Qui se cache derrière l’homme de Piltdown?

Memorial stone at the site of the "discovery" of the "fossils" of the Piltdown man. - Nick Woolley - CC-SA

Un article du Guardian daté du 5 février 2012 nous apprend qu’une équipe de chercheurs britanniques va essayer d’user des moyens techniques modernes pour découvrir qui se cache derrière le mystère de l’homme de Piltdown.

En 1912, Charles Dawson, avocat et paléontologue amateur, informa Arthur Smith Woodward, conservateur du département de géologie du Muséum national d’histoire naturelle de Londres qu’il venait de découvrir des fragments d’un crâne humain particulièrement remarquables. Des fouilles supplémentaires permirent la mise à jour de nouveaux fragments et le 18 décembre 1912, Woodward et Dawson annoncèrent devant la Société géologique de Londres leur découverte de l’homme de Piltdown. Doté d’un crâne proche de celui de l’homme moderne mais d’une mâchoire de singe, l’homme de Piltdown semblait figurer le véritable ancêtre de l’homme moderne, plus ancien que l’homme de Néandertal (découvert en 1856) lui-même. Avec lui, il semblait surtout qu’on avait enfin trouvé le fameux « chaînon manquant », l’ancêtre commun entre l’homme et le singe qui démontrerait le passage de l’un à l’autre.

Malgré quelques sceptiques, la nouvelle fit grand bruit et l’homme de Piltdown s’imposa dans bon nombre de manuels de géologie comme l’ancêtre de l’homme moderne pendant près d’un demi-siècle. Une première datation au fluor démontra en 1949 que l’homme de Piltdown ne dépassait pas 40000 ans d’âge et en 1953, 3 chercheurs finirent par dévoiler la supercherie. Les fragments de l’homme de Piltdown avaient été fabriqués de toute pièce, associant un crâne d’homme avec une mâchoire d’orang-outan.

L’identité de l’auteur de la supercherie demeure néanmoins encore soumise à spéculations. Si le rôle de Dawson (décédé en 1916) semble important, plusieurs complices lui ont été soupçonnés, parmi lesquels Pierre Teilhard de Chardin ou Arthur Conan Doyle, le créateur de Sherlock Holmes. C’est cette énigme que vont chercher à résoudre les chercheurs britanniques mentionnés par The Guardian à l’occasion du centenaire de cette célèbre affaire.

L’affaire de l’homme de Piltdown a fait l’objet d’une abondante littérature. Parmi celle-ci, vous pouvez consulter :

  • le chapitre intitulé « Teilhard et Piltdown » qu’y consacre Stephen Jay Gould dans Quand les poules auront des dents, Seuil, 1991, pp. 237-282
  • un article du magazine Science & vie n°878 de novembre 1990, « Crâne de Piltdown : le 16e suspect était le bon ! »
  • sur le site canadien, Science Presse, un article de Claude Marcil, « L »homme de Piltdown : Adam était britannique », [consulté le 7 février 2012] ;
  • en anglais, une bibliographie complète autour de l’affaire a été réalisée par T.H. Turritin, « An annotated bibliography of the Piltdown Man forgery, 1953-2005 », PalArch’s Journal of archaeology of Northwest Europe 1, 1: 1-50, disponible en ligne [consulté le 7 février 2012]
  • en français, on recommandera aussi le livre d’Herbert Thomas, Le mystère de l’homme de Piltdown, Belin, 2002 que vous pouvez demander via le Prêt Entre Bibliothèques.

Plus généralement, si vous vous intéressez aux fraudes et impostures scientifiques, ces quelques références pourraient vous concerner :

 

 

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