Qui a dit (#3) ? Fin du Jeu !



Bon, le jeu s’est terminé très vite, puisque je crois qu’en moins de 10 minutes, Camille a donné la bonne réponse : Jack Lang. Je soupçonne Camille d’être soit abonné(e) au Nouvel Obs, soit d’écrire les discours de Jack soit, pire, de les apprendre par coeur…

Car, en effet, ces propos sont tirés d’une interview mémorable pour le Nouvel Observateur (semaine du 17-23 août, p. 32-33), celle-là même dans laquelle il explique avoir été applaudi par 50 000 personnes aux Vieilles Charrues par des gens criant "Jack Président!". Ce n’est plus Jack Lang, c’est Jeanne d’Arc (cf. ici pour quelques précisions…).

Retour sur ses propos : sur la fuite des jeunes hors de l’Hexagone, j’en avais déjà parlé , pour relativiser (euphémisme) ce genre de thèse.Sur l’impossibilité de créer son entreprise, je signale à Jack un document de l’Insee qui montre que la création d’entreprises ne se porte pas si mal que ça en France. Sur l’administration tatillonne et les banques imbéciles, là, je suis dépassé par la hauteur du propos et ne trouve rien à rétorquer. Il faudrait dire à Jack que ce n’est pas parce que son slogan est "inventons demain" (cf.son blog) qu’il est nécessaire qu’il "réinvente hier"…

12 commentaires sur “Qui a dit (#3) ? Fin du Jeu !

  1. Merci pour le papier INSEE.As-t’on des papiers de comparaison internationales sur le sujet ? J’ai lu qu’il y avait relativemen plus d’entrepreneur en France qu’ailleurs, mais je n’ai jamais trouvé de données comparatives.

  2. Je préfère ce point de vue. Il est moins électoral !
     
     
    Pierre Cahuc : "le pays où la notion de statut est au coeur des relations sociales"
    LE MONDE | 18.08.06 | 15h05  •  Mis à jour le 18.08.06 | 15h05

    l est l’un des jeunes économistes français les plus en vue. Spécialiste du marché du travail, il a été au centre du débat public avec un rapport remis fin 2004 au gouvernement, dans lequel il préconisait, avec Francis Kramarz, le passage au contrat de travail unique. Pierre Cahuc enseigne à Paris-I et à l’Ecole polytechnique, il est aussi membre du Cercle des économistes.
     

    LA FRANCE, PAYS DU STATUT
    La France est un pays enthousiasmant, mais, malgré sa richesse, elle a tendance à décrocher dans tous les classements internationaux. Quelles sont les raisons de ce décrochement ? D’un côté, il y a l’émergence d’énormes pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil. De l’autre, nous sommes marqués par certaines habitudes culturelles et nous avons beaucoup de mal à changer. Chez nous, le statut joue un rôle très important. Le système éducatif est fondé sur une sélection extrêmement serrée. Le diplôme initial assure en principe un statut qui, ensuite, conditionne dans une très large mesure la réussite professionnelle. Cette idée de statut vaut pour l’ensemble des relations sociales. On la retrouve lors du choix de l’emploi, secteur public ou secteur privé. Quand on est un fonctionnaire, le rapport au travail, au futur est différent de celui du secteur privé. Et même dans le secteur privé, la notion de statut existe : entre le contrat à durée indéterminée et le contrat à durée déterminée, il y a une énorme rupture qui n’existe pas dans les autres pays.
    Le fait que ce statut s’acquiert jeune induit beaucoup de reproduction sociale. Nous le voyons avec la difficulté d’insertion des jeunes sur le marché du travail. N’oublions pas ce que nous avons découvert avec les événements de ces derniers mois : ghettoïsation, difficulté d’insertion des jeunes, discrimination, taux de chômage important.
    J’enseigne à la fois à l’Université et dans de grandes écoles et j’ai vu le décalage au moment du mouvement contre le contrat première embauche. Dans les écoles, aucun étudiant ne faisait grève ni ne se sentait concerné. L’idée de tester les personnes ne les dérangeait pas plus que ça. En revanche, à l’Université régnait une énorme inquiétude, car les étudiants se savaient concernés.
    RESTER POUR AGIR
    Les universitaires français reçoivent une bonne formation. De ce fait, nous pouvons obtenir des revenus plus élevés dans certains pays. En même temps, lorsque l’on fait de l’économie, il est important et intéressant de participer activement à la vie collective. Je connais relativement bien les institutions françaises qui sont le cadre de mes travaux.
    En outre, j’aime ce pays, ses traditions culturelles et son art de vivre. Le salaire n’entre pas seul en ligne de compte lorsqu’on décide de rester dans le pays où l’on a grandi : l’envie de faire changer les choses, de participer au débat social.
    En France, nous sommes, certes, moins riches qu’aux Etats-Unis. Chaque Français gagne 70 % de ce que gagne un Américain, non pas qu’il soit moins productif, mais parce qu’il ne travaille que 70 % de ce que travaille un Américain.

