Difficile de dire ce qui surprit le plus les bibliothécaires du Fonds ancien : découvrir les ex-libris superposés de Madame Sabatier et d’Alfred Mosselman, son amant, ou faire cette trouvaille au sein du Fonds Dubois !
Auguste Dubois (1866-1935)
L’enseignant à l’origine du Fonds Dubois
Chargé de cours à la Faculté de droit de Lille en 1896, Émile Marie Félix Auguste Dubois enseigna à la Faculté de Poitiers à partir de 1899, comme chargé de cours d’économie politique, puis, entre 1908 et 1935, comme professeur d’histoire des doctrines économiques et économie politique. À son décès, il légua sa bibliothèque de travail – plus de six mille ouvrages et brochures – à l’Université de Poitiers, où elle constitue aujourd’hui le noyau du Fonds Dubois, conservé au Fonds ancien.
Les bibliothécaires de l’époque n’étant pas très préoccupés par l’histoire des collections, des documents en rapport avec les centres d’intérêt d’Auguste Dubois, les doctrines économiques et politiques, furent intégrés à ce Fonds Dubois.
Un précieux témoignage : les carnets d’Auguste Dubois

Bibliothèque d’Auguste Dubois : catalogue autographe (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, MS 87)
Il peut toutefois être établi avec certitude que les Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques ont bien appartenu à l’enseignant car ils figurent dans le catalogue autographe qu’il dressa de sa bibliothèque, treize carnets de tailles diverses, conservés au Fonds ancien.
Pour le premier volume de son catalogue manuscrit, Auguste Dubois a utilisé un agenda de la Compagnie d’assurances générales sur la vie de 1903. Les ouvrages y sont rangés, comme dans le deuxième volume, par numéro (ordre d’achat, cote ?).
Généralement, Auguste Dubois s’est plutôt servi de répertoires, où les documents furent classés par auteur ou titre (lorsque l’auteur est inconnu ou le document anonyme par excès d’auteurs) selon les lettres portées sur les encoches à droite. Au sein d’une même lettre, l’ordre alphabétique n’a en revanche pas été respecté. Nous ignorons si ces carnets correspondent à différentes périodes d’acquisition, divers emplacements dans la bibliothèque de l’enseignant et si, additionnés, ils recensent la totalité de celle-ci, telle qu’elle nous a été versée après la mort de son propriétaire.

Auguste Dubois, Catalogue de ma bibliothèque. Tome III (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, MS 87)
Le volume III porte la signature d’Auguste Dubois et son Répertoire des périodiques, qui cite une publication de 1923, une estampille avec son adresse, « Poitiers 3 r. de la Boivre ».

Auguste Dubois, Répertoire des périodiques (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, MS 87)
Au tome IV, figurent les Voyages imaginaires, entrés au faux-titre. Ils ont sans doute été acquis par Auguste Dubois car ces textes de fiction, tout en distrayant le lecteur, permettaient aux auteurs de se livrer à des réflexions politiques, philosophiques, sociales. Le professeur s’intéressait aux utopistes et n’avait pas la réputation d’être un collectionneur d’ex-libris (peut-être est-ce entre les mains de l’un d’entre eux qu’ont fini ceux visiblement présents à l’origine au tome quatorzième des Voyages ?).

Auguste Dubois, Catalogue de ma bibliothèque. Tome IV (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, MS 87)
Les trois volumes indiqués manquants par l’enseignant sont des suppléments publiés en 1789. Si Auguste Dubois a fait le dépouillement de cette collection, il ne signalait pas dans ses carnets où, quand, comment ni combien il achetait ses livres. Il mentionnait juste s’ils étaient brochés ou reliés. Le mystère demeure donc entier quant à la façon dont les exemplaires porteurs des ex-libris d’Alfred Mosselman et Madame Sabatier sont entrés en sa possession. Il est possible qu’il les ait achetés peu après le décès de la Présidente, survenu en 1890.
Sources consultées