De Keersmaeker
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Partita 2 est un ballet de danse contemporaine de la chorégraphe Belge Anne Teresa De Keersmaeker, écrit en collaboration avec le chorégraphe français Boris Charmatz pour deux danseurs et une violoniste. La création mondiale a eu lieu le 3 mai 2013 à Bruxelles en Belgique.
Le support sonore est la partita en ré mineur BWV 1004 pour violon seul qu’Anne Teresa De Keersmaeker analyse, notamment la Chaconne qui termine l’œuvre, en se focalisant en particulier sur la ligne de « basse cachée » de la partition pour structurer la chorégraphie. Boris Charmatz souligne tout particulièrement le « travail lent et minutieux [de De Keersmaeker…] qui sui[t] une ligne et la creuse, et la recreuse » pour à la fin à force de travail faire « apparaître une forme».
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Partita 2 est entièrement écrit autour de la partition en cinq mouvements de Bach. Le ballet est structuré en trois parties d’environ 25 minutes chacune dans lesquelles Anne Teresa De Keersmaeker reprend des principes d’écriture chorégraphiques et scéniques développés dans ses deux derniers spectacles ainsi que dans Zeitung (2008) et The Song (2009) qui ont pour but de donner à voir la musique et de donner à entendre la danse.
Pour cela, la première partie du ballet repose sur l’interprétation de la partita par la violoniste dans le noir total afin de concentrer l’attention du spectateur sur l’intensité et la richesse de l’œuvre de Bach. L’interprétation s’arrête tout à fait abruptement juste avant l’arrivée sur le point culminant du premier tiers de la Chaconne. Le duo entre alors en scène pour danser, sans musique, la chorégraphie qui s’attache à la question du mouvement, notamment dans le rapport entre le corps et la marche, la course, la danse en suivant les intitulés de la partition de Bach. Ainsi, les interprètes, habillés strictement en noir, portant des baskets de couleurs vives et crissantes, évoluent sur un plateau nu où sont légèrement dessinés différents réseaux de cercles ou de sphères guidant leurs trajectoires. La troisième partie intègre les deux premières, en reprenant cette fois l’ensemble de la partition et de la chorégraphie interprétées par la violoniste et le duo qui interagissent au plus près pour exposer Partita 2.
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Ce qui est fascinant dans cette œuvre est le traitement des deux premières parties, musique jouée dans le noir complet, puis du duo dansé sans musique, avant que le trio de danseurs et de la violoniste ne se forme et qu’on saisisse enfin la clé de l’œuvre, qu’on avait préalablement sentie instinctivement arriver. La répétition à la fois temporelle, mais aussi mise en espace de la musique « par transparence » si je puis dire est proprement saisissante.
Pina Bausch
Pina Bausch est l’une des principales figures de la danse contemporaine et du style « danse-théâtre ». Elle est née le 27 juillet 1940 à Solingen en Allemagne et morte le 30 Juin 2009 à Wupperthal. La source de son Café Müller pourrait en partie être liée à ses origines. Ses parents tenaient en effet un bar-hôtel à Solingen durant la Seconde Guerre mondiale. Pina Bausch raconte s’être cachée sous les tables du café lorsqu’elle était enfant durant les années de guerre et avoir observé et écouté les adultes, leurs peurs et colères, elle-même déclarant « passe[r] [s]a vie à essayer de donner une forme à ces émotions enfouies, évanouies ».
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La scène de Café Müller est recouverte de chaises de bistro et de guéridons. C’est un espace que les danseurs doivent moduler pour pouvoir y circuler. Le corps du danseur est en perpétuel contact avec ce qui l’entoure : les chaises, les murs, le sol… Les contacts violents entre les interprètes et le décor, chocs contre les murs, les baies vitrées, les chaises, présentent des corps meurtris et douloureux. Certains danseurs évoluent durant l’ensemble de l’œuvre les yeux fermés et tentent de se frayer un passage dans le désordre perpétuel des chaises et tables, aidés par l’un de ses compagnons qui lui ouvre le chemin au dernier moment en déblayant violemment les objets.
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La danse de Pina se nourrit d’expérience de la vie réelle, la communication étant réduite à des gestes stéréotypés, en particulier ceux de la séduction mais aussi des gestes du quotidien. La douleur des corps mais aussi émotionnelle des personnes est un thème récurrent de cette pièce. Là aussi la notion de temporalisation est renforcée par la musique ou bien l’absence de musique. La danse dans le silence donne accès ici aussi à un univers quasi-hors temps. L’utilisation également ici d’une œuvre à basse obstinée, la mort de Didon de Purcell, structure efficacement le temps comme chez Anne Teresa De Keersmaeker.
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Laure