Né en 1656, Tournefort est considéré comme le plus grand botaniste du XVIIe siècle. Élève des Jésuites, il étudia de manière approfondie le grec et le latin ; il découvrit également la physique, la chimie, la botanique et la médecine. Mais, cadet de la famille, il devait devenir prêtre et entra au séminaire. A la mort de son père, il changea d’orientation et étudia la médecine, la chimie et l’anatomie. Élève à Montpellier de Pierre Magnol, il compléta sa formation par de nombreux voyages, en Provence, Dauphiné et Savoie avec le Père Plumier, dans les Pyrénées orientales et en Espagne.
Le Jardin du Roi

Institutiones rei herbariae / Joseph Pitton de Tournefort.- Paris, 1700 (Gallica bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)
En 1683, à l’âge de 27 ans, il devint le suppléant de Fagon au Jardin du Roi (Museum d’histoire naturelle aujourd’hui), où il faisait des démonstrations de botanique ; il mena de nombreuses excursions dans les campagnes de l’Île-de-France, accompagné de ses étudiants, à qui il proposait ainsi un enseignement pratique. Il poursuivit en parallèle ses voyages, durant lesquels il herborisait (Midi de la France, Espagne, Portugal, Angleterre). Il enseigna également au Collège royal (futur Collège de France).
La classification des plantes
Les Éléments de botanique sont le premier ouvrage de Tournefort. Le tome I comporte un frontispice montrant le Jardin du Roi, un dédicace au Roi, un avertissement, les noms abrégés des auteurs cités, une table des classes des genres, 514 pages de texte, un dictionnaire des termes de botanique et deux tables de noms de plantes (une en latin, une en français). Les deux tomes suivants regroupent 451 planches ; Claude Aubriet réalisa les dessins sous la direction de Tournefort, qui, lui, forma son dessinateur à l’exactitude scientifique.
Pour cet ouvrage, il mit au point un nouveau système pour classer toutes les plantes (8846 alors connues) : « artificiel », il était basé sur l’examen de la corolle et de la nature du fruit. Il distingua (comme Théophraste dans l’Antiquité) les herbes (à fleurs et à pétales, sans pétales, sans fleurs) des arbres et arbustes ; il obtint ainsi 22 classes (auxquelles il ajouta celle des « anomales » pour le reste des fleurs). L’unité de base de son système était le genre (au nombre de 700) ; les noms d’espèces d’un même genre commençaient par un mot, simple et significatif, puis étaient ajoutés des mots descriptifs pour distinguer les espèces. C’est Tournefort qui a créé la nomenclature binominale, que reprit Linné.
Voyage au Levant
Le voyage qu’il fit au Levant (Crète, Constantinople, Asie mineure, Arménie, etc.) en 1702 à la demande de Louis XIV le fit connaître encore davantage, ce qui contribua à la diffusion de ses Éléments de botanique, qu’il avait traduits en 1700 en latin (Institutiones rei herbariae) pour leur assurer une meilleure diffusion, en ajoutant une histoire détaillée de la botanique et 25 nouvelles planches. A son retour, il publia un supplément à ses Institutiones, qui fut ajouté à l’édition posthume de 1717 illustrée de 13 nouvelles planches.
Tournefort, malgré ses lacunes (entre autres la méconnaissance de la sexualité des plantes), apporta beaucoup à la science de son temps : il montra l’utilité d’une classification rationnelle et l’importance du genre. Sa classification fit autorité parce qu’elle était facile d’usage et que ses compétences étaient reconnues et appréciées.
Mardi 9 février, à 13h, a lieu à la BU Médecine-Pharmacie une Petite pause méridienne qui sera consacrée à Tournefort. Entrée libre sur inscription préalable.
Pour en savoir plus…
- Botanique et médecine anciennes à travers le patrimoine des Universités toulousaines : [exposition présentée à la Bibliothèque universitaire Santé – site de Rangueil [Toulouse], du 15 novembre au 15 décembre 2005] / Textes de : Marielle Mouranche, Isabelle Fourasté, Dominique Mazau.- Toulouse : SICD, service du livre ancien, 2005
- Tournefort / par G. Becker, Henri Bianchi, Charles Carrière… [et al.] ; préface par Roger Heim.- Paris : Muséum National d’Histoire Naturelle, 1957