
In LXIX. Psalmos seu Hymnos prophetæ Davidis priores, & in sanctum Jesu Christi Evangelium secundum Matthæum… Commentaria / Mathias Bredenbach. – Cologne : Héritiers de Johann Quentel & Gerwin Calenius, 1560 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVIg 1372)
Marque, devise, enseigne et nom : des relations complexes
Pour se faire connaître et marquer leurs œuvres de leur empreinte, tout en disant quelque chose d’eux-mêmes et de leur travail, les libraires avaient plusieurs moyens à leur disposition. Ils avaient parfois recours au cadre qui entourait la marque et qui pouvait reprendre certains éléments de la symbolique pour l’enrichir. Mais ils utilisaient surtout la devise, l’enseigne et la marque.
La devise était le plus souvent en latin. Elle pouvait être une citation biblique, un emprunt à un auteur de l’Antiquité ou à une œuvre plus contemporains. C’étaient quelques mots dont il est souvent difficile de saisir le sens, tant le petit nombre de termes polysémiques employés permet d’hypothèses. Elle devait charmer le lecteur et montrer la qualité de l’imprimeur ou du libraire, chargé de diffuser le savoir.
L’imprimeur utilisait aussi l’enseigne, cette image placée en général au dessus de la porte de l’atelier, qui était souvent signalée dans l’adresse, sur la page de titre, et au colophon, à la fin du texte.

De rebus Turcarum / Christophe Richer. – Paris : Robert I Estienne, 1540 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVI 18)
Ces trois éléments (marque, devise, enseigne) entretenaient des relations plus ou moins fortes, la signification de l’un pouvant enrichir ou tout au contraire, du moins en apparence, contredire l’autre. Apparaissait en effet de manière plus ou moins claire le message que l’imprimeur-libraire voulait transmettre : cela pouvait être sa soif de réussite, sa foi de réformé ou ses idéaux humanistes, son engagement politique ou sa fidélité au Roi. Mais le lecteur d’aujourd’hui doit lire aussi tout ce qu’il transmettait sans en être conscient, les conceptions du monde propres au XVIe siècle, une période de formidable essor intellectuel et de luttes sanglantes religieuses.
Pour en savoir plus…
Des livres (inventaires et études)
- Delalain (Paul), Inventaire des marques d’imprimeurs et de libraires de la collection du Cercle de la librairie, Paris : Cercle de la librairie, 1892
- Duplessis (Georges) et H. Bouchot, Dictionnaire des marques et monogrammes de graveurs, [Bologne] : A. Forni, 1979
- Laurent-Vibert (Robert) et Marius Audin, Les marques de libraires et d’imprimeurs en France au dix-septième et dix-huitième siècles, Paris : E. Champion, 1925
- Marques typographiques des imprimeurs et Libraires qui ont exercé dans les Pays-Bas, et marques typographiques des imprimeurs et libraires belges établis à l’étranger, Gand : C. Vyt, 1894
- Renouard (Philippe), Les marques typographiques parisiennes des XVe et XVIe siècles, Paris : H. Champion, 1926-1928
- Silvestre (Louis-Catherine), Marques typographiques ou recueil des monogrammes, chiffres, enseignes, emblèmes, devises, rébus et fleurons des libraires et imprimeurs qui ont exercé en France depuis l’introduction de l’imprimerie en 1470 jusqu’à la fin du seizième siècle, Pamplona : Analecta, 2001.- Reproduction en fac-similé de l’édition de 1867
- Tuzzi (Hans), Bestiario bibliofilo: imprese di animal nelle marche tipografiche dal XV al XVIII secolo (e altro), Milan : S. Bonnard, 2009
- Vaccaro (Emerenziana ), Le Marche dei tipografi ed editori italiani del secolo XVI: nella Biblioteca angelica di Roma [catalogo], Firenze : L. S. Olschki, 1983
- Wolkenhauer (Anja ), Zu schwer für Apoll: die Antike in humanistischen Druckerzeichen des 16. Jahrhunderts, Wiesbaden : Harrassowitz in Kommission, 2002
- Zappella (Giuseppina), Le marche dei tipografi e degli editori italiani del Cinquecento: repertorio di figure, simboli e sogetti e dei relativi motti, 2 vol., Milan : Editrice bibliografica, 1998
et des sites (bases données et catalogues)