On connaît François Jakobiak comme l’un des grands professionnels de l’intelligence économique française, comme l’auteur d’ouvrages méthodologiques et de terrain que tous les étudiants ont lus, comme conférencier, comme consultant. Je le connais aussi pour avoir été l’un des membres de mon jury de thèse, un membre qui m’a fait du bien au moral par les propos très enthousiastes que lui avait suggérés ma thèse. Qu’un homme de terrain de son niveau trouve que le travail d’un doctorant ouvrait une nouvelle voie pour l’intelligence économique à côté des travaux des professionnels et des militaires, c’était un beau compliment dont, dix-sept ans plus tard, je me souviens encore.
Avec son nouveau roman Incertain Stanislas, François Jakobiak nous présente encore une autre facette de ses talents. Il se fait plaisir à tricoter une histoire à la frontière entre intelligence économique et espionnage, entre pure fiction et mise en scène de lui-même, sans que jamais le lecteur sache bien s’il y a une part d’autobiographie ou pas dans l’histoire.
Stanislas, professionnel de l’intelligence économique retraité sans l’être, marié à l’une de ses anciennes étudiantes séduite par son charisme, joue un jeu complexe et dangereux dont il n’est pas sûr qu’il soit le maître, si talentueux soit-il. Veille, réseaux, collusion, éthique, coups tordus, policiers aux aguets, avocat malin : tous les ingrédients sont réunis. Et si François Jakobiak n’a pas la plume des romanciers de métier, son intrigue se suit avec curiosité et l’on s’attache à son personnage central.
Un ouvrage à lire au premier degré pour le plaisir et à reprendre pour une lecture au second degré afin d’en extraire les leçons d’un maître de l’intelligence économique.