« Facteur d’impact », « indice h », « Science Citation Index »… : tous ces termes sont devenus ces dernières années familiers aux chercheurs et aspirants-chercheurs, à mesure que se sont développées les questions liées à l’évaluation du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. La bibliométrie, branche de la scientométrie visant à l’analyse des publications et de leurs propriétés, a pris progressivement une place de choix dans les dispositifs d’évaluation mis en place en fournissant de nombreux indicateurs utilisés pour estimer la « qualité » et l’ « impact » des travaux des chercheurs. Parallèlement, de nombreuses critiques se sont élevées pour contester la pertinence des indicateurs bibliométriques et leur utilisation abusive, pointant qu’on tendait à faire dire à la bibliométrie ce qu’elle ne pouvait pas exprimer.
Le sociologue des sciences Yves Gingras s’emploie dans un petit ouvrage paru aux éditions Raisons d’agir, Les dérives de l’évaluation de la recherche : du bon usage de la bibliométrie à remettre en perspective les apports réels de la bibliométrie et ses limites. On verra donc comment une discipline constituée à l’origine par les bibliothécaires pour la gestion de collections de périodiques a pu apporter des outils intéressants à la sociologie et à l’histoire des sciences pour étudier la dynamique des disciplines scientifiques. On lira aussi comment son utilisation abusive pour évaluer les chercheurs et les institutions dans lesquels ils exercent s’est peu à peu répandue pour conduire à de nombreuses dérives, de la « fièvre de l’évaluation » à la course effrénée à la publication.
Pour aller plus loin sur le sujet, on pourra également se reporter (sans exhaustivité aucune) aux lectures suivantes :
- les vidéos de 2 interventions d’Yves Gingras à la Maison des Sciences de l’Homme de Lorraine le 18/11/2014 sur la dynamique des controverses en SHS et les dérives de l’évaluation de la recherche [en ligne, consulté le 12/12/2014]
- un entretien toujours avec Yves Gingras paru sur La vie des idées le 16/09/2014 et intitulé « La fièvre de l’évaluation » [en ligne, consulté le 12/12/2014]
- David PONTILLE et Didier TORNY. « La manufacture de l’évaluation scientifique : algorithmes, jeux de données, outils bibliométriques », Réseaux, 2013, pp. 25-61. [en ligne, disponible sur HAL, consulté le 12/12/2014]. Une conférence de ces deux auteurs sur la même thématique est également disponible en ligne sur le site Savoirs ENS de l’École Normale Supérieure.
- Pascal PANSU, Nicole DUBOIS, Jean-Léon BEAUVOIS. Dis-moi qui te cite, je te dirai ce que tu vaux : que mesure vraiment la bibliométrie ?, Grenoble : PU Grenoble, 2013, 127 p. (Points de vue et débats scientifiques)
- Académie des Sciences. Du bon usage de la bibliométrie pour l’évaluation individuelle des chercheurs, Rapport remis le 17/01/2011 à la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche [en ligne, consulté le 12/12/2014]
- Laurence COUTROT. « Sur l’usage récent des outils bibliométriques comme outil d’évaluation de la recherche scientifique », Bulletin de méthodologie sociologique, n°100, octobre 2008, pp. 45-50 [en ligne, consulté le 12/12/2014]
Le réseau des URFIST (Unités Régionales de Formation à l’Information Scientifique et Technique) propose par ailleurs de nombreuses ressources dédiées à la bibliométrie et organisent régulièrement journées d’études et formations sur le sujet.