Intelligence économique et influence

Jeudi 28 novembre 2013, Alain Juillet a ouvert le colloque Les sciences de l’information… et leurs implications géopolitiques en traitant le thème « Intelligence économique et influence » devant une quarantaine d’experts internationaux.

Colloque Corse

Selon Alain Juillet, ancien Haut Responsable à l’Intelligence Economique et actuel Président de l’Académie de l’IE, « le développement de programmes nationaux d’intelligence économique et la mise en pratique de méthodes et d’outils de plus en plus performants ont permis d’atteindre un  niveau très performant d’expertise et d’efficacité aussi bien dans le domaine de la veille que de l’analyse ou la synthèse des données. » Une bonne nouvelle que ce fin connaisseur du domaine relativise alors dans la foulée : « La contrepartie de cette maîtrise du concept par un nombre croissant d’utilisateurs dans le monde est la réduction progressive de l’avantage concurrentiel de tous ceux qui le pratiquent. Face à ce constat qui concerne aussi bien les capacités offensives que défensives, les professionnels ont été amenés à s’intéresser à une autre dimension jusque là sous estimée : l’influence. »

Mais qu’est-ce que l’influence s’interroge alors Alain Juillet ? « Ce n’est ni de la propagande, ni de la publicité ni du lobbying puisqu’il s’agit d’obtenir que la cible s’auto convainque de quelque chose que l’on veut le voir défendre en agissant indirectement et sans aucune pression sur ses schémas mentaux et en utilisant sa rationalité. Faisant appel à l’intelligence émotionnelle elle utilise dans son action tous les outils de l’intelligence économique. Elle s‘appuie comme vecteurs principaux sur les réseaux sociaux et les ONG. »

Le premier constat concerne l’utilisation et l’efficacité relative de l’influence qui constituerait une étape clef pour notre industrie. Selon Alain Juillet,  elle peut se concevoir de trois manières :

– les grands groupes industriels comme les grands pays sont capables de développer leurs propres réseaux d’influence en y mettant les moyens nécessaires. Ils sont également capables d’orienter leurs actions simultanément vers différentes cibles.

–  Les groupes d’entreprises ou d’établissements de taille intermédiaire comme les petits pays n’ont pas la possibilité de développer de tels réseaux. La solution passe par la création d’une influence sectorielle  ou nationale, au niveau global, afin que celle ci soit profitable pour tous. Ceci exige le consensus qui affadit le message.

– Enfin, l’individu peut exercer une influence réelle  sur d’autres individus ou un groupe si sa cible partage inconsciemment une partie de ses idées sans l’avoir encore formulée. Il s’y ajoute une sorte de force de persuasion bien qu’il n’exerce aucune pression sur sa cible.

L’autre constat repose sur la capacité d’utilisation de l’influence sous forme offensive ou défensive pour renforcer ou contrer une stratégie ou une action concurrentielle au niveau national ou international. « Aujourd’hui, explique Alain Juillet, une bonne stratégie est une condition nécessaire mais insuffisante pour réussir. Il faut y ajouter une campagne d’influence expliquant pourquoi vous devez ou allez gagner. L’expérience montre que c’est un processus exigeant non seulement de bonnes connaissances techniques mais la capacité d’utilisation de moyens variés qui doivent s’adapter à chaque problématique. »

Après la veille, l’analyse et la synthèse que l’on regroupe dans la maitrise de l’information, après la conception de modèles pour la sécurité et la sureté , « nous entrons, conclut Alain juillet, dans une période où la recherche va devoir s’intéresser à l’influence pour en approfondir l’approche environnementale, les procédés techniques,  et la compréhension des constructions intellectuelles faites par les cibles. »

A bon entendeur…

Alain Juillet au colloque d'Ajaccio

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