Le 25/04/1953, deux jeunes chercheurs – le Britannique Francis Crick et l’Américain James Watson – publiaient dans la revue Nature un article d’une seule page, « A structure for deoxyribose nucleic acid » [consulté le 03/05/2013], dans lequel ils révélaient leur découverte de la structure en double hélice de l’ADN. Ces travaux vaudront aux deux hommes, ainsi qu’au physicien Maurice Wilkins, le prix Nobel de médecine 1962. James Watson racontera l’histoire de cette découverte dans un ouvrage fameux, La double hélice, en 1968. Dans ce livre devenu un best-seller, le chercheur dresse un portrait peu amène de la collègue de Wilkins au King’s College de Londres, Rosalind Franklin. Le rôle de celle-ci s’avéra pourtant fondamental pour les travaux de Watson et Crick, puisque ce furent les clichés qu’elle réalisa via la technique de diffraction des rayons X qui, transmis à son insu aux deux chercheurs (officiant eux à Cambridge), leur permirent de franchir l’étape décisive dans la compréhension de la structure de l’ADN.
L’importance de Rosalind Franklin dans l’élucidation de la structure hélicoïdale de l’ADN a très longtemps été mésestimée, voire passée sous silence, en partie du fait de la vision tronquée qu’en donne Watson dans son ouvrage, en partie aussi du fait de son décès précoce d’un cancer à l’âge de 37 ans. Le livre de Brenda Maddox, Rosalind Franklin, la Dark lady de l’ADN, s’emploie à définitivement redonner à la chercheuse sa place dans l’histoire des sciences. Outre le rôle clé de ses clichés (notamment la fameuse photographie n°51) dans la découverte de la structure de l’ADN (qu’elle semblait sur le point de faire par elle-même), on doit à Rosalind Franklin des travaux qui font autorité en matière de radiocristallographie, dans l’analyse de la structure du charbon ou du virus de la polio. Le livre de Brenda Maddox, initialement paru en 2002 mais seulement publié en France l’an dernier, dresse le portrait d’une grande scientifique, mais aussi celui d’une femme active, indépendante, en butte aux préjugés sociaux et sexistes de son époque au fil de sa carrière.
Pour en savoir plus sur la vie et les travaux de Rosalind Franklin, on conseillera de se reporter aux Rosalind Franklin papers, corpus numérisé de ses principales publications et notes de recherche réalisé par la National Library of Medicine dans le cadre du projet « Profiles in Science » [consulté le 03/05/2013]. On mentionnera également la notice nécrologique réalisée par John Desmond Bernal, « Dr. Rosalind Franklin », publiée dans Nature, vol. 182, 19/07/1958, p. 154.
Pour une vue plus précise des travaux de Rosalind Franklin sur l’ADN, on pourra se reporter aux documents suivants :
- Aaron Klug, « Rosalind Franklin and the discovery of the structure of DNA », Nature, vol. 219, 24/08/1968, pp. 808-844 (DOI : 10.1038/219808a0)
- Brenda Maddox, « The double helix and the wronged heroine », Nature, vol. 421, 23/01/2003, pp. 407-408 (DOI : 10.1038/nature01399)
- Lynne Osman Elkin, « Rosalind Franklin and the double helix », Physics today, vol. 56, n°3, mars 2003, pp. 42-49, http://dx.doi.org/10.1063/1.1570771
- Secret of photo 51, Nova, contenu interactif réalisé par PBS Online, avril 2003 [consulté le 06/05/2013]
- Aaron Klug, « Rosalind Franklin and the discovery of DNA », in Web of Stories, entretien vidéo réalisé en juillet 2005 et mis en ligne le 24/01/2008 [consulté le 06/05/2013]
- « Rosalind Franklin, dépossédée de l’ADN » in La marche des sciences, par Aurélie Luneau, France culture, émission du 03/01/2013 [consulté le 06/05/2013]