I. La notion du patrimoine en Tunisie
La notion moderne de protection du patrimoine parait une action récente, dans les pays en Afrique du nord. La préservation des témoignages existaient avant n’a jamais porté un caractère scientifique, contenue dans le concept actuel. Certains monuments on été conservé sous l’effet de son caractère religieux qui conservent dans certains cas des souvenirs des personnages. Mais cette conservation, n’a jamais été le résultat d’une législation ou de fait d’une action politique. Elle s’est fait que par des croyances populaires ou par la tradition. Et par conséquence, elle n’a pas pris en considération de conserver le monument de son état d’origine, comme se fait la notion de préservation moderne du patrimoine.
Les origines de la notion de protection du patrimoine
La genèse de protection et de restauration des monuments et des sites, « s’accompagne de savoirs érudits, spécialisés susceptible de légitimer telle intervention, telle restauration ou telle inventaire ou de les combattre-capable aussi d’accompagner une mobilisation civique ou idéologique« [1]. Dans le cas de la Tunisie, La conscience de sauvegarde du patrimoine a été constituée, par des institutions françaises, dés le début du protectorat français. En 1882, Un premier texte (…), est destiné à protéger des vestiges de l’antiquité, qui interdit l’exportation des objets d’art et des fouilles archéologique. En 1885, le service des antiquités et des arts fut installé sous la tutelle du ministère de l’instruction publique et des beaux arts, chargé de protéger les monuments qui ont un intérêt pour l’art et l’histoire. En 1886, un deuxième décret est édicté pour compléter celui de 1882, permet de classer les biens immeubles à titre de monuments historiques et de protéger les objets d’art et d’antiquités. Jusqu’à 1912, le service des antiquités et arts ne travaille presque que pour des recherches archéologiques et ne classe que des vestiges de l’antiquité.
- Une culture de l’antique
Tout au long du XIX e siècle, en Tunisie, le rapport à l’objet antique suit la même évolution qu’en France parce que les savants français sont très présents sur le terrain tunisien. Cette conscience focalisée sur l’antiquité trouve lieu bien avant, pendant le XVIII, avec des voyageurs européens, hors de leur visite du pays. Les premiers voyages n’étaient pas pour de rendre des ruines de l’antiquité mais il ne manque pas pourtant des récits de ses vestiges. Néanmoins, il faut attendre le début de XIXe siècle, pour que les européens se rendent en Tunisie, dont le but de découvrir des monuments de l’antiquité. Cette passion va jouer un rôle déterminant à la construction d’une conscience patrimoniale, pas seulement chez les européens, mais aussi dans l’élite tunisienne elle-même. Le développement de la pratique de la collection ne se limite pas à des européens, mais elle s’organise aussi par des chercheurs étrangers qui habitent autres que la France.
Dés l’instauration du protectorat en 1881, le ministère de l’instruction publique envoie des savants, pour mettre en place une administration chargée de sauvegarder le patrimoine en Tunisie. René du Coudray la Blanchère (1853-1896), membre de l’école français de Rome et professeur à l’école normale supérieur d’Alger, crée le service des antiquités et des arts, dont il applique des méthodologies de l’archéologie porté par l’Académie des inscriptions.
- De l’archéologie antique, à la mise en place de l’architecture islamique
C’est seulement en 1912, que l’architecture islamique de Tunisie entre officiellement au rang des monuments historiques. « Le 13 mars 1912, sont ainsi classées, les mosquées les plus anciennes de la Medina de Tunis (La grande mosquée, celle de Sidi Youssef, celle de Hamouda Pacha, etc), des zaouias (Sidi Abdel-kader, de sisdi Gasem El-Jelizi…)et des tourbets(un mausolée) (parmi les quelles « tourbet el bey, Laz, Doulatli etc)[2].Ce développement du pratique du sauvegarde de l’architecture islamique, fait l’objet d’étude de plusieurs architectes français. L’architecte Henri Saladin, est parmi ceux qui ont pris l’initiative à mettre en valeur ce type d’architecture. Nommé membre de la commission de l’Afrique du nord au ministère de l’instruction publique en 1889, il a tenté de créer un service de conservation des monuments arabes ou religieux. Mais ce projet reste sans suite et la restauration des monuments musulmans sera quelques mois après, prise en charge par les services des antiquités et des arts [3]. Cependant, 58 monuments de la Medina de Tunis ont été classés dont 39 édifices religieux, quelques palais et édifices militaire…[4]
Avec les décrets de 3 mars 1920 et du 31 septembre 1921, l’intervention de l’état se limite qu’au classement et ne prévoie pas des subventions de restauration au profit des propriétaires de biens privés. En effet, il ne fait pas une obligation absolue, pour l’état d’exproprier un terrain ou un monument qui est jugé d’être classé. Ce qui n’est pas le cas avec la loi française du 30 mars 1887 qui prévoit l’acquisition par l’état pour cause de d’utilité publique d’un monument historique classé. Déjà, parmi les 58 monuments classés à Tunis, les 39 édifices religieux étaient entretenus par la fondation des Habous qui avait la charge des principaux monuments.
