Des acquisitions récentes de vos BU préférées ont remis en lumière un fait historique souvent oublié : les Français ont joué un rôle de premier plan dans l’histoire de l’Amérique du Nord, du 16e au 19e siècles.
Et si votre plus tendre enfance a été bercée par Le Dernier des Mohicans (dont la BU lettres possède parmi les premières éditions françaises de 1830), ou si le film de Michael Mann (1992) vous a définitivement marqué, c’est le moment de faire resurgir cette madeleine de Proust !
À la BU lettres, vous allez pouvoir découvrir les extraordinaires bandes dessinées de Patrick Prugne : Canoë Bay (2009) qui l’a fait découvrir au grand public et Iroquois (2016).
Les deux BD portent sur des époques différentes : le 18e s. pour la première, le début du 17e s. pour la seconde. Mais elles présentent de nombreux points communs. Elles se déroulent dans une Amérique du Nord où les nations amérindiennes sont encore puissantes et redoutées, où les héros européens sont loin d’avoir acquis une place prédominante, sur les autres peuples comme sur la nature encore sauvage et où les Français jouent les premiers rôles, notamment autour du commerce des peaux.
Travaillant à l’aquarelle, l’auteur crée des planches fabuleuses, où le dynamisme des personnages et des situations trouve parfaitement sa place dans une nature qui est à la fois un espace de liberté sans fin et une source de danger, voire d’oppression. Le site personnel de Patrick Prugne vous permettra de découvrir quelques-uns de ces chefs-d’œuvre de l’illustration. Un conseil : si vous avez l’opportunité de découvrir les planches originales dans la galerie parisienne ou bien dans une exposition, n’hésitez pas à faire le déplacement.
Pour compléter ces lectures, vous pouvez aussi dévorer le dernier travail de Gilles Havard, spécialiste de l’histoire de l’Amérique française. Il avait déjà publié plusieurs ouvrages, dont une volumineuse Histoire de l’Amérique française (en plusieurs exemplaires dans vos BU) : le nombre de pages (560) prouvait à lui seul que la présence française en Amérique du Nord ne s’est pas limitée à Champlain ou à Jacques Cartier. Après avoir co-dirigé une passionnante réflexion collective (Un continent en partage: Cinq siècles de rencontres entre Amérindiens et Français), il a remporté le prix du festival de l’histoire de Blois en 2016 avec son Histoire des coureurs de bois : Amérique du Nord, 1600-1840. Les « trappeurs » français y ont une belle place, tissant avec les Amérindiens des liens uniques, beaucoup plus riches, équitables et pacifiés que ce que le dernier film d’Inarritu (The Revenant, 2016) ne le laisse croire. Il y aurait d’ailleurs dans le bel ouvrage de Havard de quoi réaliser un grand nombre de films tous plus surprenants les uns que les autres. C’est donc le moment d’éprouver pour vous l’adage célèbre selon lequel l’histoire dépasse la fiction !
Les plus curieux de nos lecteurs pourront allier l’utile à l’agréable avec ce podcast de France Culture où Gilles Havard explique sa récente publication sur les vrais « Bas de Cuir » qu’il a étudiés, ou bien avec ce livre qu’il a co-signé sur la réalité historique de Pocahontas (Pocahontas : princesse des deux mondes : histoire, mythe et représentations). Un article en ligne de Cairn (Barel-Moisan Claire, « Les Indiens de Fenimore Cooper: lecture du Dernier des Mohicans », Romantisme, 4/2005 (n° 130), p. 55-65) vous aidera à comprendre pourquoi le chef d’œuvre de Cooper a tant marqué l’histoire des mentalités occidentales. Et vous pourrez terminer la soirée devant la télé en (re)découvrant en DVD La captive aux yeux clairs d’Howard Hawks, qui porte aussi sur les Coureurs des bois.
Je me permets de rappeler qu’ avant d’être un film d’Howard Hawks, « la captive aux yeux clairs » est d’abord un roman, écrit par Alfred Bertram Guthrie Jr (1901-1991) en 1947, et édité en France en 2014 chez Actes Sud, avec un préface de James Lee Burke et une postface de Bertrand Tavernier.
Selon J.L. Burke, « Bud » Guthrie était « un défenseur de l’environnement, un homme d’honneur et un grand Monsieur. Mais il a surtout écrit deux des plus grands romans qui soient. La captive au yeux clairs est l’un d’entre eux. Si vous le lisez, vous ne l’oublierez jamais ».
Il ne vous reste plus qu’à venir l’emprunter à la BU Lettres toutes affaires cessantes : lorsque vous l’aurez commencé, vous ne pourrez pas vous arrêter avant la dernière page !