du 20h de France 2 sur le sujet), il est bon de rappeler que ces méthodes ne sont pas nouvelles. Et on ne peut dès lors que s’étonner quand le dirigeant de Publicis Consultants, agence associée dans l’affaire Monsanto à Fleishmann-Hillard, se dit tomber des nues devant de telles pratiques.

J’ai moi-même pu vivre cela de près lors de l’affaire Gemplus il y a une quinzaine d’années. Si l’influence est au cœur des relations humaines, faut-il pour autant laisser la fin justifier les moyens ? Non bien entendu. Voici à ce sujet un extrait de mon dernier ouvrage Les sentiers de la guerre économique.

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L’économie démasquée

Qu’il s’agisse d’universitaires dits émérites, de retraités du renseignement, de politiques retirés des « affaires » ou d’ex-responsables d’entreprise, les « anciens » sont une mine de connaissances sous-exploitée. N’ayant plus rien à prouver, souvent encore en phase avec une réalité professionnelle qu’ils ne quittent jamais tout à fait, ils laissent en général tomber cette langue de bois qu’ils ont parfois dû tant manier qu’ils ne la supportent plus. Tel est le cas de ce professeur canadien – pardon québécois – qui vient aujourd’hui faire une conférence sur le développement local dans un amphithéâtre clairsemé. Sans doute plus à l’aise avec les petits groupes, les trois-quarts de son exposé sont plutôt soporifiques. Fort heureusement, la fin de matinée est plus propice à l’hypoglycémie qu’aux endormissements soudains. D’ailleurs, attirés par l’odeur de la cafétéria (et il ne faut pas être difficile !), certains ont déjà quitté les lieux. Mais ils ne savent pas ce qu’ils perdent. Car il est des anecdotes bien plus instructives que des heures de conférence standardisée.

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Qui est (vraiment) Christian Harbulot ?

L’ouvrage de Giuseppe Gagliano sur la pensée de Christian Harbulot (VA Press, collection indiscipliné) est trois fois heureux.

Heureux, tout d’abord, parce qu’il consacre l’œuvre d’une personnalité qui a su faire école en défrichant un sujet aussi complexe qu’essentiel – la guerre économique – et en offrant, à qui voulait bien sortir de l’aveuglement communiste et de la cécité néo-libérale, une grille de lecture géoéconomique s’appuyant sur l’analyse comparée des cultures de la stratégie et l’idée d’intérêt de puissance. Une lecture du monde plus pertinente que jamais…

Heureux également alors que l’Ecole de Guerre Economique, fondée et dirigée par Christian Harbulot, fête ses vingt ans d’existence. En s’appuyant sur cette expérience collective originale, Giuseppe Gagliano propose un manuel de survie intellectuelle dans un monde économique conflictuel qui ne dit pas toujours son nom et nécessite des éclairages et même des décryptages.

Heureux, enfin, parce que cette reconnaissance n’émane pas d’un des nombreux disciples français du maître (au sens des arts martiaux) mais d’un universitaire italien engagé dans la préservation des intérêts de puissance de son pays à travers le Cestudec.

Mais avant de  découvrir cette pensée à travers les analyses de Giuseppe Gagliano et, bien entendu, dans les écrits (et nombreuses interventions) de Christian Harbulot, lui-même, il est important de proposer quelques clés de lecture en retraçant le parcours d’un homme dont la vie romanesque pourrait inspirer bien des auteurs de fiction. Alors, qui est (vraiment) Christian Harbulot ?

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Une société du renseignement…

09/11 – 11/09. Ceci n’est pas un code secret mais deux dates de notre histoire contemporaine qui ont donné le top départ d’une ère globalisée synonyme de nouvelles opportunités mais aussi de nouvelles menaces et sonné le glas d’un vieux monde bipolaire où la complexité n’était encore qu’un concept. Dans ce contexte, les services de renseignement que l’on a cru un instant voir s’effacer avec la fin de la guerre froide ont, au contraire, pris une importance sans égale dans l’histoire de l’humanité, au service des décideurs mais aussi des citoyens qui les financent : ouverture du renseignement, ouverture au renseignement.

