Covid 19, épisode 6 : la diffusion spatiale de l’épidémie

Billet important aujourd’hui, sur la question de la diffusion spatiale de l’épidémie. Je vous propose de comparer trois pays : l’Espagne, la France et l’Italie.

Pour cela, j’ai collecté les données sur le nombre de décès par région pour la période commune aux trois bases de données, à savoir la période allant du 18 mars au 29 mars 2020. J’ai également collecté les mêmes données à l’échelle des départements, pour la France.

J’ai ensuite calculé un indicateur synthétique de concentration spatiale de la population, d’une part, et des décès, d’autre part. Les valeurs de l’indicateur varient entre 1 en cas de concentration maximale et 100 en cas de concentration minimale.

Voici un premier tableau de résultat, je vous explique ensuite comment le lire :

J’obtiens pour la population espagnole un indice de 50 : cela signifie que tous se passe comme si la population espagnole était concentré dans 50% des régions d’Espagne. Pour les décès en Espagne à la date du 18 mars, l’indice est de 12 (tout se passe comme si 12% des régions étaient concernées par les décès). Il est beaucoup plus faible, ce qui signifie que les décès sont beaucoup plus concentrés géographiquement que la population. On peut rapporter les deux indices (50/12), on obtient alors les ratios de la quatrième ligne, soit 4,2 pour l’Espagne : les décès sont en gros 4 fois plus concentrés que la population.

Qu’observe-t-on comme principaux résultats ?

  • les populations des trois pays sont répartis de manière relativement similaires entre leurs régions (indices compris entre 50 et 60),
  • toujours pour les régions, les décès à la date initiale sont entre 3 à 5 fois plus concentrés que les populations,
  • A l ‘échelle des départements français, la concentration spatiale de la population est plus faible (indice de 63), celle des décès est beaucoup plus forte (indice de 7), soit une concentration des décès près de 9 fois supérieure à celle de la population,
  • à l’échelle des régions, la concentration spatiale des décès diminue de manière assez sensible pour la France et l’Espagne, même si ils restent plus de deux fois plus concentrés que la population. L’évolution pour l’Italie est beaucoup plus faible, la diffusion spatiale des décès est donc moins marquée pour ce pays, ce qui peut s’expliquer par un confinement pus précoce et, en apparence, relativement efficace,
  • L’évolution pour les départements français est la plus marquée de toute, bien plus marquée que pour les régions françaises : cela signifie que le mouvement dominant pour la France correspond à une diffusion interdépartementale mais infra-régionale de l’épidémie.

Pour compléter l’analyse, j’ai construit un graphique qui retrace les indices de concentration spatiale des décès pour les trois pays, en prenant la date du 18/03/2020 comme indice base 100, ce qui permet de visualiser le profil d’évolution de la géographie des décès. On obtient le graphique suivant :

On retrouve logiquement les mêmes résultats (diffusion plus marquée pour l’Espagne et la France, très faible diffusion pour l’Italie), avec cependant un profil différent pour l’Espagne (hausse continue) et la France (hausse jusqu’au 23/03/2020 puis stabilité).

Pour finir, j’ai cartographié les décès à l’échelle des départements français à 3 dates (18/03, 23/03, 29/03). Sont représentés les indices qui rapportent pour chaque département le poids dans les décès au poids dans la population.

Les départements en blanc sont ceux qui n’ont connu qu’un nombre très limité de décès, leur nombre diminue fortement, signe de la diffusion de l’épidémie : pratiquement tous les département sont désormais concernés, mais de manière très hétérogène. Pour l’instant, la diffusion a surtout opéré au sein des régions Grand Est, Haut-de-France, Ile-de-France et Bourgogne Franche-Comté.