Du 4 au 30 décembre 2017, dans le hall de la BU Lettres, le livre du mois du Fonds ancien est consacré à l’Histoire des jouets du bibliothécaire et historien français Henry-René d’Allemagne (1863-1950).

L’auteur

Conservateur à la bibliothèque de l’Arsenal (Paris), érudit et collectionneur, Henry-René d’Allemagne (1863-1950) s’est passionné toute sa vie pour les arts décoratifs.

Intéressé par l’histoire de la serrurerie, qu’il aborde dans le cadre de sa thèse d’École des Chartes, Henry-René d’Allemagne intègre comme apprenti de 1885 à 1890 l’atelier d’un des plus célèbres serruriers d’art de son époque, Pierre Boulenger, connu pour la réalisation des ferrures de la porte centrale de Notre-Dame de Paris.

L’étude des plus remarquables productions des serruriers actifs du XVIe au XVIIIe siècle suscite chez Henry-René d’Allemagne un profond engouement pour la reconstitution de la vie quotidienne de cette époque à travers l’étude des objets utilitaires. Ses recherches s’orientent vers le domaine du luminaire (il est d’ailleurs responsable du secteur de la serrurerie ancienne et du luminaire à l’Exposition universelle de Paris en 1900) puis vers l’univers des jeux et des jouets, comme en témoigne son Histoire des jouets publiée en 1902. Il développe aussi une prédilection particulière pour les jeux de cartes et publie en 1906 un ouvrage richement illustré, Les cartes à jouer du XIVe au XXe siècle.

En 1928, dans les Accessoires du costume et du mobilier, les planches des trois volumes reproduisent une grande quantité d’œuvres d’art issues de sa collection personnelle. Son hôtel parisien, rue des Mathurins, est le reflet d’une vie de passions et de voyages, notamment en Perse. Son goût de l’exotisme le pousse même à faire bâtir un vivarium destiné à abriter un crocodile reçu en cadeau lors d’un voyage en Louisiane.

Cet esprit vif et curieux, Henry-René d’Allemagne le conserve jusqu’à sa mort en 1950.

L’œuvre

L’Histoire des jouets, publiée en 1902, propose un large survol de l’Antiquité jusqu’à l’industrialisation du jouet, à travers de nombreuses reproductions tirées d’un catalogue d’un fabricant de jouets travaillant sous le Ier empire.

Il s’agit de celui du collectionneur Arthur Maury (1844-1907), grand philatéliste et vice-président de la Société des amateurs de jeux et jouets anciens.

Henry-René d’Allemagne donne une description de ce catalogue :

Cet album, qui date des premières années de l’Empire, devait servir de référence à quelque commissionnaire en marchandises et faire partie d’une série de recueils où toutes les branches de l’industrie parisienne se trouvent représentées. Il est composé de cinquante feuillets doubles qui donnent des modèles coloriés exécutés en grandeur naturelle de toutes les poupées, de leurs meubles ainsi que des ménages à leur service ; en outre, on y rencontre la représentation d’animaux en carton moulé, garnis de leur musique à soufflet ou d’un mécanisme ingénieux permettant de les faire mouvoir. Les soldats étrangers, et particulièrement les Allemands, sont abondamment représentés dans ce recueil, on y voit défiler tous les uniformes du commencement du dix-neuvième siècle…

L’ouvrage se compose de 250 illustrations dans le texte et 100 gravures hors texte, dont 50 planches peintes à l’aquarelle. Six grands chapitres permettent de proposer une compilation et une histoire des jouets, tout en décrivant minutieusement chacun d’entre eux. Les chapitres se suivent ainsi : Les jouets de la première enfance ; Chevaux, voitures et jouets à bon marché ; Les poupées, leurs meubles et leurs ustensiles ; Jouets militaires ; Jouets mécaniques ; Jouets et instruments de physique amusante.

 

 

 

 

 

 

 

 

Tour à tour historien, pédagogue et sociologue, Henry-René d’Allemagne établit au fil des pages la différence entre le jouet et le jeu, expliquant ainsi que « le premier est plus particulièrement destiné à divertir l’enfant, tandis que le second peut servir à son instruction et à son développement physique ».

Postérité et influence

Comme il l’écrit ultérieurement dans Récréations et passe-temps, publié en 1905, Henry-René d’Allemagne n’a de cesse d’insister sur l’importance des jeux dans le développement de l’enfant en affirmant que « la part du temps que l’on abandonne aux récréations est loin d’être perdue pour le travail car […] parmi les plus grandes inventions, plusieurs ont été tout d’abord expérimentées par de jeunes garçons dans leurs amusements ».

Il est certainement l’un des rares collectionneurs, à l’instar du journaliste et critique littéraire Léo Claretie qui publie en 1893 Les jouets : histoire et fabrication, à avoir mis en avant un objet qui ne suscite bien souvent qu’une simple nostalgie à l’âge adulte. Infatigable voyageur, touche-à-tout, Henry-René d’Allemagne n’a jamais oublié son âme d’enfant.

Vous pouvez aussi consulter deux autres ouvrages de Henry-René d’Allemagne au service du Fonds ancien, Récréations et passe-temps et Les cartes à jouer du XIVe au XXe siècle dont les magnifiques reproductions de cartes en couleurs sont à découvrir.