Science politique appliquée au blocus de l’Université de Poitiers

Ca vote dur dans les AG pour savoir si :

* il faut faire un blocus total de l’Université (option notée BT),

* il faut faire un blocus partiel, en banalisant par exemple une journée par semaine pour les manifestations, et en
reprenant les cours les autres jours (option notée BP),

* arrêter le blocus totalement, et reprendre la vie normale de l’Université (option notée NB).

On peut faire les hypothèses suivantes sur les préférences des acteurs :

* les pro-blocus total : BT>BP>NB

* les pro-non-blocus : NB>BP>BT

* les pro-blocus-partiel : BP>BT ?NB. C’est la catégorie qui pose problème : en l’absence de blocus
partiel, qu’ils préfèrent, opteraient-ils pour le blocus total ou le non blocus ? On n’en sait rien…

Interrogeons-nous maintenant sur les modalités du vote, en supposant que chaque catégorie rassemble 1/3 des
votants.

On fait voter d’abord BT contre BP : BP gagne à 2 contre 1. On fait ensuite voter le vainqueur contre le troisième,
soit BP contre NB : BP gagne à 2 contre 1.

On fait voter d’abord BP contre NB : BP gagne à 2 contre 1. On fait ensuite voter le vainqueur contre le troisième,
soit BP contre BT : BP gagne à 2 contre 1.

Cas le plus difficile, on fait voter d’abord BT contre NB : 1 contre 1 plus une indétermination, selon que l’on
suppose que les pro-blocus partiel préfèrent en second choix BT ou NB.

Supposons qu’ils préfèrent BT, BT gagne au premier tour, ils choisissent ensuite entre BT et BP, BP gagne à 2 contre
1
.

Supposons qu’ils préfèrent NB, NB gagne au premier tour, ils choisissent ensuite entre NB et BP, BP gagne à 2 contre
1
.

Conclusion : BP gagne à tous les
coups !!!

Les leaders du blocus total, à la tête de la coordination étudiante, pressentent cela. Ils sont au courant, par exemple,
que les anti-décrets mais pro-reprise des cours, bref, des gens plutôt pour un blocage partiel, sont de plus en plus nombreux. Ils ont donc plutôt intérêt à anticiper sur les modalités du
vote.

Une solution possible, sauf erreur celle généralement retenue dans les AG précédentes, consiste à faire se prononcer les
gens d’abord sur blocus/non blocus, ensuite sur blocus partiel/blocus total. Sauf que s’ils organisent les choses comme cela, ils perdent à tous les coups (au profit du blocage partiel, je vous
laisse vérifier).

Quelle alternative ? Faire voter en une fois sur les trois motions, en espérant que la motion « blocus
total » devancera légèrement les deux autres.

PS : les étudiants réunis en AG ont procédé au vote direct entre trois motions : blocus total, blocus
partiel et non blocus. 39% ont voté pour le blocus total, 24% pour le blocus partiel, 36% pour l’absence de blocus. La coordination étudiante a donc conclu que le blocus total était
reconduit.

8 commentaires sur “Science politique appliquée au blocus de l’Université de Poitiers

  1. oui, moi,  je traduis ça ainsi :on est actuellement en blocus, il n’est voté qu’à 40%… il est donc rejeté à 60%…la coordination interprète ça dans l’autre sens…. normal, ils ne vont pas se saborder… n’empêche qu’une majorité d’étudiants ne les suit pas (ou plus, c’est comme on veut)

  2. @Bertaga : et oui bien vu la “coordination”, il suffit de poser  trois questions pour obtenir des réponses validant …. que 39% des votants expriment  la majorité … ce n’est pas acceptable quelle que soit la “motion victorieuse”. 

  3. @FL : votre traduction est subjective, quel est votre justification pour fusionner NB et BP en NB ? Même s’il y a fort à parier qu’une majorité des BP soient sympathisants NB, on ne connaît pas cette proportion, ça revient à tirer des plans sur la comète, comme lorsque l’on tentait de déterminer le vote des Bayrouistes au second tour des présidentielles de 2007.De toutes façons, le problème n’est pas là, la coordination aurait dû dès le début monter des ateliers-débats à grande échelle pour trouver le moyen de trouver de nouvelles façons de manifester. Le blocus total échauffe les esprits, et le blocus partiel sera détourné de son objectif initial…

  4. VOus n’y êtes pas, Fontaine : dans de nombreuses facultés, le principal employeur en sortie d’études est le service public : en bloquant l’université, les étudiants permettent aux fonctionnaires des universités d’être de fait grévistes sans pour autant devoir se déclarer et donc, de continuer à toucher leur salaire.Et puisqu’il est important dans la fonction publique pour parvenir à se faire embaucher à un certain niveau de démontrer qu’on servira ses aînés, nous avons simplement affaire à une jeune génération de futurs décideurs publics qui font leurs classes.

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