Le 17 décembre 2013, Olivier Chardavoine, officier dans la Gendarmerie Nationale, a soutenu sa thèse de Doctorat en sciences de l’information et de la communication à l’IAE de Poitiers sur « La prise de décision dans le cadre de la politique publique d’intelligence économique territoriale : apports des pré-déterminants tendanciels de la décision. »
Malgré les nombreuses recherches effectuées à ce jour, il n’est pas toujours aisé de bien comprendre les mécanismes en œuvre dans une prise de décision. Ceux-ci empruntent à différentes disciplines : sciences de l’information et de la communication, sciences de gestion, psychologie, sociologie…. Si chacune a pu se développer indépendamment des autres, il ne peut être fait l’économie aujourd’hui de passerelles entre elles au risque de ne pouvoir jamais percevoir dans leur globalité les processus de prise de décision. Ce n’est pas tant la reconnaissance des liens existants entre ces disciplines que la méthode permettant de quantifier les valeurs de cette relation qui fait défaut aujourd’hui.
La variabilité du genre humain et les multiples possibilités de situations rendent impossible la création d’une table où chaque comportement serait évalué pour chaque type de situations envisageables. Les possibilités sont infinies. En revanche, la théorie des jeux enseigne qu’il est possible d’évaluer la position d’un joueur et son interaction avec les autres acteurs du jeu à partir d’un résultat numérique. L’outil manquant aujourd’hui est une méthode permettant de quantifier numériquement n’importe qu’elle posture d’un joueur, quelle que soit la situation à laquelle il est confrontée et quel que soit le nombre de joueurs impliqués.
La recherche d’Olivier Chardavoine a pour ambition de combler ce vide, le système proposé ayant été expérimenté à travers trois cas concrets de la politique publique d’intelligence économique territoriale française : la protection juridique de l’information stratégique, l’agence nationale de développement économique, la réorganisation des pôles de compétitivité.
A l’issue de la soutenance, Olivier Chardavoine a obtenu le grade de Docteur en sciences de l’information et de la communication avec la mention très honorable et les félicitations du jury à l’unanimité. Le jury était présidé par Philippe Dumas (Université du Sud Toulon – Var) et composé de Franck Bulinge (Ecole de Commerce Européenne), Pierre Fayard, (IAE de Poitiers), Gérard Pardini (INHESJ) et des deux co-directeurs de thèse Ludovic François (HEC Paris) & Nicolas Moinet (IAE de Poitiers).
Le jury insista sur le fait qu’il est tout à fait remarquable de mener de front une activité professionnelle prenante de commandant d’un escadron de Gendarmerie de près de 90 professionnels, une vie familiale et une thèse de Doctorat. Disponible et très à l’écoute des remarques et critiques, Olivier Chardavoine a su tracer son propre sillon, certain de la pertinence de la voie choisie. Pourquoi une telle certitude : parce que cette thèse est en grande partie l’explicitation d’une expérience riche et d’analyses empiriques.
Cette recherche à visée opérationnelle arrive à point nommé, la politique publique d’Intelligence Economique Territoriale étant en pleine reconstruction après avoir été marquée par le rapport du Préfet Bernard-Laurens d’avril 2013 qui insistait sur l’impérieuse nécessité de mettre fin à ces jeux d’acteurs qui favorisent le cloisonnement et la rétention des informations au détriment d’une connaissance stratégique de l’environnement économique sur lequel ils sont pourtant censés agir ! Or une politique publique nouvelle nécessite à la fois un niveau de coordination et un échelon local de mise en œuvre et d’écoute, au plus près des entreprises. Le niveau de coordination régional existe et peut être parfaitement opérationnel sous réserve d’inter-ministérialité. A contrario, la mise en œuvre territoriale de la politique publique d’intelligence économique, en dehors des grands groupes suivis à l’échelon national, nécessite un travail de proximité à l’écoute des entreprises disséminées sur le territoire. Mais hormis dans le domaine de la sécurité économique où la Gendarmerie nationale dispose du réseau ramifié de ses compagnies note le rapport, l’Etat reste trop éloigné des entreprises faute de synergies.
On le voit, la pierre ici apportée par Olivier Chardavoine devrait s’avérer d’une grande utilité à l’édifice de la politique publique d’intelligence économique territoriale. Utile car scientifiquement élaborée.