Qui n’a jamais détourné le regard, voire changé de trottoir, à la vue d’un mendiant ? Ce n’est pas tant la modique somme qu’on pourrait lui laisser que la peur de la pauvreté (l’aporophobie) et la multitude des sollicitations qui maintient fermée notre escarcelle.
Pourtant, à en croire Jean-Edouard Grésy, auteur notamment de La révolution du don : le management repensé à la lumière de l’anthropologie, le bonheur est dans le don.
Il décrit dans ce billet le cercle vertueux des actions que sont demander, donner, recevoir et rendre.
Et cela tombe bien, car les formes de dons sont tellement nombreuses qu’il n’est pas difficile de se faire du bien. Le Lexique des termes juridiques en propose cinq définitions, suivies de celles du donataire, donateur et de diverses donations aux qualificatifs sibyllins de déguisée, de biens à venir, entre époux ou propter nuptias.
Outre la petite pièce glissée discrètement, on peut aussi donner de son temps (Le travail bénévole : engagement citoyen ou travail gratuit ? / Maud Simonet), céder ses jours de congés à un collègue malchanceux (Art. L. 1225-65-1 du Code du travail), donner son sang, ses gamètes, ses organes et pour finir son corps à la science, déposer ses vêtements chez Emmaüs et les livres dont on n’a plus l’usage à la bibliothèque ou encore faire un don à une association. De la défense des oiseaux à celle des époux Balkany, ce ne sont pas les causes qui manquent, ni les modalités : arrondi à la caisse, cagnotte en ligne, prélèvement mensuel… Dons qui en plus du plaisir d’offrir sont partiellement déductibles des impôts.
Car non, le don n’est pas toujours un acte de pure charité au vu du nombre d’ouvrages traitant de la défiscalisation. C’est d’ailleurs à ce titre que les associations et notamment la Fédération des acteurs de la solidarité déplorent la baisse des dons liée à la suppression de l’ISF.
Mais au fait, quelle est la différence entre un don et une donation ? Les plus néophytes pourront sans risquer la migraine consulter à ce sujet le site Info don, et les juristes trouveront toutes les informations utiles dans les rayons de droit de la famille, et plus particulièrement celui des successions et libéralités de la bibliothèque Droit économie gestion.
Quant à la nuance entre un cadeau et un don, il suffit de relire sur Factiva les articles consacrés aux affaires Bettencourt pour se convaincre que tout est question de droit, mais aussi de pouvoir, de jalousie et d’amour.
Après quoi l’on pourra chanter à l’unisson de France Gall que « donner pour donner, c’est la seule raison de vivre ».