En une génération, la mutation de ce monde secret, source de bien des fantasmes et idées reçues, s’est opérée. Une première étape a ainsi été franchie non sans mal : accroissement des budgets des services, arrivée de nouveaux profils, développement des capacités technologiques,… Mais une autre étape doit désormais prendre le relai tant il est devenu évident que les dispositifs actuels n’ont pas l’agilité de ceux de leurs adversaires : réseaux terroristes, organisations criminelles, hackers, … Et de ce point de vue, les analyses se suivent et se ressemblent sans que les mesures prises ne semblent régler totalement les failles pourtant relevées. Pourquoi ? C’est ce qu’analyse en une vingtaine d’articles et autant de contributeurs le n°76 de la revue Hermès intitulé : Le renseignement : un monde fermé dans une société ouverte.

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Le rouge et le noir. Il y a 25 ans paraissait « La machine de guerre économique » de Christian Harbulot

 « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. » Paul Eluard

La première fois que l’on y songe, le hasard semble avoir joué un rôle prépondérant. Si je ne m’étais pas arrêté à la Fnac ce jour-là, si je n’avais pas regardé attentivement les nouveautés et si mon œil n’avait pas été intrigué par ces lettres rouges sur fond noir, alors je n’aurais jamais rejoint l’école de l’intelligence économique. Cela fait beaucoup de « si » vous ne trouvez pas ?

La machine de guerre économique. Le sujet m’intrigua. En parcourant rapidement les pages, mon cerveau s’imprégna de quelques mots-clés : « renseignement », « dés-information », « intelligence », « influence ». Je regardais enfin la quatrième de couverture et la présentation de l’auteur : « Christian Harbulot est directeur des relations avec les entreprises à l’Association pour la Diffusion de l’Information Technologique (ADITECH). Spécialiste des questions de guerre économique, il est à ce titre un des animateurs du groupe de travail « Intelligence Economique et Stratégies d’Entreprises » présidé par Henri Martre au Commissariat Général du Plan. Avec le cabinet STRATCO, il prépare pour janvier 1993 le lancement de la première école française d’intelligence économique ». Et c’est cette précision « il prépare pour janvier 1993 le lancement de la première école française d’intelligence économique » qui emporta ma décision. Finalement, l’acte d’achat tient parfois à peu de choses…

Le hasard ? Quelques années plus tard, je comprendrais que tout cela ne devait rien au hasard. Entre l’illusion du libre arbitre et la prison imaginaire du déterminisme, il existe un chemin. Celui du « deviens ce que tu es » des philosophes antiques que Spinoza et Nietzsche systématiseront. Le hasard, disait Sénèque, est la rencontre de circonstances et de dispositions. Mais reprenons. En un week-end, je dévorais littéralement cette « machine de guerre économique », moi qui d’habitude avais plutôt la lecture fastidieuse ! Un univers dont je soupçonnais l’existence venait de se dévoiler, un monde parallèle dont la presse parlait peu et nos éminents économistes pas du tout. Le lundi, je proposais d’ailleurs à mon enseignant d’économie d’entreprise de préparer un exposé pour la semaine suivante.. Reprenant pour le structurer les principaux schémas de l’ouvrage, je présentais ainsi sa thèse : « Les entreprises abordent aujourd’hui une nouvelle dimension de la concurrence internationale. Avec la fin des grands blocs militaires, la course à la puissance s’est déplacée du domaine géopolitique au terrain géo-économique. La concurrence s’exerce aussi bien entre groupes industriels, qu’entre respectivement blocs économiques, nations ou régions. Cette redistribution des cartes perturbe la réalité quotidienne des entreprises. Il ne suffit plus de bien produire pour vendre mais il faut aussi faire face aux différentes formes de menaces liées à la maîtrise de l’information, menaces sur les produits (contrefaçon, piratage de brevets, benchmarking, reverse engineering,…), menaces sur les sites et les personnes (espionnage industriel, piratage informatique, sabotage intelligent, manipulation des membres du personnage…), menaces sur l’environnement des entreprises (influence, désinformation, dérives mafieuses…). »

Ce même lundi matin – par une froide matinée d’hiver – je montrais l’ouvrage à un camarade de promotion. A peine sorti du Secrétariat Général de la Défense Nationale (SGDN), il s’amusa de ma présentation de l’ouvrage avant de m’apprendre qu’il travaillait désormais avec… l’auteur du dit ouvrage. Le hasard encore ? Quelques jours après, Christian Harbulot venait simplement faire une conférence dans mon école de sciences politiques, place Saint-Germain-des-Prés. Le lieu était celui de la salle qui accueillit la première projection du cinématographe des frères Lumière. Mais surtout, cet imposant bâtiment qui donnait sur la rue Bonaparte abritait depuis le siècle précédent la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. Tout un symbole, non ?

La Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. « La stratégie de reconquête du savoir technique de la France est orchestrée par Napoléon Ier en personne. Informé des risques que le blocus maritime anglais – contrepartie du blocus continental imposé par l’empereur – fait courir à notre économie, il décide de bâtir de toutes pièces une économie de combat contre la Grande-Bretagne. Ainsi naît la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale (SEIN) confiée à Chaptal. Ce Ministre a la particularité de cumuler les fonctions de ministre de l’Intérieur et de ministre de l’Industrie. La SEIN devient vite le centre nerveux d’un dispositif d’observation des découvertes et de l’organisation économiques des puissances rivales de la France. Napoléon veut tout savoir sur les points forts et les points faibles de l’économie britannique et il confie cette mission à la SEIN. Qui se souvient de l’existence de ce bâtiment en pierre de taille, situé au 4, place Saint-Germain-des-Prés ? Peu de chercheurs savent que derrière ses murs épais, ils peuvent encore consulter les premiers rapports d’étonnement d’un MITI à la française. » (Christian Harbulot, Jean Pichot-Duclos, La France doit dire non !, Plon pp 9-10.)

Mais revenons à notre histoire. Le rapport du Commissariat Général du Plan – dit rapport Martre du nom du président du groupe de travail – n’étant pas encore sorti (il sera disponible en février 1994 avec quelques mois de retard), l’intelligence économique est une expression quasi-inconnue. La conférence de Christian Harbulot s’intitule d’ailleurs plus simplement : « Le rôle de l’information économique ». En relisant les notes prises il y a vingt ans, je m’étonne encore de la pertinence de l’analyse et de la grille de lecture proposée.

