Sécurité côtière et sécurité routière

Deux articles, l’un dans le Journal du Dimanche (dimanche 13 octobre) et l’autre dans le Daily Telegraph (vendredi 11 octobre) ont attiré mon attention sur un phénomène alarmant et attristant qui est passé quasiment inaperçu ces derniers jours.

La presse française et anglaise ce weekend consacre des pages à la perte de vies humaines au large de Lampedusa et de Malte, aux portes de l’Europe, cette semaine. Selon l’ancien ambassadeur de France à Malte, un quart des clandestins meurent en mer. Sans que cela soit clairement indiqué, nombre de ceux qui ont péri sont jeunes.

Sans que cela soit dans la même ordre de grandeur, le fait que dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 octobre, treize personnes ont perdu la vie en France et cinq autres sont dans un état critique, devrait également nous interpeller. Six accidents de la route se sont produits où par deux fois, quatre jeunes ont péri dans une seule voiture, et dans un troisième encore deux personnes de moins de vingt ans.

Or, à la une du quotidien britannique, on note l’annonce d’un projet pour améliorer la sécurité routière au Royaume-Uni qui consiste en une interdiction pour les jeunes conducteurs (moins de trente ans) de prendre le volant la nuit (entre 22h et 5h) et d’embarquer des passagers de moins de trente ans. Les conducteurs novices (moins d’un an de permis) de plus de trente ans seraient également interdits de volant la nuit et un taux d’alcoolémie moins élevé leur serait appliqué pendant l’année qui suit leur obtention de l’examen de conduite.
Au Royaume-Uni, la conduite accompagné existe depuis toujours. Á partir de dix-sept ans, et avec un permis provisoire, un jeune peut conduire avec à ses côtés un adulte de plus de 21 ans qui détient le permis de conduire depuis plus de 3 ans, sans suivi par les auto-écoles ni kilométrage/nombre d’heures imposés, en affichant un ‘L’ pour ‘learner’ (apprenti). Il n’est pas obligatoire de passer par une école de conduite avant de se présenter à l’examen pratique. Le test écrit du code de la route a été introduit en 1996. Seule mesure de précaution, les jeunes conducteurs (moins d’un an de permis) ont seulement six points (au lieu des douze accordés aux conducteurs expérimentés) avant un retrait du permis.

Si seuls 8% des permis sont détenus par des jeunes de moins de 24 ans, ceux-ci représentent un quart des morts sur les routes britanniques, et 20% des néo-conducteurs ont un accident dans les six premiers mois après leur permis. À présent, un système similaire à celui mis en place en France, avec un minimum d’heures de conduite (120 heures dont 20 de nuit) est envisagé. Depuis 2010, le nombre de décès de la route en France (3992) et au Royaume-Uni (2278), continue de baisser. Le taux de mortalité en 2012 dans les deux pays était de 5.6 pour 100.000 habitants en France et de 2.8 au Royaume-Uni selon la Commission européenne.

Pour mettre la sécurité routière en perspective, les fatalités routières, 1.3 million par an, sont une des premières causes de décès dans le monde (Washington Post, 18 janvier 2013). Depuis 2011, l’ONU et l’OMS, soutenues par la Fédération internationale de l’automobile, ont initié une campagne internationale pour la sécurité routière (voir la carte interactif de l’OMS).