Comme le firent d’autres journaux de la même époque, celui-ci, fondé par Angonini, emprunta son titre à une publication ancienne, le Journal des dames et des modes, appelé ensuite Gazette des salons, qui parut de septembre 1797 à janvier 1839. La durée de publication fut exceptionnelle pour l’époque : elle était due à la qualité des textes et des illustrations, ainsi qu’à la valeur des collaborateurs. La nouvelle revue reprit en 1912 non seulement le titre de ce périodique ancien, mais aussi son format (qui est presque identique) et l’en-tête de chaque planche (qui porte le titre « costume parisien »).
Ce périodique paraissait tous les dix jours, le 1er, le 10 et le 20 de chaque mois. Il contenait des publicités, des billets d’humeur, des anecdotes, des descriptions de la mode la plus actuelle, de publicités pour des marques de luxe, des restaurants, des hôtels ou des activités culturelles, ainsi que des gravures. Ce journal avait pour public des oisifs riches et cultivés, mais son discours ne manquait pas de distanciation critique, d’humour et d’ironie.
Le tirage était limité à 1279 exemplaires. C’était une publication de luxe, comme l’indique la mention d’exemplaires numérotés. Les souscripteurs recevaient les fascicules tous les dix jours et pouvaient les faire relier par année. Les éditeurs étaient chargés de la reliure, ils proposaient plusieurs modèles et les « amateurs » pouvaient choisir celui qu’ils préféraient.
A la Belle Époque, la silhouette des femmes avait la forme d’un S, les accessoires étaient très importants. Les enfants avaient leur propre mode. Le costume dut s’adapter aux nouveaux modes de vie et distractions, voiture (elle n’était pas un espace fermé et le passager devait se protéger de la poussière), bicyclette, bains de mer, sport, comme le tennis, etc. C’était une époque de réaction contre les carcans : de nouvelles formes, des couleurs plus vives, par opposition à ce qui se faisait jusque là, se répandirent.
Le journal était publié à Paris car c’était le lieu où se faisait la mode. C’était un signe de réussite sociale que d’acheter ses robes à Paris et la plupart des reines s’habillaient dans cette ville. Le théâtre parisien était un lieu où l’on venait se montrer, les comédiennes, telle Réjane, aimaient souvent beaucoup la haute couture, mais il existait une exception, Sarah Bernhardt, qui faisait toujours retoucher ses robes par sa femme de chambre.
Cependant, le début de la guerre, en septembre 1914, arrêta brutalement tout ce qui touchait à la mode : la parution du Journal des Dames et des Modes s’arrêta en août 1914.