Falstaff Strikes Back!

L’illustrateur Edouard Lekston s’intéresse à Shakespeare depuis longtemps. Après plusieurs travaux graphiques consacrés à Hamlet, Lear, Macbeth, Richard II et Richard III, le voici qui s’attaque à Henry IV, c’est-à-dire à un morceau de choix: Falstaff. Enrobé à souhait et malicieux comme jamais, le célèbre chevalier  se relève une fois encore du champ de bataille de Shrewsbury, pour notre plus grand plaisir. Mise en bouche de cette création originale toujours en cours de réalisation et intitulée « Harry & Jack »: brouillons, esquisses, dessins préparatoires (2011).

I. L’ARMURE DE FALSTAFF: ARCIMBOLDO REVISITE

Edouard Lekston:

« L’armure de Falstaff est une fantaisie inspirée par le texte mais qui m’est propre. C’est en rapport avec l’annonce de la bataille contre Hotspur et les rebelles: j’ai imaginé que, suite à la scène 3 de l’acte III, Oldcastle/Falstaff s’aperçoit qu’il n’a pas ou plus d’armure digne d’un chevalier.

Connaissant le personnage, on peut s’imaginer qu’il l’a mise en jeu aux dés ou au cartes lors d’une nuit trop arrosée, ou encore qu’il a dû la vendre au premier venu pour une modique somme, afin de couvrir une dette ou de satisfaire un vice coûteux. Il aurait donc subtilisé des ustensiles de cuisine de Madame Vitement l’hôtesse et aurait demandé à un mauvais forgeron de lui assembler l’ensemble pour en faire une armure. Tout cela donne une double page qui présente, d’une part, les ustensiles de cuisine qui constituent cette étrange armure et, d’autre part, cette armure portée par le personnage. Entre les 2 pages, les nomenclatures sont inversées: les ustensiles de cuisines ont les noms de pièces d’armure et les pièces d’armures ont celles des ustensiles de cuisines.

Cette double-page rappelle, plus encore, la perte du titre de noblesse de Falstaff. »

II. LA RUSE DE RENARD A LA BATAILLE DE SHREWSBURY

Henri IV, Part 1 (Acte IV, scène 4): « Copyright Oldcastle ». Après la bataille de Shrewsbury, Falstaff fait le mort et disserte sur celle-ci comme une falsification de la vie, et compare ainsi les morts à des contrefaçons.

« Il y a la joie de tromper la « mort », et le rire de la tromperie. On se redresse, on a trompé la routine, la logique raisonnable, la « loi »; on a trompé tous ceux qui nous croyaient perdus; et nous-mêmes qui étions dans cette croyance – d’être mangés par le conformisme, le fonctionnement, épuisés par la répétition… On a trompé notre « perte », sans être dupe.  » (Daniel Sibony, Les sens du rire et de l’humour)

III. LES BOTTES DE SEPT LIEUES

Edouard Lekston:

« Ici (Acte IV, scène 2), encore un des énormes mensonges de Falstaff au Prince Jean qui l’attend pour la seconde bataille de la pièce: Falstaff raconte au prince qu’il a parcouru, en courant pour ne pas être en retard, 180 lieux, autrement dit qu’il aurait fait presque 3000 km !

Dans cette situation, et vu la distance, Falstaff est alors montré comme un géant, comme un pseudo-Gargantua. »

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