L’absence de la politique patrimoniale avec la jeune république (1956-1980)
Dans les vingt cinq ans suivant l’indépendance, il n’y avait presque pas recours aux classements des monuments historiques. A l’exception du Ribat de Monastir, entre 1956 et 1985, aucun monument n’a été classé. En effet, le Ribat classé, en 1956, est situé dans ville de naissance du président à cette époque, Habib Bourguiba. A partir de 1957, la république tunisienne a bien pensé à réorganiser les institutions patrimoniales françaises héritées de la période du protectorat. Le service des antiquités et arts a été transformés à l’institut national d’archéologie et d’art (INAA), conçu comme « un établissement publique doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière, chargé d’effectuer tous travaux d’études et de recherches relevant du domaine de l’archéologie et d’art« . Il avait la charge d’effectuer des recherches archéologiques, des inventaires, et à s’intéresser à la mise en valeur du patrimoine « des arts et des traditions populaires ».
D’une manière générale, on constate une absence législative de la gestion du patrimoine. Cette position secondaire vise à vis le patrimoine peut s’expliquer par la mise à distance volontaire des chercheurs tunisiens de la mémoire construite par le colonisateur. Il pourrait s’expliquer aussi aux regards de la république tunisienne qui cherche à s’imposer à partir des objectifs économiques et donc faire du patrimoine, un rôle secondaire dans la politique tunisienne. « Si entre 1956 et 1985, l’état tunisienne ne promulgua aucun texte de classement de monuments ou de sites, dés les années 1970, la confluence de plusieurs paramètres allait provoquer un frémissement dans le domaine patrimonial qui aboutit à la publication de plusieurs décrets d’importance ».[5]
Une réforme du patrimoine et investissement politique à partir des années 1980
A partir 1981, une réorganisation administratif a été mise en place à la sauvegarde du patrimoine en Tunisie. En 1981, la création des premiers textes législatifs révélateurs d’u changement d’orientation dans l’approche du patrimoine, a donné naissance à la création des nouvelles institutions dont le but de résoudre le blocage juridique et de repenser le rapport de l’état au patrimoine tunisien. Ce mouvement de réforme, va se continuer au cours de la décennie suivante et toucha l’organisation des institutions et de la législation patrimoniale. En 1988, l’agence nationale de la mise en valeur et d’exploitation du patrimoine archéologique et historique (AMVP) a été crée, sous la tutelle de la ministère des affaires culturelles.
Toutefois, en 1988, l’INAA fut transformé à l’institut national du patrimoine, ajoutant à son champ d’action le classement de l’ensemble de documentation écrite et audio visuelle, aussi de l’étude des créations contemporaines. Le dernier reforme mis en place par l’état, est le changement de la dénomination de l’agence national de mise en valeur et d’exploitation du patrimoine archéologique et historique en agence de mise en valeur de patrimoine e du promotion culturelle.
Autres organismes internationales s’ajoutent, à remonter la sauvegarde du patrimoine monumental en Tunisie, l’UNISCO, la banque mondiale, le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), aux fins d’un tourisme culturel. L’exploitation du patrimoine comme un élément secondaire, va commencer à s’établir comme une politique assez essentiel à la progression du pays.
II. Étude comparée de l’histoire du patrimoine en Algérie
A titre de comparaison, en Algérie, l’étude de la conservation du patrimoine antique a commencé dans les cinquante premières années de la colonisation. Toutefois, il n’y a pas d’administration officielle pour prendre en charge les monuments de l’antiquité. Les initiatives mises en placé, étaient dirigés soit par la ministère de la guerre, soit par des sociétés savantes, comme la société archéologique de Constantine ou la société historique algérienne. Il faut attendre 1880, pour que les institutions françaises soient officiellement chargées de la protection du patrimoine, avec la création du service des monuments historiques, dirigé par Edmond Duthoit, et qui donne importance autant à la conservation des vestiges antiques qu’à l’architecture islamique. Contrairement à la Tunisie qui se rende compte tard, à la conservation patrimoniale de l’architecture islamique.
[1] DAOULATI Abdelaziz, « La protection des monuments et des sites sous le protectorat et après l’indépendance », bulletin des travaux de l’institut national d’archéologie et d’art, n1, avril 1988, p. 123
[2] VOLAIT Mercedes et OULEBSIR Nabila (dir.), L’orientalisme architectural, entre imaginaires et savoirs, Paris, Picard, 2009, p 160.
[3]Ibid., p. 213-215.
[4]DAOULATI Abdelaziz, « La protection des monuments et des sites sous le protectorat et après l’indépendance », op. cit,. p. 127.
[5] BACHA Myriam, « La construction patrimoniale tunisienne à travers la législation et le journal officiel, 1881-2003: de la complexité des rapports entre le politique et le scientifique », La fabrication de la mémoire: variations maghrébines, 2008, p. 99-122
[6] Ibid., p 99-122.