Un président de la République, ça préside la République.
Dit comme ça, ça paraît une évidence. Mais si on y réfléchit un peu, on se rend compte que ce n’est pas aussi simple. On ne parle pas du président de n’importe quoi, mais de celui qui préside à la fois une entité, une organisation et à une valeur considérées comme suprêmes au service desquelles il se met. D’ailleurs l’orthographe le montre : président s’écrit avec une minuscule, mais République avec une majuscule. Ce n’est pas tant le président qui est important que la République. Qui se comporterait comme le Président d’une institution qui serait par accident une république et ne songerait qu’à son pouvoir, serait en grand danger de ne pas être élu ou réélu.
Présider la République implique aussi d’adhérer à ses valeurs non seulement en apparence, mais également en pensée et en acte. Qui serait intolérant plutôt que tolérant, sourd plutôt qu’à l’écoute, enfermé dans ses certitudes plutôt qu’ouvert à la société, diviseur plutôt que rassembleur, serait en grand danger de ne pas être élu ou réélu.
Un président de la République, c’est aussi le chef de l’Etat.
La même remarque orthographique peut être faite, mais je passe car il y a plus à dire. Un président de la République doit avoir le sens de l’Etat, donc une vision à long terme qui lui fait repérer les intérêts essentiels du pays et lui fait éviter autant que faire se peut les petites manœuvres d’avantage immédiat, personnel ou clanique, supposé ou réel. Il sait qu’il n’est qu’un rouage du moment présent au sein d’un Etat qui l’a précédé et qui lui survivra. C’est-à-dire qu’il sait qu’il existe une continuité, ce qui implique qu’il a conscience de ce qu’est l’histoire. Qui ne saurait vivre que dans l’instant présent, serait en grand danger de ne pas être élu ou réélu.
Un président de la République, c’est encore un représentant de la Nation.
La grammaire va encore servir ; peut-être faudrait-il songer à la réhabiliter après l’avoir tant négligée : un représentant et non pas le représentant. Il partage cette fonction avec d’autres : le parlement en ses deux chambres et le peuple lorsqu’il s’exprime directement. Il y a donc un équilibre à respecter entre ces différentes représentations. Même si la V° République l’organise très mal, elle affecte cependant un rôle particulier au président ; c’est un arbitre. Il est vrai que ce qui est écrit sur le papier ne correspond plus à la réalité puisque le président est devenu un monarque républicain, en ce sens qu’il dispose en fait de l’essentiel du pouvoir dans le cadre de la République. Il n’en reste pas moins que la pluralité de la représentation subsiste. Qui oublierait cette pluralité, serait en grand danger de ne pas être élu ou réélu.
François Hervouët