
Mundus subterraneus in XII libros digestus / Athanasius Kircher.- Amsterdam : Johannes Janssonius van Waesberge et Elizaeus Weyerstraten, 1665 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, folio 598)
Jusqu’au 31 mars prochain a lieu dans le Hall de la BU de Lettres une exposition intitulée Aux frontières du réel. Du merveilleux au fantastique, organisée par le Fonds ancien avec la collaboration du CRIHAM, d’enseignants-chercheurs et d’étudiants. Deux visites guidées sont proposées, l’une le mercredi 21 mars à 12h et l’autre le vendredi 30 mars à 10h.
De la fin du Moyen Âge à l’aube de l’époque contemporaine, la perception de l’extraordinaire a beaucoup évolué. Quels sentiments les hommes et les femmes éprouvaient-ils face aux phénomènes qui sortaient de l’ordinaire ? Quand considéraient-ils qu’ils appartenaient pleinement au naturel, au réel ? Qu’est-ce que cela révèle de leurs conceptions du monde ? Portaient-ils sur les phénomènes extraordinaires un regard critique ? Quels rôles jouaient le texte et l’image dans leur perception ? Les écrivains, les auteurs utilisaient-ils des stratégies particulières pour convaincre le lecteur ? Quel but visaient-ils ? Distraction, évasion, contestation, compensation, ou glorification ? C’est à toutes ces questions que l’exposition cherche à répondre à travers six parties.

Reliure au phénix – Minerva / Francisco Sánchez de las Brozas.- Salamanque : Jean et André Renaut, 1587 (Poitiers, Bibliothèque universitaires, Fonds Ancien, XVI 9)
La première se propose de définir les grandes catégories qui permettent de décrire les phénomènes, animaux, objets, qui sortent de l’ordinaire : les merveilleux médiéval et moderne, le miraculeux, les fantastiques illusoire et surnaturel. Des textes évoquant la place de l’imagination et de l’image dans la perception du monde présentent également l’outillage mental des époques anciennes.
La deuxième partie, Étonnant quotidien, rappelle que le merveilleux, l’étonnement sont susceptibles, dans les temps anciens, d’apparaître tous les jours, comme le montrent non seulement la salamandre et la licorne (en particulier sa corne), mais aussi les idoles antiques et les revenants.

Triton et sirène – Oeuvres / Ambroise Paré.- Paris : Gabriel Buon, 1585 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, MED 22)
Séductions féminines, la troisième partie, présente quelques créatures en partie femmes. Leur beauté apportait du réconfort à celui qui les regardait, mais elles pouvaient également provoquer destruction et égarement.
Dans la quatrième partie, Merveilleux chrétien, il est question de plusieurs motifs très liés à la foi chrétienne, que leur source soit biblique, comme les aventures de Jonas et de sa « baleine » ou le Graal, ou qu’ils aient été des figures christiques, comme le phénix.
La cinquième partie emmène dans le lointain, en Asie et en Afrique, deux continents mal connus et réputés peuplés de créatures hybrides et fascinantes, les Cynocéphales à tête de chien, les Sciapodes qui s’abritent à l’ombre de leur unique et gros pied, ou encore les Blemmyes dont le visage se trouve sur leur torse. L’exemple du Japon montre que l’Orient continua longtemps à fasciner.
Enfin, la sixième partie, Dragons, décrit ces créatures hybrides, proches des serpents, qui apparaissaient dans de très nombreuses œuvres d’art et beaucoup de récits. Imaginés dans la nature ou fabriqués pour les cabinets de curiosités, ils étaient omniprésents au Moyen Âge et à l’époque moderne.
En guise d’épilogue, est présenté le retour de l’émerveillement au XIXe siècle : celui-ci est placé au cœur de la démarche scientifique au seuil de l’époque contemporaine.