Autour des archives d’Argenson

Du 1er au 3 octobre, l’Université de Poitiers (Laboratoires Forellis et Criham et Service commun de la documentation) organise un colloque intitulé Autour des archives d’Argenson : des femmes françaises et étrangères à leur écritoire de 1700 à 1840.

Au départ, les archives d’Argenson

Attestée dès 1244, la famille de Voyer de Paulmy d’Argenson appartient à la noblesse d’épée, mais, à partir du XVIIe siècle, certains membres de la famille occupent des fonctions de la noblesse de robe et nouent des alliances matrimoniales avec celle-ci.

Le Service commun de la documentation de l’Université de Poitiers conserve ses archives depuis 1976, alors qu’elles étaient jusque-là classées et mises à la disposition des chercheurs par la famille dans le château des Ormes (Vienne), qu’elle avait acquis en 1729. Elles forment un ensemble de 1145 cartons (correspondance, dossiers, terriers, livres de comptes, cahiers, agendas, parchemins, cartes, plans, affiches) et de 64 manuscrits, occupant environ 200 mètres linéaires.

Au sein de cet ensemble, se trouvent des archives privées dans lesquelles figurent des correspondances familières, en particulier les lettres de trois générations d’épouses, Anne Larcher (1696-1764), Constance de Mailly (1734-1783) et Sophie de Rosen (1764-1828), à leurs maris, le comte d’Argenson (1696-1764), ministre d’État et secrétaire d’État de la guerre, le marquis de Voyer (1722-1782), fils du précédent, lieutenant général des armées du roi, et Marc-René-Marie de Voyer d’Argenson (1772-1842), fils du précédent, préfet sous l’Empire, député sous la Restauration et la Monarchie de Juillet.

Ces correspondances ont fait l’objet d’un atelier de l’Université inter-âges de Poitiers animé par Philippe Caron pendant plusieurs années, dont est née l’idée d’un colloque.

Le colloque

Entre histoire, anthropologie et linguistique, un domaine de recherche croisé s’est imposé dans son originalité : l’étude des femmes à leur écritoire, depuis leur première accession à l’écriture jusqu’à l’élaboration d’un objet fini qui est le terrain privilégié d’investigation du colloque, la correspondance (réelle). Autour des épouses d’Argenson qui constituent le noyau dur d’investigation, la période étudiée est celle où le français tend à devenir une langue de communication pour les élites européennes. Il est ainsi possible d’observer des pratiques féminines du français en situation de L1 (langue maternelle) ou L2 (première langue étrangère apprise).

L’exposition est donc au carrefour de deux disciplines (linguistique et histoire) et de plusieurs préoccupations :

  1. l’histoire de la condition féminine, notamment l’accès des femmes à la vie intellectuelle et à l’écriture
  2. l’histoire de l’orthographe française à cette époque cruciale où s’élabore la nôtre telle qu’elle est encore aujourd’hui
  3. l’histoire de l’éducation sous l’Ancien Régime
  4. l’appropriation du français par les élites féminines de l’Europe.

Une exposition accompagne ce colloque : elle est présentée dans la Salle des Actes de l’UFR Lettres et Langues les 2 et 3 octobre, puis du 4 au 31 octobre à la BU Michel Foucault.

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