Pas si simple de lire entre les chiffres…! C’est ce qu’ont pensé les participants à la conférence d’ouverture du Forum de l’Institut d’Administration des Entreprises de Poitiers le 15 novembre dernier, intitulée « les étudiants face à la crise »… ! Animée par Christophe THILL, chargé d’études à l’APEC qui a présenté les grandes tendances du marché de l’emploi pour les jeunes diplômés, déclinées pour chacune des filières de l’IAE.
Certains étudiants du Master en Gestion des Ressources Humaines, déjà recruteurs pour certains dans le cadre de leur mission d’apprentissage, ont proposé des simulations d’entretien pour ceux de leurs collègues qui souhaitaient s’entrainer à ce périlleux exercice. Ils nous font part de leur ressenti et de leurs conseils pour dépasser les chiffres et préparer concrètement son insertion professionnelle…
Dépasser les idées reçues (les filières qui « paient », celles qui ne donnent accès qu’à un CDD…) pour assumer ses choix, capitaliser sur un domaine de spécialité, et se projeter de manière concrète dans sa future réalité professionnelle, voici quelques pistes parmi celles qu’ils proposent pour réussir l’entretien de recrutement…
Clarifier son argumentaire pour savoir parler de soi
Savoir parler de soi suppose d’abord d’être capable d’argumenter ses qualités : « se vendre en parlant de soi, illustrer ses réussites avec des réalisations parlantes, sans trop en faire mais sans hésiter non plus… ! C’est bien ce qui fait le plus souvent défaut aux candidats ». Un vrai travers dans notre culture à dominante judéo-chrétienne, où l’on est plus prompt à stigmatiser ce qui ne fonctionne pas bien, plutôt que de valoriser la réussite ! « Cela ne dispense pas le candidat de parler de ses défauts, bien sûr : il aura tout intérêt à les aborder avec transparence et lucidité, stratégie gagnante pour rassurer le recruteur… »
Se préparer à l’exercice…
Un entretien se prépare, ce qui ne semble pas toujours aller de soi pour le candidat peu rôdé à l’exercice. Autant s’épargner l’entretien calamiteux qui peut dans certains cas laisser des traces malheureuses pour le candidat, qui appréhendera désormais ce type d’échange durablement. Or, sa vie professionnelle future a de grandes chances d’être pavée d’événements de ce type, qu’il s’agisse de reportings hebdomadaires, d’entretiens annuels, ou d’autres expériences du recrutement… Autant démarrer gagnant dans cet art délicat, et en faire un exercice de style plus stimulant qu’angoissant !
S’adapter
Attendre le pire permet de l’accueillir avec distance, et d’autant mieux que c’est parfois le meilleur qui se présente… En d’autres termes, « les questions piquantes déstabilisent souvent le candidat. Il doit s’y être préparé, car elles font partie du jeu». Du reste, le recruteur les pose rarement à la légère, et cherche en général à valider un élément nécessaire à sa décision. Autant lui faciliter la tâche et répondre à sa demande, plutôt que de le mettre en situation d’insister encore, au risque de bloquer définitivement le candidat…
Rester soi-même
Certains candidats se sentent obligés de postuler pour des missions pour lesquelles ils ne sont pas armés, ou pas en cohérence avec eux-mêmes. La mission du recruteur est de vérifier l’adéquation entre ses exigences et ce que propose le candidat. Si ça ne colle pas, ce n’est pas un drame, c’est juste inutile d’aller plus loin… Les candidats se mettent parfois en situation de tension intérieure très forte, ce que perçoit à coup sûr le recruteur. Il faut désacraliser l’entretien de recrutement, moment de rencontre où l’on fait connaissance pour savoir s’il y a adéquation ou non, sur un poste précis. Si la rencontre ne se fait pas, cela ne présage en rien d’autres situations, pour d’autres postes, dans des contextes différents…
S’entraîner…
Pour trouver une réelle fluidité gestuelle, il est utile de s’entraîner. Pour se libérer, éviter d’être dans un contrôle qui n’échappera pas au recruteur, la formule gagnante est de rester soi-même. L’authenticité paie en général, même si elle ne dispense pas du respect des codes de comportement propres au monde du travail, qu’il s’agisse du registre de langage ou des codes relationnels. Face à un candidat à la gestuelle empruntée, le recruteur ne saura pas à quoi s’en tenir, et dans le doute, risque de s’abstenir…
Et lorsqu’on demande aux étudiants du Master en Gestion des Ressources Humaines quel regard de recruteur ils posent sur le marché de l’emploi, ils le qualifient de riche et diversifié : « il y a le choix, l’offre (de candidats) est abondante ». Ils déplorent néanmoins que la majorité des profils soient plutôt généralistes : « Beaucoup de candidats se polarisent sur l’idée qu’être polyvalent multiplie leurs chances de trouver une place. Or, le marché recherche plutôt des spécialistes : ce sont les experts qui ont la cote ! »
D’où la nécessité d’avoir clarifié un projet, et de repérer la niche où il sera apprécié car porteur de sens. Etre adaptable et pluri-compétent, oui certainement, mais également détenteur de certaines convictions et valeurs personnelles spécifiques, qui rendent le candidat d’autant plus légitime pour être pleinement acteur dans l’entreprise.
Merci à Betty GRASSART, Safiya HAMED, Amélie HOLLANDER, Raphaël DABIN et Ghislain LESQUELEN pour leur amiable contribution.
Pour aller plus loin : Etude APEC « L’insertion des Jeunes Diplômés de 2011 »