Le travail d’un professeur quand il n’y a plus cours…

Les cours sont terminés depuis le 27 avril, enfin, pour ceux qu’on a pu terminer, avec le blocus « tournant » de l’UFR Lettres et langues à Poitiers. Et pourtant, j’ai l’impression de n’avoir jamais travaillé autant,  malgré les efforts que je fais pour ne pas travailler le weekend, le soir et les jours fériés. Efforts, oui, car l’ensemble des obligations qui m’incombe font que je n’ai pas vraiment pu faire relâche.

Depuis le 6 avril, pendant les « vacances » du 7 avril au 22 avril et les jours fériés de mai, et jusqu’au 18 mai, voilà à quoi ressemble la charge de travail d’un professeur des universités.

J’ai rédigé dix-huit rapports pour deux postes de MCF et deux rapports pour des postes de PR – pour lesquels j’effectue 1 déplacement à Paris journée entière (2 réunions matin puis après-midi) et une vidéo-conférence sur une journée entière (Mulhouse). En tant que membre du comité de recrutement MCF 13e à Poitiers, j’ai siégé pendant deux jours (choix candidats, et auditions).

En tant que présidente d’un comité de recrutement de MCF 11e à Poitiers, j’ai reçu et vérifié les avis de 132 rapports, organisé les deux sessions (choix des candidats à auditionner, présidence de séance pendant deux journées entières, organisation des auditions, rédaction des procès-verbaux, et téléchargement des rapports et des P.V. sur l’application de l’université des dossiers dématérialisés).

J’ai lu deux chapitres de thèse d’une doctorante qui soutient en novembre, ainsi qu’un dossier de synthèse d’une MCF qui soutient son HDR avec moi à Poitiers, avec lesquelles j’ai eu des rendez-vous pour conseils.

J’ai eu d’autres rendez-vous avec une étudiante M2 qui pense s’inscrire en doctorat, et une étudiante M1 dont je dirige le mémoire qui sera soutenu en juin, ainsi que l’étudiante que nous envoyons à l’University de Southampton en ERASMUS, dont je suis la responsable d’échange.

J’ai corrigé 150 copies L1 LLCER et LEA, et préparé les épreuves d’examen de 2e session pour les deux cohortes. J’ai également surveillé ces épreuves, et d’autres, lors d’une journée marathon de 8h de surveillance d’examens délocalisés dans trois bâtiments différents (Chimie, Droit, Physique).

Pendant tout ce temps, j’ai également répondu aux mails des collègues concernant la vie du laboratoire dont je suis directrice, et au sein du département d’études anglophones, aux collègues concernant l’organisation de la nouvelle offre de formation et les emplois du temps. Un tachygraphe installé sur l’ordinateur portable qu’on utilise en permanence montrerait la fréquence des plages de connexion à l’environnement numérique du travail professionnel, l’amplitude des horaires d’une journée (avant 7h et après 20h – voir jusqu’à minuit), le nombre de mails reçus, de mails envoyés…

J’ai également essayé d’être présente aux réunions des conseils de l’Université dont je suis membre élue : CFVU et CAC, mais aussi le CES 7e-11e-12e-13e et le Conseil scientifique de l’UFR, mais des téléscopages de réunions font qu’on ne peut pas toujours remplir les obligations d’un mandat d’élu. Et, en tant que directrice d’une unité de recherche en Lettres et Langues, j’ai assisté à la remise d’un doctorat Honoris causa à l’écrivain, poète et essayiste Fernando Aínsa à la Maison des sciences de l’homme et de la société de Poitiers.

Pendant des moments de libre, et par ce que je suis passionnée par les cours que je donne, j’ai commencé à me documenter et à réfléchir sur le cours d’Agrégation civilisation britannique qui vient de sortir que je vais partager avec un collègue à la rentrée. L’organisation des autres cours de septembre attendra juin !

J’ai également préparé le m/s d’un livre, en souffrance depuis plusieurs années, repris l’année dernière pendant un semestre sabbatique, accepté pour publication, pour l’étape finale des épreuves avant impression.

Avec tout cela, je n’ai pas pu travailler à mes projets de recherche : les archives et sources que j’ai ramené de la mission de recherche en Californie (novembre-décembre) sont restées non-classées et non-exploitées, et les communications pour lesquelles j’ai été sollicitée (juin – Orléans, octobre – Bordeaux 3), et l’organisation des soutenances de novembre et d’une journée d’études à Poitiers (novembre) est restée en l’état.

Voilà à quoi ressemble le travail d’un professeur d’université qui accepte des responsabilités normales pour son rang à la fin de l’année universitaire, une fois que les cours sont finis, et pendant les « vacances » et jours fériés !