L’intelligence économique, explique alors Christian Harbulot, consiste à savoir ce que fait l’autre. Trois champs d’activité la composent : la protection de l’information, les activités de veille et l’influence. Mais pour comprendre ce qui se trame réellement derrière le paravent idéologique de la libre concurrence, l’analyse doit prendre en compte quatre champs d’action ou échiquiers : le niveau mondial, le niveau régional, le niveau local et le niveau national. Au niveau mondial, c’est la logique de coopération qui prévaut. En raison de l’interdépendance croissante des économies, la question est de ne pas rentrer dans des confrontations qui amèneraient le système à s’auto-détruire. Mais il serait candide de s’arrêter aux discours des Etats, à l’instar du technoglobalisme japonais qui invite les autres pays à mieux faire circuler l’information scientifique… pour mieux la capter, intelligence oblige ! Au niveau régional, c’est-à-dire des grands blocs économiques que sont la CEE, l’ASEAN et l’ALENA, la compétition se réalise avant tout sur les normes et les lois. Les manœuvres souterraines trouvent sur cet échiquier un lieu de développement idéal. Et faut-il préciser que l’organisation européenne, anarchique et emplie d’intérêts contradictoires, n’est pas la mieux armée ? Au niveau local, force est de constater qu’il n’existe pas de modèle capitaliste unique mais des modèles qui s’opposent : un modèle rhénan et un modèle anglo-saxon. En ce qui concerne l’intelligence économique, le modèle rhénan démontre une supériorité écrasante. Regroupant des pays comme l’Allemagne, la Suède ou le Japon, il maille les acteurs et favorise la circulation de l’information stratégique. Guidés par un patriotisme économique qui ne dit pas toujours son nom, les Etats et les entreprises de ces pays savent travailler main dans la main dès lors qu’il en va de l’intérêt de puissance national. Le système ainsi mis en œuvre constitue une véritable machine de guerre économique. Citons pour exemples le réseau allemand de 6.000 sociétés de commerce ou son équivalent nippon, les sogo shosha. Fortes de plus de mille bureaux, ces sociétés de commerce recueillent en permanence des informations de base sur les produits et marchés mais aussi le contexte économique, politique et social des pays dans lesquelles elles opèrent. Mais la force du système est sa capacité de traitement au niveau du siège où de nombreux cadres et experts sont chargés d’analyser les données, de leur donner du sens et de les transmettre aux décideurs. Résultat : ce système d’intelligence économique privé rivalise avec les systèmes de renseignement économique et commercial mis en place par les Etats. Dis plus directement : la CIA est dépassée… sans compter que dans les pays du modèle rhénan, les banques jouent le jeu des entreprises nationales – notamment les PME ! – tout comme les syndicats qui savent favoriser la compétitivité de l’économie sans abdiquer leurs revendications face au patronat. Inimaginable en France ! Ce qui nous conduit au dernier échiquier, le national. Au sortir d’une guerre froide qui voit le triomphe du discours libéral se pose la question du rôle des Etats dans la compétition internationale. Il est frappant de constater que sur les quarante dernières années, le Japon et l’Allemagne sont les pays qui restent les plus fermés aux investissements étrangers mais également parmi les plus offensifs pour conquérir les marchés extérieurs. Fort d’un maillage dense entre acteurs publics et privés, ces puissances ont fait de l’information économique un levier de leur compétitivité. L’intelligence économique implique donc une culture du renseignement nationale, insiste le conférencier Et de ce point de vue, la France est très en retard. Aux Etats-Unis, le Futurologue Alvin Toffler sensibilise les élites au fait que le renseignement doit devenir l’infrastructure du savoir. Tandis qu’en France, on n’a toujours pas compris la véritable nature du renseignement, encore réduit à la réception d’un petit bout de papier dans un cabinet noir afin de connaître ce que prépare l’adversaire. Un chef avant de décider doit savoir. En France, un chef décide et après il se renseigne éventuellement pour vérifier si ce qu’il a décidé est correct. Mais si on lui démontre le contraire, il le rejette.

Pour conclure cette conférence, explique Christian Harbulot, tout le défi posé par l’intelligence économique est d’être capable d’ordonner les connaissances pour décider des actions à entreprendre, de créer une architecture cohérente afin de bien naviguer dans les différentes sources du savoir. Et si les entreprises commencent à pratiquer la veille technologique et la sécurité industrielle, elles ont encore beaucoup de difficultés à maîtriser les techniques d’influence et de lobbying. Dès lors de nouveaux métiers sont à inventer et des emplois vont apparaître. Nous sommes en 1993…

 

La Boîte à Outils de la sécurité économique

Mercredi matin 8h30 au siège du MEDEF régional. Les chefs d’entreprise commencent à arriver et à discuter autour d’un café. L’équipe de l’antenne Intelligence Economique de la Gendarmerie Nationale est au grand complet. La séance de sensibilisation à la sécurité économique va pouvoir commencer devant une trentaine de patrons de PME et une poignée d’institutionnels. Après quelques mots d’introduction du Délégué Général du MEDEF, Xavier, l’officier responsable de l’équipe de conférenciers entre dans le vif du sujet : « Désormais, les attaques contre les entreprises se multiplient et aucune n’est à l’abri, explique-t-il. Toutes les entreprises sont concernées, grandes ou petites, et toutes les activités sont visées. Sachez qu’une entreprise française sur quatre en a été victime. Bien entendu, ces attaques sont le plus souvent réalisées à distance par voie informatique, mais les moyens plus classiques ont encore de beaux jours devant eux : intrusion physique, écoutes, vols de mallettes et d’ordinateurs portables, etc. C’est pourquoi il est essentiel que vous ayez connaissance de l’ensemble des menaces existantes et des parades possibles. Tel est l’objectif de cette séance qui pourra ensuite se poursuivre par un diagnostic de sécurité économique qui peut être réalisé par nos services ou ceux de la DGSI avec qui nous travaillons main dans la main. » Le ton est donné.

