Le Dictionnaire classique d’histoire naturelle dirigé par Bory de Saint-Vincent (1/2)

Du 3 au 21 décembre 2018, la bibliothèque Michel Foucault accueille le Dictionnaire classique d’histoire naturelle, dirigé par Bory de Saint-Vincent (Paris : Rey et Gravier, Baudouin frères, 1822-1831). Cette manifestation s’inscrit dans le cadre du Livre ancien du mois : chaque mois, sauf en juillet-août et excepté événement de plus grande ampleur, un ouvrage du Fonds ancien est exposé, accompagné d’un commentaire.

 

Bory de Saint-Vincent (1778-1846)

Naturaliste et géographe originaire d’Agen, Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent ne cessa de voyager, dans le cadre de missions scientifiques ou militaires, et de publier. Il fut le premier à fournir une véritable description générale du Piton de la Fournaise, éruption comprise, suite aux expéditions qu’il entreprit sur ses flancs en 1801. Un des deux cratères sommitaux du volcan réunionnais fut alors appelé cratère Bory, nom qu’il conserve encore aujourd’hui.

Pour mener à bien l’autre aventure que constitua le Dictionnaire classique d’histoire naturelle, Bory de Saint-Vincent s’allia une trentaine de rédacteurs et une vingtaine de dessinateurs ou graveurs. Selon Hervé Ferrière, auteur d’une thèse sur cet homme à la vie digne d’un personnage de roman, Bory de Saint-Vincent aurait lui-même écrit 9000 articles, la moitié en botanique. Une douzaine de planches sont de sa composition, surtout des représentations d’organismes microscopiques, des fougères et, copiée de son Voyage souterrain, une coupe géologique montrant les grottes des environs de Maastricht, où, selon la légende, il dut longuement se cacher. Il y fit en réalité quelques excursions durant son exil. Polémiste pour le journal satyrique Le Nain jaune, officier, député, le Gascon fut en effet proscrit de 1815 à 1819. Pendant la publication du Dictionnaire, il fut emprisonné pour dettes, travaillant depuis sa cellule de 1825 à janvier 1828.

Le dessein de la publication

Les dictionnaires d’histoire naturelle, en vogue au début du XIXe siècle, n’étaient pas toujours très satisfaisants selon Bory de Saint-Vincent et les jumeaux Baudouin, imprimeurs-libraires à Paris. Ils conçurent le projet d’un dictionnaire « qui fût à la hauteur de la science, et que la modicité de son prix mît à la portée de toutes les fortunes, et que le petit nombre de ses volumes rendît d’un usage commode » (IIe prospectus, inséré en tête du tome premier de texte de l’exemplaire du Fonds ancien).

Le Dictionnaire classique d’histoire naturelle, en plus de présenter les connaissances déjà évoquées par ses prédécesseurs, rendait compte de celles effectuées depuis, en cette période riche en découvertes. Il s’inscrivait dans les débats de l’époque, notamment entre fixistes, qui affirmaient que les espèces n’évoluaient pas, et transformistes, qui, avec Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829), soutenaient le contraire. Les contributeurs du Dictionnaire étaient majoritairement partisans de la seconde théorie.

Les figures, jugées non indispensables par Bory de Saint-Vincent, devaient être réduites au minimum, afin de ne pas trop augmenter le prix de l’ouvrage. L’avertissement du tome premier les annonce « réservées pour des objets non encore représentés ou qui l’ont été d’une manière imparfaite, et pour des choses si peu connues, qu’on ne les puisse point habituellement comparer avec celles qu’on rencontre communément ». Cet objectif ne fut pas tout à fait respecté d’après Bory de Saint-Vincent. Il déplorait de n’avoir pu, en raison de « diverses circonstances », exercer sur elles le même contrôle que sur le texte.

L’histoire de la publication

16 tomes de texte et 16 fascicules de planches volantes (de 10 planches chacun) parurent simultanément de janvier 1822 à octobre 1830, généralement au rythme de deux livraisons par an. En 1831, les planches, non numérotées jusque-là et sans rapport alphabétique avec le tome de texte publié à la même date, se virent complétées par une « explication raisonnée », annoncée dès l’année précédente. Elle indiquait, selon les mots de l’avertissement, « l’ordre dans lequel on les doit relier en un dix-septième et dernier volume » et proposait une classification de la nature. Le Fonds ancien n’est pas le seul établissement à ne pas posséder ce complément, mais d’autres ont choisi d’insérer les planches dans les volumes de texte, face aux articles qui leur paraissaient adéquats.

Le Dictionnaire classique pouvait être acheté par souscription : on s’engageait à l’acquérir et on le recevait au fur et à mesure de sa publication, à un tarif préférentiel. Le dos de la deuxième livraison de planches précise toutefois, car souvent ce n’était pas le cas, qu’on ne payait rien à l’avance. Les mêmes illustrations étaient disponibles « en noir » ou « en couleur et retouchées au pinceau », pour un prix évidemment plus élevé.

Un second billet, sorti le 14 décembre, a été consacré aux planches (dessinateur, technique de gravure, d’impression et mise en couleur) et à la provenance de l’exemplaire du Fonds ancien.

Sources consultées

Sur Bory de Saint-Vincent :

Par Hervé Ferrière :

Ouvrages généraux :

Numérisations du Dictionnaire classique d’histoire naturelle :

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *