SUNTHESE DE LECTURE
Nélia DIAS, Le Musée d’ethnographie du Trocadero (1878-1908): Anthropologie et Muséologie en France, Paris, éditions du CNRS,1991, 310 P.
Il s’agit d’une monographie, d’une analyse d’un moment fondateur de l’histoire de l’anthropologie française et de son influence sur l’histoire des musées. L’auteure y retrace d’une part l’émergence d’un programme théorique et méthodologique, et d’autre part le développement des institutions de conservation, de recherche et d’enseignement : les musées.
Pour ce faire elle y développe ses propos en trois parties.
– Aux chapitres I et II elle procède à l’examen de la situation de l’anthropologie au 19e siècle, ce par un bilan de publication et la situation de la discipline par rapport aux autres champs du savoir, la présentations des sociétés savantes et des enseignements.
– Les chapitres III, IV et V sont consacrés au panorama des collections d’ethnographie en Europe et les différentes manières de les classer au musée.
– Pour finir elle présente du chapitre VI au chapitre IX trois courtes monographies, l’histoire de l’exposition universelle de 1878, la biographie de E-T Hamy et l’examen des collections du Musée du Trocadero.
En somme, Il en ressort que le Trocadero présente des pièces à la fois préhistoriques et ethnographiques, des objets européens et exotiques. La structure interne de l’édifice justifie la disposition retenue pour un parcours circulaire. Ce qui est en parfaite harmonie avec les conceptions monogénistes de son fondateur. Le système de classification qui y est développé combine celui de Jomard suivant la nature et l’usage des objets et l’approche en terme d’aires géographiques de Von Siebold, montrant l’unité de l’espèce humaine à travers ses variétés : les besoin biologiques et culturelles identiques chez tous les peuples donnant lieu à des objets dont chacun rempli des fonctions spécifiques.
La construction muséographique qui y est développée par Hamy est liée à la nécessité de mettre en place des archives de faits sur lesquelles travailler. Dans les choix on peut observer la primauté accordée à l’étude des productions matérielles au détriment de l’analyse des différentes représentations : Ce qui réduit à la culture aux manifestations matérielles, à celles susceptibles d’être exposées et mises en vitrine, en privilégiant les mode de vie et les cultures sur les techniques ; l’ordre dans lequel les objets sont disposés prédéterminent les résultats de recherche.
Par la suite la discipline s’émancipera de la tutelle naturaliste pour éclater entre anthropologie physique et anthropologie sociale. Simultanément une recherche du sens s’y substituera à l’analyse des formes. D’où la nécessite de connaître le contexte de production et d’utilisation de l’objet, élément que seule la pratique du terrain peut procurer, la révolution des années 30 puis l’avènement de départements universitaires inaugurant un nouvel ère de l’anthropologie française.
Au 19e siècle comme l’écrit l’auteure, parmi toutes les institutions, laboratoires et écoles savantes, seul le musée conférait à l’anthropologie une reconnaissance sociale auprès d’un vaste public. Il n’y est pas évoqué la culture muséale du 19e siècle et l’innovation que pouvait évoquer à cet égard le musée du Trocadero.
Mais l’auteure fait la remarque selon laquelle « Ce musée a été un lieu dans lequel se forgeaint les représentations de l’altérité, ce au-delà de sa fonction de miroir de l’anthropologie. Le fondateur de l’institution Ernest Théodore Hamy était bien conscient de ce statut de l’établissement car dans son rapport intitulé les origines du musée d’ethnographie où il retrace l’histoire de musée thématique, du cabinet de curiosité aux expositions universelles en laissant entrevoir l’enjeu social et politique du musée, mettant aussi en relief les fonctions scientifique ( lieu de conservation et d’étude) , pédagogique (lieu d’instruction pour les missionnaires, les colons et les commerçants) et patriotique (lieu de glorification des exploits nationaux et coloniaux) dévolues au musées ethnographiques.