[notice]Ce billet date de mai 2014. Les choses vont assez vite et si vous voulez des informations à jour, il faudra chercher un peu ailleurs…[/notice]
Exceptionnellement, je me permets d’écrire un billet d’information (d’humeur ?) autour d’un sujet d’actualité : faut-il apprendre à programmer à l’école (primaire, collège, puis lycée) ?
Tout le monde n’est manifestement pas d’accord et différents avis ont été exprimés. Après un bref rappel des faits, je reprends quelques références et articles, classés ici par ordre chronologique.
Traditionnellement (depuis environ 20 à 30 ans), l’informatique c’est à dire la science qui regroupe, par exemple : l’algorithmique, la programmation, les réseaux… (à ne pas confondre avec l’usage de l’informatique, qui a aussi de l’importance, et consiste à savoir faire une feuille de calcul ou taper un rapport), est enseigné après le bac.
Depuis la rentrée 2012, une nouvelle option a fait son apparition en terminale scientifique, l’option : Informatique et Sciences du Numérique (ISN). Elle va probablement être généralisée aux terminales non scientifiques. Tous les lycées ne la proposent pas encore, mais je crois que c’est en chemin. Jusqu’à présent, l’informatique existait au mieux en tant que pause récréation du cours de maths au lycée (ce qui n’est déjà pas si mal mais bon…) et les tentatives précédentes d’une option informatique avaient échoué.
Depuis l’apparition de cette nouvelle option ISN, la question se pose de savoir si la programmation (et donc aussi l’algorithmique) doit être systématiquement enseignée, à tout le monde, et à partir de l’école primaire.Les slogans fleurissent : programmer pour ne pas être programmé, décoder le code…
Voici quelques références et billets publiés depuis environ un an. Mes tentatives de résumé biaisent probablement l’idée originale de l’auteur. Aussi, je vous encourage à lire les articles d’origine (encore que pour le rapport de l’académie des Sciences, il faudra que vous disposiez d’un peu de temps…) en suivant les liens pour vous faire une opinion.
Rapport de l’académie des sciences : L’enseignement de l’informatique en France: il est urgent de ne plus attendre (mai 2013). Militant pour pour l’apprentissage du code, ce document est cité comme référence dans d’autres billets. L’idée générale est de permettre à tous d’accéder à une réelle compréhension du monde numérique qui nous entoure. Or l’accès à la compréhension du monde numérique, c’est l’informatique : algorithmique, programmation, réseaux,…
Lire, écrire, compter… coder ? (22 juillet 2013) L’avis est moins tranché que ce dans des billets plus récents. On y rappelle l’existence du plan informatique pour tous des années 80, par lequel j’ai moi aussi découvert la programmation. L’auteur témoigne aussi de son expérience lors de coding-goûters, des séances de découverte de la programmation pour les enfants, à la mode FabLab et DIY, qui mettent à l’honneur l’apprentissage collectif et le tutorat.
La programmation, latin du futur ? (7 sept 2013). Dans ce billet d’un autre blog du café (Pourquoi, Comment Combien), Dr Goulu fait le point sur quelques expérimentations à l’étranger, discute de l’âge à partir duquel un enfant est capable de commencer en programmation (ce qui est loin d’être un détail si on évoque la possibilité d’apprendre la programmation à l’école primaire…) et propose une comparaison intéressante entre l’apprentissage d’un langage informatique et celui du latin.
Plus de programmation à l’école, d’accord, mais on la cale où dans le programme? (22 janvier 2014)
Enseigner le code à l’école ? Vraiment ? (25 avril 2014, mais initialement, 23 avril). L’auteur fait remarquer, entre autres choses, que les programmes sont déjà chargés (en heures de cours, si on les compare aux programmes de nombreux autres pays), qu’ils sont a priori entièrement constitués de matières fondamentales (au moins aussi fondamentales que l’informatique), et que rajouter encore quelque chose ne va pas nécessairement améliorer la qualité de l’éducation car la conséquence ne pourra être qu’une augmentation de la taille des programmes ou la suppression de choses tout aussi importantes que l’informatique. On y lit que l’ajout de l’informatique ne serait peut être qu’un prétexte pour une refonte complète d’un système éducatif qui n’est plus à la page. On y trouve aussi un rappel, avec des liens, vers les différentes initiatives en rapport avec l’apprentissage de la programmation en France ou à l’étranger (an hour of code, école 42,…). Sont aussi donnés des liens vers les différents rapports de l’académie des sciences, de la SIF (Société Informatique de France), du Syntec Numérique etc… Que vous soyez d’accord ou pas avec l’avis de l’auteur, le billet est bien documenté.
