
Phonurgia nova / Athanasius Kircher.- Kempten : Rudolf Dreherr, 1673 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, FAM 1376)
Le Fonds ancien de la Bibliothèque universitaire de Poitiers abrite une belle collection de livres anciens de musique, partiellement recensés dans le Catalogue des fonds musicaux anciens conservés en Poitou-Charentes. Ces livres traitent de sujets variés (méthode et théorie de la musique, musique religieuse, musique profane) et permettent d’avoir un aperçu de l’histoire de la musique et du livre de musique du 16e au 19e siècle. Ils viennent pour certains des collections ecclésiastiques, que la Bibliothèque universitaire a saisies après la séparation de l’Église et de l’État.
Les conséquences de l’invention de l’imprimerie
C’est en 1501 à Venise que le premier livre de musique fut imprimé, mais la musique était apparue dans les imprimés liturgiques auparavant. La première impression musicale française fut réalisée à Lyon en 1525.
L’invention et la diffusion de l’imprimerie, qui permirent de produire des copies de partitions en quantité et à un coût raisonnable, eurent des conséquences importantes pour la musique. Elles permirent la diffusion de nouveaux genres profanes. Elles expliquent également le changement de statut de l’instrument : en facilitant la pratique individuelle, elles contribuèrent à la diffusion de la musique sur instruments.
Aux 17e et 18e siècles, coexistaient trois types de reproductions de la musique. La première, la copie manuscrite, était la plus appréciée des musiciens, mais elle était source d’erreurs. La deuxième était l’impression typographique ; dans les premiers temps de l’imprimerie, on imprimait d’abord la portée et, ensuite, les notes et autres signes, après un repérage minutieux : cette méthode, longue, mais très précise, avait été inventée par un Italien. Puis, la famille Ballard reprit au 16e siècle une technique mise au point par un Parisien : des caractères métalliques étaient fondus, qui montraient à la fois la note et les cinq lignes de la portée. Alors que la note ronde avait en principe remplacé la carrée en usage au Moyen Âge, cette dernière était utilisée car la note ronde est plus difficile à réaliser avec cette technique. L’usage de la gravure sur cuivre, la troisième technique, débuta vers 1660 : elle était celle qui rendait le mieux la page du compositeur, avec ses signes précis ; elle permettait de reproduire les notes rondes, telles qu’elles apparaissaient dans les manuscrits des compositeurs ; elle triompha au 18e siècle, avant d’être remplacée par la lithographie.