Ce document présente Christian Gautellier, qui a animé la Conférence N°4 lors de la journée d’étude du 9 octobre 2014 « Enfants connectés, éduquer à l’ère numérique. Ecrans, école, famille : quels nouveaux enjeux de socialisation de l’enfant ? ».
Christian Gautellier est actuellement directeur de la Communication, des Publications et du département Enfants, Ecrans, Jeunes et Médias (CEMEA), Vice-Président du CIEME (Collectif inter associatif enfance, médias et éducation, France). Membre du Conseil d’orientation du CLEMI (Ministère de l’Education nationale, France). Expert français et européen, auprès d’institutions ou collectivités publiques et enseignant-formateur, en formation initiale universitaire et formation professionnelle continue sur les questions de communication et journalisme, de multimédia éducatif et d’éducation aux médias. Il est par ailleurs Président de l’association « Enjeux e-médias » qui a pour objectif de promouvoir l’éducation aux médias.
Institution
Les Ceméa : Mouvement d’éducation nouvelle, cette association nationale existe depuis plus de 70 ans. Avec cinq objectifs principaux :
- Garantir dans le respect de la laïcité le Droit à l’éducation pour chacun et pour tous et donc l’équité dans l’accès à l’éducation et la formation
- Définir un projet éducatif global ambitieux pour l’enfance et la jeunesse sur tous les temps et les espaces éducatifs et sociaux
- Promouvoir la coéducation
- Mobiliser avec ce projet éducatif global toutes les ressources éducatives des territoires et de l’école
- Garantir à tous les jeunes la maîtrise évaluée des éléments indispensables à l’accès et à la réussite dans les enseignements
Les Ceméa agissent dans différents domaines et travaillent autour de la mise en place de « l’éducation nouvelle ». L’association s’appuie sur des valeurs éducatives très progressistes. C’est un organisme qui est composé d’un réseau national, européen et international. Les Ceméa bénéficient de l’agrément de grands ministères comme celui de l’Education nationale.
Compte rendu de son intervention
Christian Gautellier a évoqué les nouveaux enjeux de socialisation de l’enfant. Notre intervenant a tout d’abord rappelé qu’il y a en France, trois espaces de socialisation pour l’enfant : l’école, la famille et les médias. Il parle de « coacteurs » en incluant les pouvoirs publics. Il y a une nécessité de coordination entre les différents agents de socialisation, des convergences doivent apparaître. Il a ensuite évoqué la démultiplication des écrans personnels dans les ménages chiffres à l’appui : 63 % des enfants et jeunes adultes possèdent plusieurs écrans. Il a été question de la « génération youtuber » qui concerne 9 adolescents sur 10. Les acteurs doivent se poser les questions fondamentales de l’éducation. Le problème est qu’on assiste aujourd’hui à une saturation du temps social des enfants. Il faut leur apprendre à être déconnecté. Des bonnes postures éducatives doivent s’installer au sein de la famille. 50% des parents ne posent pas de limites quant à la durée d’utilisation des nouveaux médias. A terme, il faudrait que les parents soient capables d’encadrer correctement la pratique de leurs enfants, d’où la nécessité de la mise en place d’un certain nombre d’outils, comme par exemple les applications qui permettent de bloquer l’accès aux applications des tablettes.
Christian Gautellier remarque également une attente de repères en termes d’éducation numérique, concernant principalement des classes populaires. Sur l’usage des jeunes sur internet, il faut selon lui apprendre à connaitre et comprendre le comportement du jeune. Il ne faut pas laisser l’enfant seul face à un monde si grand qu’il ne connait pas. Les parents doivent l’accompagner afin de lui inculquer les bons usages. Il y a un travail de « décodage » à faire pour l’enfant des parents, pour reprendre le terme utilisé par Christian Gautellier.
Il faut un travail de coéducation entre espace scolaire et non scolaire car d’après lui, la pratique des nouveaux médias par les jeunes est détachée du cadre éducatif scolaire. Il a évoqué le phénomène de « continuum éducatif ».
Christian Gautellier fait ressortir trois possibilités concernant l’usage des médias par l’enfant :
- Faire ensemble/partager
- Inciter ou faire découvrir
- Interdire
Il a fait référence à la précédente intervention de Julien Villedieu en parlant des signalétiques par âge (ex : les normes PEGI dans les jeux vidéos) qui peuvent servir de point d’appui.
Le président de l’association « Enjeux e-médias » a clairement présenté ses recommandations :
– Avant 3 ans : pas d’écrans car cela est préférable pour le développement de l’enfant, afin de lui permettre de pouvoir se développer correctement sans accéder aux médias.
– Avant 8 ans : usages familiaux et encadrement normatif, dans une mesure “d’apprentissage” des médias, soutenu par les parents et l’école mais ne pas les laisser seuls face aux divers médias.
– 10-11 ans : début d’autonomie en laissant l’enfant seul de temps à autre tout en ayant tout de même un regard sur sa pratique.
– 12-13 ans : « culture de la chambre ».
– 15 ans et + : statut privatif. A partir de cet âge, le jeune adulte a appris à utiliser correctement les médias.
Il ressort de ses recommandations, le besoin d’implanter progressivement les écrans au fil des âges avec des règles bien définies.
Le « co » : il faut savoir articuler protection et éducation. Il ne faut surtout pas opposer protection des enfants (restrictions) et droits des enfants (aspect permissif).
Il faut impérativement bien définir les rôles et devoirs de chacun des acteurs éducatifs dans la régulation des médias.
Christian Gautellier a souligné l’importance de la responsabilité des industries médiatiques (référence à la représentante de Vivendi).
Au final, l’autorégulation des industriels (et donc des responsables marketing) n’est pas suffisante et peut même se retourner contre l’usager. Il faut donc aller au-delà de l’autorégulation et donc vers une « corégulation » qui inclut les pouvoirs publics, les industries ainsi que la société civile dans son ensemble.
Notre question
Faut-il instaurer un temps moyen de “consommation” des médias chez les enfants ?
Notre enrichissement personnel
L’intervention de Christian Gautellier a été l’un de points forts de la journée car il a clairement évoqué le rôle crucial des acteurs éducatifs dans la socialisation des enfants en lien avec les écrans. Au cours de l’après-midi, il est revenu sur chacune des interventions pour préciser des points qui ont pu paraitre confus.
Christian Gautellier nous a permis de bien différencier les espaces de socialisation de l’enfant.
Ainsi, Monsieur Gautellier a su expliquer avec des chiffres concrets l’importance de ne pas laisser l’enfant en autonomie face aux différents supports médiatiques tels qu’internet sur les différentes surfaces (tablettes, smartphone, PC…)
Et très vite, nous nous sommes rendu compte qu’une notion se répétait assez souvent, « Le coacteur ». Cette notion définit les différents agents de socialisations, annonceurs et médias devant tenir compte de la responsabilité du développement de l’enfant avec la corégulation et l’autorégulation.
Il était intéressant de voir que Christian Gautellier a su faire des relations avec les précédents intervenants comme la référence à la présentation de la présidente de Vivendi sur la responsabilité médiatique de l’organisation. Ce type de remarque a donné une dynamique intéressante au sujet.
Compte rendu rédigé par Jérémy Elias, Marvin Menou, Mathieu Rose, Lu Yua, étudiants en M1 Marketing Plurimédia et Consommation.