  3. @ laurent : j\\\’ai cherché assez activement des comparaisons internationales, mais je n\\\’ai pas trouvé grand chose! dans un commentaire au billet sur le jeu, Cajou a mis un lien sur une étude de la banque mondiale sur le sujet, où la situation de la France est mitigée : délai pour créer une entreprise parmi les plus court, mais "paperasserie" plus lourde que la moyenne. Si vous trouvez d\\\’autres doc, je suis preneur ! Sur Eurostat, on trouve surtout une étude sur "l\\\’esprit d\\\’entreprise", pas sur le taux de création… Sur le site de l\\\’APCE (Agence Pour la Création d\\\’Entreprise), pas beaucoup de comparaison internationale, justeun sondage commandé à l\\\’IFOP qui montre que l\\\’envie de créer est forte en France. Bon, il doit exister des choses, je n\\\’ai pas trouvé…@ Christian : je suis plutôt d\\\’accord avec Cahuc sur le rôle trop important du diplôme initial dans la trajectoire professionnelle des individus. Je le suis moins avec ce genre d\\\’affirmation : "nous sommes marqués par certaines habitudes culturelles et nous avons beaucoup de mal à changer." Pour preuve l\\\’étude récente de Bruno Pallier (chercheur science po) analysé dans son dernier ouvrage "La France en mutation" (http://www.amazon.fr/gp/product/list/2724609727). D\\\’autre part, Cahuc est obnubilé par le lien entre nature du contrat de travail et chômage, alors que, de mon point de vue, ce n\\\’est pas le problème essentiel : le chômage est avant tout imputable à une croissance/création d\\\’emplois trop faibles. La nature du contrat de travail joue, bien sûr, mais plutôt sur la qualité des emplois occupés. Pour le dire autrement, et je crois que c\\\’est un point essentiel : il ne faut pas attendre d\\\’une réforme du droit du travail une réduction du chômage ; mais une telle réforme est importante pour que la situation des personnes en emploi s\\\’améliore. J\\\’essaierai d\\\’y revenir à l\\\’occasion, en développant un peu.

  4. "il ne faut pas attendre d\\\’une réforme du droit du travail une réduction du chômage ; mais une telle réforme est importante pour que la situation des personnes en emploi s\\\’améliore."
    Olivier, c’est ironique ou alors vous pouvez expliciter? D’habitude, on nous vend ces réformes en disant que ça fera trouver un emploi aux chômeurs, pas que ça améliorera la situation de ceux qui ont un contrat de travail, et pour cause.

  5. @ Vulgos : non, non, ce n’est pas ironique! Les réformes genre CPE/CNE sont sous-tendues par l’idée que si il y a chômage, c’est que les entreprises ne sont pas incitées à embaucher, car trop difficile de débaucher. Bref, le système d’incitation n’est pas bon. Les premiers résultats sur le CNE montrent les limites d’une telle analyse : de mémoire, près de 70% des entreprises ayant embauché en CNE auraient de toute façon embauché, et la part de ceux qui embauchent parce qu’il y a le CNE ne dépasse pas les 10%. De plus, l’explosion de l’intérim et d’autres formes de contrats aidés/précaires montre que les entreprises disposent déjà d’outils efficaces si elles veulent embaucher. Bien sur, cela pèse sur les salariés, d’où l’importance d’une évolution du rapport salarial (et de la thématique du genre sécurisation des parcours professionnels). De mon point de vue, ceux qui souffrent du chômage sont ceux qui n’ont pas les qualifications requises. En forçant le trait, on pourrait les donner aux entreprises (et leur dire qu’elles peuvent les licencier dès qu’elles veulent) qu’elles n’en voudraient pas. L’accroissement de la flexibilité du travail n’y fera rien.La bonne ligne de conduite, en termes de politique économique, serait la suivante : politique d’innovation (au sens large) pour booster la croissance et créer suffisamment d’emplois, d’une part ; réflexion sur l’évolution du rapport salarial pour que les salariés ne soient pas les seuls à supporter l’accroissement de la flexibilité.L’économie du travail est largement "dominée", aujourd’hui, par des analyses relevant de la théorie des incitations, ce qui explique une bonne part des préconisations avancées, notamment par Cahuc. Ils oublient trop souvent le lien croissance/emploi. Je développe asap dans un billet forcément mémorable!

  6. @ Laurent : sur les données Sirène, certaines doivent être disponibles sur le site de l’Insee, sans doute dans la rubrique "Alisse, données d’entreprises", d’autres en demandant auprès de l’Insee et contre rémunération je suppose. Merci pour le document Ixis !

  7. Ping : It Is, In Fact, Not All That Uncommon, And There Have Been Some Prominent Cases Reported In The Press. | Net Hustlin

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