Biohistoire II – « Biohistoire des papillons » (2012), œuvre inédite et édifiante

(Suite de l’article Biohistoire I)

biohistoire

En 1992, une association, « L’atlas entomologique régional » (Nantes), entreprend d’enquêter sur l’histoire des lépidoptères rhopalocères (« papillons de jour ») dans les départements de la Loire-Atlantique et de la Vendée depuis le début du XVIIIe siècle jusqu’en 2005. Ses membres, promouvant la notion de biopatrimoine et une culture naturaliste, font le constat d’une érosion de la biodiversité des papillons dans l’ouest de la France.

Pourquoi avoir fait le choix des lépidoptères rhopalocères ? Parce que la France est un pays d’ancienne tradition naturaliste et que, grâce aux collections, les papillons forment un des rares groupes zoologiques ayant fait l’objet d’importants matériaux historiques datés et localisés.

Aussi, le projet de biohistoire des papillons s’est développé en suivant deux méthodes de travail : collectage d’informations historiques, muséologiques, et inventaires sur le terrain afin de documenter trois périodes : avant 1960, 1960-1989, 1990-2005. 84000 observations ont pu être collectées entre 1734 et 2005 pour nourrir cet ouvrage inédit reposant « à la fois sur une hyperprospection contemporaine des espèces et sur la plus importante enquête historique jamais réalisée en France sur un groupe zoologique. » (source : http://www.aer-nantes.fr/nos-publications/88-publications/114-biohistoire-des-papillons).

Forte de l’importance de ces données, l’originalité de l’entreprise est de corréler l’évolution historique des populations de papillons avec celle du climat et des technotopes. Elle permet alors de « quantifier précisément l’extinction régionale des espèces dans l’espace-temps ou de modéliser leur statut de conservation, au moyen de courbes aire-espèces. » (source : http://biohistory.free.fr/biohistoire.html).

L’opinion courante – la doxa – verra peut-être là un fruit doublement marginal : marginalité d’une discipline non légitimée par la sphère scientifique ; marginalité d’un groupe zoologique relativement peu connu et peu médiatisé. La démarche se veut pourtant innovante et édifiante car elle témoigne de ce dont on ne témoigne jamais : d’un côté, l’étude régionale et systématique de l’espace pris comme technotope, c’est-à-dire abordé comme qualité écologique de son anthropisation ; d’autre part, le procès de l’invisible, de ce qui échappe largement à la conscience, à savoir l’histoire du vivant, souvent discret, toujours furtif, et qui ne dit jamais rien.

L’ouvrage « Biohistoire des papillons. Diversité et conservation des lépidoptères rhopalocères en Loire-Atlantique et en Vendée », Presses universitaires de Rennes (2012), est disponible à la Bibliothèque Universitaire Sciences (campus) à la cote : 595.78 PER.

Bacchante

Bacchante (Lopinga achine), espèce ayant disparu de la Loire-Atlantique et de la Vendée au cours du XXe siècle (cliché : Olivier Pouvreau, 07 juin 2014). Diffusion autorisée par l’auteur.

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