L’intérêt de la présentation muséographique habituelle des musées d’ethnographie et musées des arts et traditions populaires, ou même des musées d’archéologie ou d’histoire est de ne pas se limiter à une mise en espace de caractère impressionniste, ne faisant appel qu’à la sensibilité visuelle des visiteurs.Là, les artefacts, de caractère artistique ou technique, sont toujours accompagnés d’informations circonstanciées permettant aux visiteurs de se faire une idée des contextes et de comprendre les fonctions qui ont été les leurs, l’époque et le lieu où ils ont été élaborés et utilisés.
Ce qui n’est que rarement le cas dans les musées d’art où les cartels sont généralement réduits à leur plus simple expression afin ne pas interférer sur l’impact visuel des œuvres elles mêmes auprès du public.
II y aurait donc une incompatibilité quasi épistémologique entre ces deux façons de présenter les réalisations non occidentales : le conservateur de musée d’art voulant avant tout mettre en valeur la spécificité et la beauté des items choisis; Le conservateur ethnologue ou archéologue considère quant à lui qu’il est nécessaire d’expliquer le lien des objets avec leur contexte et leur histoire, au motif qu’un item non référencé reste privé de sens.
Le premier veut des cartels aux indications minimalistes, le second des panneaux et des cartes à caractère didactique. D’ailleurs, on constate que l’exercice est plus facile pour l’élaboration des catalogues, qu’il s’agisse de ceux des musées d’art ou de ceux des musées ethnographiques. Car il est d’usage pour les uns et les autres de consacrer une partie substantielle aux explications.
Références bibliographiques
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Felix Feneon, Iront-ils au Louvre? Enquêtes sur les arts lointains. Bulletin de la vie artistique, 1920.
Jean Laude, Les arts de l’Afrique Noire, Paris: Le livre de Poche, 1966.
Michel Leiris et Jacqueline Delange Afrique noire, la création plastique, Paris: Gallimard, 1966.
Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, Paris: Plon, 1955.