Coffre

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100 missions d’intelligence économique

J’ai le plaisir de vous annoncer la sortie d’un ouvrage innovant : 100 missions d’intelligence économique (aux Editions L’Harmattan). Ce recueil a été coordonné avec Inès Elhias (nom d’emprunt) dont la véritable identité reste à deviner… Pourquoi innovant ? Dans la préface qu’elle a bien voulu rédiger à cette occasion, Claude Revel, Déléguée Interministérielle à l’Intelligence Economique note :

« L’une des richesses des 100 missions d’intelligence économique est notamment de présenter des cas pratiques dans tous les domaines de l’entreprise et en illustrant la pratique de la matière par des cas dans lesquels l’intelligence économique a permis la résolution d’une situation, l’accompagnement d’une opportunité ou le développement efficient d’une structure. Cela permet de mesurer efficacement l’utilité de cette discipline pour tous les acteurs de l’économie, quelle que soit leur taille ou leur domaine d’activité. »

Couv 100 missions IE

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De Gemplus à Gemalto : la guerre secrète continue…

« Tout gouvernement, comme tout stratège, a deux manières d’aborder l’action.
L’action ouverte connue par tout le monde et que tout le monde peut apprécier.
L’action secrète faite d’action clandestine.
Tout stratège comme tout gouvernement se doit de pratiquer les deux méthodes,
mais la deuxième voie est plus sûre et est indispensable à tout ce qui est décisif. »

Sun Tzu

 

L’information vient de faire la une du quotidien Le Monde : Les services secrets américains et britanniques ont volé les clés de chiffrement de Gemalto, le leader mondial de cartes SIM. L’affaire a été révélée par le site The Intercept à partir des documents fournis par Edward Snowden. De quoi s’agit-il ? L’entreprise française de carte à puce côtée au CAC 40 (juridiquement de droit néerlandais !)  fabrique les fameuses cartes SIM qui se trouvent dans tous les téléphones portables, permettant à l’opérateur de faire le lien entre un appareil, un numéro et toutes les données échangées (appel, SMS). La sécurité et la possibilité d’authentifier l’identité des téléphones passent par des clés de chiffrement propres à chaque carte et liés à d’autres clés détenues par l’opérateur lui-même. Cette combinaison étant très difficile à casser sans la clé, cette dernière est donc vitale pour tout service de renseignement qui intercepte des communications mais se trouve dans l’impossibilité (ou du moins la difficulté) d’en extraire le contenu facilement (il faut alors casser le code, ce qui demande d’importantes ressources informatiques). C’est pourquoi la NSA américaine et le GCHQ britannique auraient piraté Gemalto pour dérober un nombre considérable de clés de chiffrement. Outre les aspects politiques, le modus operandi est intéressant et démontre toute la pertinence des mises en garde proférées quotidiennement par les experts de la DGSI ou de la Gendarmerie Nationale : après avoir identifié les employés de Gemalto au moyens d’outils de surveillance spécifiques mais aussi des réseaux sociaux (informations dites ouvertes), la NSA et le GCHQ auraient piraté leurs boites mails et comptes Facebook afin de trouver des traces d’envois de clés de chiffrement. Le réseau interne et d’entreprise autait même pu être pénétré !

Mais, de même que Prism n’était que la suite logique d’Echelon, l’affaire Gemalto, n’est que la suite logique de l’affaire Gemplus, l’ancien nom de la société française devenue leader mondial mondial de la carte à puce avant sa fusion avec Axalto. Car il y a plus de 10 ans, l’énigme Gemplus avait révélé au grand jour une bataille secrète qui avait opposé la France aux Etats-Unis.

Alors, voici un petit rappel des faits…

Batailles Gemplus Lire la suite