La liberté numérique commence où l’ignorance informatique finit (24 avril 2014) : L’auteur répond au billet précédent reprenant un des arguments massue (de l’académie des Sciences, de la SIF etc..) : ne pas enseigner le code est une forme d’obscurantisme visant à laisser les générations futures dans l’état de consommateurs du numérique, pour le plus grand profit d’une poignée.
Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant le code ! le code ! le code !… (29 avril 2014). L’auteur est clairement opposé à l’enseignement de l’informatique en tant que discipline «séparée» comme le sont les maths, le français… Il n’est toutefois pas opposé à l’enseignement du numérique comme discipline transversale. L’accent est mis sur l’apprentissage de la production d’information.
Lire écrire, compter… et programmer ! (29 avril 2014) : Défendant l’apprentissage du code, langue du XXIe siècle, l’auteur compare la France à des pays (États Unis, Corée du Sud, Inde…) qui ont déjà sauté le pas et oppose le recul du programmeur à la vulnérabilité du consommateur d’informatique. Le billet nous rappelle en outre que l’industrie d’aujourd’hui et de demain, y compris en France, a besoin de programmeurs.
L’informatique, c’est simple code «bonjour !», (1er mai 2014)
Apprendre le code, même à l’école (2 mai 2014) : Une dépêche de France Inter qui reprend et synthétise divers arguments : témoignages de pays étrangers qui ont déjà imposé ou facilité l’apprentissage du code à l’école. Il est toutefois noté qu’une réelle compréhension de la programmation peut ne pas être atteinte avec des outils adaptés aux enfants (programmation par blocs…). L’importance pour l’insertion professionnelle est aussi soulignée.
Le dossier Écrire, Coder, Penser contient aussi beaucoup d’informations qui s’étalent de 2011 à mai 2014
Globalement, il me semble qu’il y plus d’avis (exprimés) pour la démocratisation de l’apprentissage du code que contre. Si je devais prendre parti, je serais probablement pour (non pas parce qu’il y a plus d’avis… mais parce que c’est… presque… le mien). Toutefois je ne suis pas convaincu que vouloir à tout prix que le code soit enseigné à tous, ou bien vouloir à tout prix éviter que la discipline informatique soit enseignée aux plus jeunes permette d’améliorer le monde de l’éducation. Je reste convaincu qu’on peut avoir une vie intéressante, équilibrée, responsable et intelligente, sans toutefois savoir programmer. Et j’espère que ce sera encore comme ça pendant un moment. Néanmoins, j’estime avoir été chanceux d’entrer au collège dans les débuts du plan informatique pour tous (déjà mentionné au début de ce billet) et avoir été chanceux d’avoir eu si jeune un contact sain avec l’informatique (l’avantage est qu’à cette époque, un contact avec l’informatique était presque nécessairement un contact sain…). Je m’en voudrais de ne pas tenter d’offrir cette chance aux écoliers et collégiens. Leur offrir la possibilité d’apprendre l’informatique avec des enseignants formés (et motivés), et du matériel devrait être une priorité. Mais tenter d’imposer cette discipline pourrait bien avoir un effet contraire à celui souhaité… [important]Et ce serait dommage car apprendre à programmer, puis, programmer, est une activité enrichissante, formatrice, et passionnante, qui donne effectivement un regard et un recul particulier sur le monde numérique… sauf peut être si c’est un exercice imposé… [/important]
3 Commentaires
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Auteur
Pour la pierre de Rosette, tu ne crois pas si bien dire : http://rosettacode.org.
Et APL est dedans 🙂
Mais comment ai-je pu vivre dans l’ignorance de ce site génialissime ???
Merci ! 🙂
Merci d’avoir mentionné mon article 😉
Plus j’y pense plus je trouve que le parallèle « programmation/latin » est intéressant. Personne ne nie que leur apprentissage « forme l’esprit » même si on les utilise pas directement ensuite. D’ailleurs, beaucoup de langages de programmation sont déjà « morts » (Gravons vite une Pierre de Rosette APL / Java !).
Et ce parallèle peut justement appuyer l’argumentation auprès des politiques, parmi lesquels je suspecte qu’on trouve plus de latinistes que de programmeurs.
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