Pendant tout le mois de novembre, au niveau 3 de la BU Michel Foucault, est exposée l’une des œuvres de l’architecte Pierre Le Muet, Maniere de bien bastir pour toutes sortes de personnes (Paris : Jean Du Puis, 1663), qui est d’ordinaire conservée dans le Service du Livre ancien et qui est entrée dans les collections de l’Université de Poitiers en 1909 lors de la saisie des livres du Grand séminaire de Poitiers. Ce livre avait été auparavant la propriété des Augustins de la Maison Dieu de Montmorillon. Il s’agit d’un ouvrage qui donne de très bons et fiables témoignages sur l’architecture des maisons et hôtels particuliers de Paris au début du XVIIe siècle, alors influencée par le maniérisme italien.

Maniere de bien bastir pour toutes sortes de personnes / Pierre Le Muet.- Seconde édition.- Paris, : Jean Du Puis, 1663 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, Folio 630)
Qui est Pierre Le Muet ?
Né à Dijon en 1591 et mort à Paris en 1669, Pierre Le Muet fut nommé « architecte du roi » en 1616. A partir de 1617, il fut actif dans le domaine des fortifications et fut nommé « ingénieur du roi » et « conducteur des dessins de fortifications de Picardie ».
Il fut l’un des architectes et théoriciens de l’architecture les plus estimés du temps de Louis XIII. Il réalisa de nombreux hôtels particuliers à Paris ; pour de grands aristocrates, notamment pour de hauts fonctionnaires des finances, il construisit des châteaux en province et à Paris. Pour ses palais parisiens, il prit modèle sur le maniérisme italien, comme à l’hôtel Tubeuf (aujourd’hui dans la Bibliothèque nationale de France – site Richelieu), qui est très représentatif du style de Le Muet, tandis que ses travaux de la fin des années 1650 annonçaient déjà le style Louis XIV.
Manière de bien bâtir pour toutes sortes de personnes
En France, le premier livre d’architecture est celui de Jacques Androuet du Cerceau, qui publia en 1559 le Livre d’architecture. Mais cet ouvrage traitait avant tout de bâtiments de grande taille. Le sixième livre de Serlio est beaucoup plus semblable au projet de Pierre Le Muet, mais il ne fut jamais publié ; il existe deux versions du manuscrit, l’une conservée à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich, l’autre à l’Avery Library de l’Université de Columbia, ce qui laisse penser que cette œuvre était connue en France au XVIe siècle.
Dans la Manière de bien bâtir pour toutes sortes de personnes, publiée pour la première fois en 1623, Pierre Le Muet, comme Serlio, décrit des maisons en allant de la plus simple à la plus imposante. Si ses bâtiments sont de style français du XVIIe siècle, Le Muet emprunta à Serlio certains modèles pour trouver des solutions pour le plan et l’élévation.
En 1647, il publia l’édition augmentée du livre de 1623 avec une anthologie de bâtiments remarquables qu’il avait réalisés jusqu’en 1645 (dont un certain nombre n’a pas, ou pas totalement, été conservé). De nouvelles éditions revues et augmentées parurent en 1663 (celle que l’Université de Poitiers conserve), en 1681 et en 1717.
Le mercredi 16 novembre, à 12h, au niveau 3 de la BU Michel Foucault, une présentation d’une demi-heure (une « Petite pause méridienne ») sera proposée.
Entrée libre sur inscription auprès d’Yvan Hochet.
Pour aller plus loin, vous pouvez
- consulter la notice sur Pierre Le Muet de l’Allgemeines Künstlerlexikon, répertoire biographique de référence pour les artistes de toutes les époques et de toutes les régions géographiques ;
- lire l’introduction du facsimilé de l’édition de 1647 rédigée par Anthony Blunt
- consulter sous forme de microfiche la thèse que lui a consacrée en 1992 Claude Mignot, Pierre Le Muet, architecte (1591-1669) : elle n’est pas signalée dans notre catalogue, mais, comme toutes les autres thèses en sciences humaines et en lettres microfilmées, vous pouvez la consulter au service des périodiques de la BU Lettres.
Notez également que le Centre national des arts et métiers a mis en ligne sur le Cnum l’édition de 1623, que Centre d’études supérieures de la Renaissance a placé dans ses Bibliothèques virtuelles humanistes l’édition de 1647 et que la Bibliothèque nationale de France a numérisé pour Gallica l’édition de 1681.