Pourquoi l’Espagne n’a pas eu le rayonnement scientifique lors de la révolution scientifique au XVIe – XVIIe siècle de la Pologne de Nicolas Copernic, de l’Allemagne de Johann Kepler, du Danemark de Tycho Brahe, de l’Italie de Galilée, de la France de Descartes, de l’Angleterre d’Isaac Newton … ?
C’est une question que je me pose et que j’ai posée dans mon entourage depuis un certain temps. Les réponses ont souvent été évidentes (arriération, pauvreté, intérêt pour les voyages, les conquêtes, …) … pour aussitôt être contredites par comparaison avec d’autres pays. La principale cause invoquée est la présence répressive de la religion ! Oui, mais l’Italie de Galilée avec la présence du Vatican à Rome ? Bon, Leonardo Sciascia, lui, est d’accord avec cette explication dans son livre sur la disparition énigmatique d’Ettore Majorana : c’est à cause de l’inquisition. Et vous, qu’en pensez-vous ?
« La disparition de Majorana »
Leonardo Sciascia
p. 73 note de bas de page
« Evidemment, l’affirmation ne veut pas être apodictique en ce sens que, en Sicile, il n’y a pas eu un homme de science parce que les siciliens ne sont pas doués pour la science. Une semblable affirmation, de notre part, présuppose toujours des raisons historiques ; et, parmi celles-ci la présence – plus durable plus continue, plus envahissante et capillaire que dans d’autres régions d’Italie – de l’Inquisition, de l’Inquisition Espagnole. Raison pour laquelle l’Espagne elle aussi, et c’est un lieu commun, peut être considérée comme un pays qui n’est pas doué pour la science. Tout aussi évidemment, on ne veut pas dire qu’en Sicile, d’Archimède à Majorana, il ne se soit vraiment trouvé personne qui se soit consacré à la science. Il y a eu un Maurolico, il y a eu Bernardino d’Ucria et Bottone, botanistes, il y a eu Campailla, philosophe et expérimentateur, Ingrassia, anatomiste, Cannizaro, chimiste. On peut aussi considérer comme des prédécesseurs immédiats d’Ettore Majorana « l’école mathématique de Païenne », et – dans sa famille même – le physicien Quirico Majorana. Ce dernier, professeur à l’université de Bologne, s’évertua pendant toute sa vie à démontrer que la théorie de la relativité était fausse, sans jamais y parvenir et en reconnaissant honnêtement qu’il n’y parviendrait pas ; ce qui ne l’empêchait pas de continuer obstinément à la combattre. Un cas qui nous semble « très sicilien ». Et nous serions curieux de savoir quels étaient les rapports, quelles étaient les discussions à propos de la relativité, entre l’oncle et le neveu ; entre Ettore qui y croyait, et Quirico qui refusait de l’accepter. »
L’inquisition est sans doute une explication intéressante. En espagne à cette époque, on a non seulement l’inqusisition mais aussi un état central fort. En France aussi, mais la religion en France était plus autonome (le Gallicanisme). En Italie, religion forte mais Etat faible avec une multitude de cités nations.
De plus, que sait on de la présence de bilbiothèque dans ces pays. Il me semble que nombre de bibliothèques étaient présentes dans des monastères, notamment en Italie et en France. Quid de l’Espagne après l’inquisition et la Reconquista?
Merci Karl pour tes éclairages !