Images européennes de l’Amérique (16e-18e siècle)

Histoire générale des Antilles habitées par les François / Jean-Baptiste du Tertre.- Paris : Thomas Jolly , 1667-1671 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, M 37515)

Découvert par les Européens à la fin du XVe siècle, le continent américain est peu à peu exploré. Les côtes et l’intérieur des terres de l’Amérique du Nord, des Caraïbes et d’Amérique du Sud, de mieux en mieux connus, sont présentés dans de beaux livres, aux illustrations exotiques.

Certains de ces ouvrages sont l’œuvre de missionnaires, de gouverneurs ou d’explorateurs ayant eux-mêmes vu les territoires décrits ; d’autres compilent des informations de seconde main. La lecture des ouvrages et la découverte de leurs images, qui viennent les illustrer et rendent plus compréhensible ce qu’ils décrivent, nous apprennent tout autant sur les Européens de l’époque moderne et sur leurs préjugés que sur l’Amérique elle-même.

Au 16e siècle, habités par un sentiment certain de supériorité à l’égard des peuples africains et asiatiques, comme américains, les Européens portent un regard ambivalent sur le « nouveau » continent, que Waldseemüller a fait connaître aux savants en le nommant dans son planisphère (Library of Congress) en 1507 : il est idyllique, habité par des animaux inconnus et couvert de plantes merveilleuses ; il est également peuplé par des sauvages grands et beaux, dont la nudité et la pauvreté questionnent ; mais la découverte de leur pratique de la torture et du cannibalisme suscite l’effroi. À la suite de Cesare Ripa (INHA), les allégories de l’Amérique sont souvent des femmes couronnées de plumes portant un carquois et des flèches, et posant le pied sur une tête traversée par une flèche ; dans certains cas, est ajouté un tatou ou un crocodile.

Au 17e siècle, les missions et les voyages commerciaux se multiplient ; désormais, les récits décrivent les habitudes des populations rencontrées, que l’on cherche à christianiser ; les jésuites créent pour les indigènes des reducciones, dans lesquelles la langue et la culture des populations autochtones sont respectées.

Au 18e siècle, l’Amérique est vue comme une terre de libertés, que ce soit le Nord qui se bat pour son indépendance, ou le Sud, qui abrite des populations vivant encore dans un état de nature, des « bons sauvages », si souvent évoqués au Siècle des Lumières.

Le lundi 15 décembre à 18h et le vendredi 19 décembre à 12h, lors d’une Heure du livre ancien (une présentation thématique d’une heure qui permet de découvrir des livres anciens sur table plutôt que sous vitrine), seront présentés différents ouvrages contenant des gravures européennes dépeignant divers aspects de la vie en Amérique à l’époque moderne.

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