Du 3 au 31 janvier 2017, dans le hall de la BU Lettres, le livre du mois du Fonds ancien est consacré aux Scènes de la vie privée et publique des animaux du caricaturiste Grandville (1803-1847).

Scènes de la vie publique et privée des animaux,
Vignettes par Grandville. Etudes de mœurs contemporaines publiées sous la direction de M. P.-J. Stahl
Paris : J. Hetzel et Paulin, 1842. (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, M 9358)
L’auteur
Né à Nancy en 1803, Grandville commence sa carrière comme apprenti miniaturiste dans l’atelier de son père, puis dans celui d’un miniaturiste parisien. En 1829, il connaît le succès grâce aux Métamorphoses du jour et se tourne vers la caricature animale dont il fera sa spécialité jusqu’à la fin de sa vie. En 1830, Grandville commence à travailler pour la presse satirique en publiant dans différents journaux comme La Silhouette, La Caricature ou le Charivari. En 1835, il abandonne la caricature politique en raison de la censure imposée aux journaux d’opposition. Il entame alors une carrière d’illustrateur de livres où la satire sociale et l’opposition politique demeurent cependant fortement présentes comme en témoignent les Scènes de la vie publique et privée des animaux (1842). D’avril 1846 à janvier 1847, Granville s’associe à l’écrivain Taxile Delord et fait paraître en plusieurs livraisons Les fleurs animées. Peu de temps après, Grandville accablé par la perte de ses trois enfants et de sa première femme, décède à l’âge de 44 ans.
L’œuvre
Le titre de l’ouvrage renvoie directement à l’œuvre La Comédie Humaine de l’écrivain Honoré de Balzac qui fait partie du collectif d’auteurs réuni par l’éditeur Pierre-Jules Hetzel (1814-1866).
Les auteurs ayant participé à la Vie publique et privée des animaux sont entre autres : Honoré de Balzac, Gustave Droz, Alfred de Musset, Charles Nodier, George Sand et P.-J. Stahl (nom de plume de Hetzel).
Balzac a ainsi rédigé cinq textes dont les plus célèbres sont Peines de cœur d’une chatte anglaise et Voyages d’un lion d’Afrique à Paris. Ce même Balzac qui parle, peu après la sortie du livre, de “ces ouvrages stupides comme la Vie privée des animaux qui se vendent à vingt cinq mille exemplaires à cause des vignettes”.

Scènes de la vie publique et privée des animaux,
Vignettes par Grandville. Etudes de mœurs contemporaines publiées sous la direction de M. P.-J. Stahl
Paris : J. Hetzel et Paulin, 1842. (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, M 9358)

Scènes de la vie publique et privée des animaux,
Vignettes par Grandville. Etudes de mœurs contemporaines publiées sous la direction de M. P.-J. Stahl
Paris : J. Hetzel et Paulin, 1842. (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, M 9358)
Dans cet ouvrage, il s’agit de dresser un portrait critique de la société de l’époque en plusieurs tableaux. Grandville doit alors fournir par mois cinq scènes et cinq types avec les lettres ornées et les culs-de-lampe. Au milieu de ces portraits satiriques, on remarquera que Grandville n’hésite pas à se mettre en scène puisqu’il se représente volontiers en porc-épic, le dos hérissé de portes-mines comme en témoigne cet « Autoportrait en porc-épic » dans le tome 2 des Scènes de la vie privée des animaux.

Scènes de la vie publique et privée des animaux,
Vignettes par Grandville. Etudes de mœurs contemporaines publiées sous la direction de M. P.-J. Stahl
Paris : J. Hetzel et Paulin, 1842. (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, M 9358)
L’engagement de l’illustrateur dans cette œuvre est totale puisqu’il signe une convention comportant une clause d’exclusivité avec l’éditeur Hetzel.
La correspondance entre l’éditeur et l’illustrateur, conservée au Département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale de France, témoigne des différents dispositifs éditoriaux exigeants auxquels doit se soumettre Grandville pour que ses vignettes d’hommes-animaux collent aux textes des différents écrivains.
Postérité et influence
Grandville a réussi le tour de force de toucher un large public.
Les philosophes et les naturalistes trouvent leur compte dans ces caricatures “de ménagerie humaine si curieuse” comme l’écrit si bien Hetzel et, à l’instar des Fables de La Fontaine, les petits et grands enfants se régalent des récits sous forme de morale où les animaux prennent vie grâce aux dessins. Hetzel, qui écrit encore dans l’avant-propos “notre pensée en publiant ce livre a été d’ajouter la parole aux merveilleux animaux de Grandville”.