Une édition de la Géographie de Strabon du XVIe siècle

Rerum geographicarum commentarii libris XVII contenti / Strabon.- Basel : Heinrich Petri, 1571 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVIg 1760)

Rerum geographicarum commentarii libris XVII contenti / Strabon.- Basel : Heinrich Petri, 1571 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVIg 1760)

Du 3 au 29 avril, la BU Michel Foucault expose un livre du Fonds ancien, le Rerum geographicarum commentarii libris XVII, de Strabon (1571). Une présentation du livre sera proposée le mercredi 5 avril à 12h (inscription : yvan.hochet@univ-poitiers.fr).

Qui est Strabon ?

Né vers 60 av. J. C. en Cappadoce, dans une famille grecque (ou devenue grecque), Strabon se forme auprès de grands maîtres et voyage pour cela. Pur stoïcien, il s’intéresse à la géographie comme philosophe, critique, homme de lettres.

Il écrit une continuation de l’histoire générale de Polybe, malheureusement entièrement perdue. Dans sa Géographie, qui a échappé à la destruction à l’exception d’un livre, il veut résumer ce qui a été écrit avant lui et ajouter à ces connaissances des descriptions d’antiquités, de mœurs, de pays. Pour collecter les informations nécessaires, il lit (il semble avoir une grande bibliothèque et montre une très bonne connaissance des textes) et il voyage beaucoup (toutefois peut-être moins que ce qu’il avance).

Peu diffusée dans l’Antiquité, sa Géographie est très appréciée des Byzantins. Mais le Moyen Âge n’a transmis que des variantes d’un unique manuscrit incomplet. La grande œuvre de Strabon est ensuite de nombreuses fois rééditée à l’époque moderne, après la première impression, faite à Rome, vers 1469-1470. On peut entre autres consulter en ligne une édition bâloise de 1539.

L’édition conservée à la BU de Poitiers

Le livre du Fonds ancien a été publié à Bâle en 1571 par l’imprimeur-libraire Heinrich Petri. L’éditeur scientifique du texte latin, Guilielmus Xylander (1532-1576), a produit la meilleure édition de son temps ; ce professeur de grec à Heidelberg a ajouté à sa traduction quelques commentaires. En tête de cet ouvrage, se trouvent une liste des auteurs cités par Strabon, puis un index très copieux des lieux qui apparaissent dans le livre ; il s’agit d’ajouts modernes au texte antique.

Des cartes de petite taille (comme l’illustration ci-dessus), gravées sur bois, accompagnent le texte, incrustées dans celui-ci. Mais on en trouve aussi beaucoup de grandes, qui font la taille du livre ouvert (Europe : Espagne, France, Îles britanniques, etc. ; Asie, Afrique). Il ne s’agit pas de cartes spécialement dessinées et gravées pour cette édition. Comme souvent dans les premiers temps de l’imprimerie, on réutilise les mêmes illustrations dans différents ouvrages. Par exemple, certaines cartes qui apparaissent dans cet ouvrage avaient déjà été utilisées en 1552 pour une édition de la Géographie de Ptolémée par Sebastian Münster et Konrad Lykosthenes. Dans ces cartes, quelques créatures merveilleuses (au sens médiéval : qui appartiennent pleinement au réel, mais que l’on n’a pas l’habitude de voir et qui de ce fait suscitent l’étonnement) habitent la terre et la mer. On reconnaît aussi l’arche de Noé, dont il est écrit qu’elle s’échoua sur les monts d’Arménie. Au large de la Libye, on assiste impuissant à un terrible naufrage.

Particularités d’exemplaire

Couvert d’une reliure souple en parchemin à lacets (malheureusement aujourd’hui très réduits), l’ouvrage conservé au Fonds ancien n’a probablement pas été relié pour constituer un bel ornement dans une bibliothèque. Cette couvrure pratique lui permettait de voyager sans être trop abîmé ; tenu bien fermé grâce aux lanières, il ne risquait pas de s’ouvrir et de se déformer dans une valise ou une malle.

Ce livre a été publié à Bâle en 1571. Le cachet sur la page de titre et l’étiquette sur la garde collée supérieure nous indiquent qu’il a appartenu au Grand Séminaire de Poitiers, lieu de formation des futurs prêtres. En 1909, les collections de cet établissement religieux étaient versées à l’Université de Poitiers. Quand le Grand Séminaire a-t-il acquis cet ouvrage ? Où était-il avant ? Comment est-il venu de Bâle à Poitiers ? Nous ne le savons pas. Sur la page de titre, les mots suivants ont été tracés à la main : « Winant Grondier ». Dans les collections de la Bibliothèque universitaire de Poitiers, un autre ouvrage au moins porte le nom de cette personne : il s’agit d’une édition suisse de 1593 des Lettres et des Discours d’Isocrate. Mais nous ne savons pas qui est ce Winant Grondier…

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