Les mots ont un pouvoir. Cette phrase éculée et superbement illustrée dans le 1984 de George Orwell est peut-être plus que jamais d’actualité. La dernière élection présidentielle américaine a vu l’apparition d’un nouveau terme de Novlangue, la « Fake News », qui s’est rapidement imposée Outre-Atlantique, mais aussi en France. En acceptant ce terme et en l’utilisant, on le légitime et l’institutionnalise, lui, ainsi que la pratique à laquelle il renvoie. La langue française dispose pourtant de mots renvoyant à la même idée : le néologisme apparu en réponse « infox », mais aussi « intox », « fausse information », voire plus prosaïquement « mensonge ». En conséquence, le terme est aujourd’hui banalisé, théorisé et librement employé dans les conversations quotidiennes ainsi que dans la vie politique.

Ceci est une fake news / Source : https://www.flickr.com/photos/hragvartanian/32940251834/in/photolist
La désinformation n’est pas un phénomène nouveau. C’est son ampleur et son rythme qui atteignent des niveaux jamais connus auparavant. Il apparaît aujourd’hui nécessaire de combler le retard pris dans les humanités numériques et de développer l’esprit critique alors que nous n’avons jamais eu accès à autant d’informations ni à autant de sources différentes en quelques clics. Cette richesse a un effet pervers : le risque de noyade et la perte de repères par manque d’éducation numérique, combiné à la malveillance d’individus créant et propageant de fausses informations en ligne.
Ce rappel me permet de faire le lien avec le sujet de ce billet : la formation à la recherche documentaire, assurée en partie par les bibliothécaires de l’Université de Poitiers. Ce dispositif est, depuis la rentrée 2018/2019 intégré à l’offre de formation lors des trois premiers semestres de licence, à titre expérimental. Il a vocation à être étendu par la suite et développé, dans le but d’assurer des formations de qualité, correspondant au maximum aux attentes et besoins des étudiants.
« On nous a rajouté une heure dans l’emploi du temps sur de la recherche documentaire » « À quoi ça sert ? » « C’est même pas un vrai prof qui fait le cours. »
Malgré les clichés à la peau dure selon lesquelles les bibliothécaires rangent des livres et font les gros yeux en réclamant le silence, la formation à l’accès à l’information fait également partie de nos missions fondamentales, comme expliqué dans le manifeste de l’UNESCO sur les bibliothèques. C’est pourquoi le SCD s’est proposé pour assurer ces formations sur des questions qui sont au cœur de notre métier.
Il n’est pas question de vous dire qui croire ou quoi penser, mais bien de vous fournir des outils et des réflexes à adopter lors de vos recherches, académiques ou personnelles. L’autonomie de l’usager est ainsi un but important de ces formations.
Le premier outil à votre disposition est le catalogue du SCD et son outil de découverte « Odébu », qui regroupe l’ensemble des documents physiques que nous vous proposons, mais aussi tous les documents numériques accessibles gratuitement et notamment les bases de données auxquelles l’Université est abonnée. Ces ressources ont été sélectionnées avec soin et vous garantissent une information de qualité, d’un niveau universitaire.
On peut également citer des outils de vérification du quotidien (liste non exhaustive) comme :
Ces outils sont gratuits, très faciles à installer sur un navigateur et rapides à prendre en main.
Même Facebook évolue sur la question. Si certains y voient une atteinte à la neutralité du Web ou même à la liberté d’expression, il faut rappeler qu’une loi a été votée en France en octobre 2018 et validée par le Conseil Constitutionnel concernant la propagation d’infox en période électorale.
Toutefois, le meilleur outil reste la vigilance des consommateurs d’informations que nous sommes et notre bienveillance quant aux informations que nous partageons, likons, relayons.
Pour conclure, et puisqu’il n’est jamais mauvais de se faire un peu de pub, je profite de ce billet pour rappeler qu’outre les cours intégrés aux formations, les BUs de l’Université de Poitiers proposent des « Ateliers de la Doc », ouverts à tous sur inscription, portant sur un grand nombre de sujets. Le programme est disponible ici.