Vous aimez Riad Sattouf, son talent inimitable d’observateur, son humour au vitriol, vous avez aimé Les beaux gosses et l’arabe du futur, découvrez Les cahiers d’Esther.
Après Les beaux gosses, Jérémie et autres Pascal Brutal, Riad Sattouf délaisse la vie secrète des jeunes boutonneux et frustrés en quête de celle qui les délivrera enfin des affres de la puberté, pour tourner son regard d’observateur aiguisé vers une petite fille de 10 ans. À l’origine, un dîner avec des amis et leur fille, qui tout au long de la soirée raconte ingénument sa vie d’écolière parisienne interdite iPhone et fascinée par son papa, les chanteuses blondes et les Stan Smith.
Riad décide alors de se lancer dans un projet au long cours : chaque semaine il appelle « Esther » qui lui raconte sa vie, dont il s’inspire pour dessiner un épisode qui paraît le jeudi soir dans l’Obs, et qui commence toujours par :« Je m’appelle Esther, 10 ans… » Esther raconte sa vie à l’école (privée parce que c’est mieux bien que ses parents ne soient pas très riches), avec ses copines (qui ont des iPhone, la chance), ses amoureux, et à la maison avec son père qu’elle adore (« Il est trop beau, Je l’aime »), son frère collégien moche et con qu’elle déteste (« Esther, si tu me touches je te vomis dessus ») et ses rêves (avoir un iPhone, devenir une chanteuse blonde et célèbre). Où les parents innocents découvrent entre autres, « d’après une histoire vraie racontée par Esther » que les demoiselles de 11 ans élevées en milieu protégé apprennent comment on fait les bébés sur Youporn grâce à l’iPhone de leur meilleure copine…
Chaque année donnera lieu à un album jusqu’aux 18 ans de la demoiselle, si celle-ci ne se lasse pas en grandissant ou si, hantise de Riad, le secret n’est pas éventé…Le premier est donc paru en janvier 2016 :« Les cahiers d’Esther, tome 1, histoire de mes 10 ans ».
Contrairement aux apparences, avec Esther et sa vie rangée de petite fille, Riad Sattouf ne reste jamais vraiment loin de son sujet de prédilection : les jeunes et ce chaos qu’est l’adolescence, ou comment s’adapter pour survivre dans le monde hostile qui nous entoure. Les aventures quotidiennes d’Esther nous rappellent en effet bien plus les malheurs de Sophie que Martine à la plage. « Au début, se souvient la mère d’Esther, nous n’étions même pas sûrs de vouloir lui montrer les épisodes. Le monde de Riad est très drôle, mais il peut receler une certaine violence ».
« Quand j’étais enfant, il y a une période où j’étais très beau. J’étais blond, je ressemblais à un elfe. Et puis, à l’adolescence, je suis devenu un troll, mais un troll qui aurait gardé la mémoire du temps où il était un elfe. Dans les contes, les vilains petits canards deviennent de merveilleux cygnes. Moi, j’ai eu l’impression d’avoir été un petit cygne charmant qui est finalement devenu un canard ! En fait, je témoigne de ça aujourd’hui dans mes livres ».
À maintenant 38 ans, l’elfe à la barbe soigneusement taillée le dit lui-même : « Parfois dans une soirée, chez des gens que je ne connais pas, où personne ne connait ce que je fais, je regoûte à la vraie vie. J’ai l’impression de revenir à l’époque où je faisais mes trois jours, avec plein de mecs brutaux qui me parlaient en me disant : Hé connard, casse-toi de là. Je me suis créé un équilibre avec mon truc, mais c’est fragile ».
Retrouvez Riad Sattouf à la BU Lettres :
le nouvel épisode des Cahiers d’Esther dans l’Obs tous les jeudis, dans l’espace presse de la Ruche par exemple.
Albums :
DVD :
Articles :
- Le jeune selon Sattouf : dossier spécial dans Les Inrocks, n°706, 9-05-2009
- Riad Sattouf interviewé par Vincent Lacoste : les Inrocks, n°1089, 12-10-2016
- La vraie vie d’Esther : l’Obs, n° 2672, 21-01-2016