Le ‘Festival of Britain 1951’ : une certaine idée du Royaume-Uni

Le numéro 20 des Cahiers du MIMMOC est paru.

20 | 2019  Le ‘Festival of Britain 1951’ : une certaine idée du Royaume-Uni

The Festival of Britain 1951: the cultural politics of display
Sous la direction de Susan FINDING

La journée d’études, Londres et le « Festival of Britain » 1951, organisée par Moya Jones et Philippe Chassaigne, de l’Université de Bordeaux-Montaige, avec le soutien de l’EA 2958, CEMMC, et la participation de spécialistes français des études culturelles et politiques du Royaume-Uni, s’est tenue le jeudi 8 novembre 2018. Les articles qui composent ce numéro des Cahiers du MIMMOC reprennent les communications qui y ont été présentées.

Dans les analyses qui composent ce numéro, on retracera le contexte historique et politique, les retombées culturelles (architecture, cinéma et musique), et l’image que renvoient les manifestations et produits associées au Festival (publicités, festivités à Londres et dans les provinces).

Le narratif, le roman national, qui s’en dégage reflète la vision orientée du passé et de l’avenir du pays façonnée par les élites dirigeantes politiques et culturelles en cette période charnière qui clôt les années d’austérité et de guerre et ouvre une période de prospérité.

Festival of Britain 1951 Journée d’études Bordeaux 8 novembre 2018

Il est des fois que l’actualité rejoint la programmation scientifique. Fin septembre, le Premier ministre, Theresa May, annonçait un Festival qui mettrait en avant les atouts du Royaume-Uni de l’après-Brexit, faisant référence à la Grande Exposition de 1851 et le Festival of Britain de 1951. Or, depuis près d’un an, des collègues de l’Université Bordeaux-Montaigne prépare une journée d’étude réunissant des collègues historiens et anglicistes autour du Festival de 1951.

Londres et le « Festival of Britain »  1951, le jeudi 8 novembre 2018, a l’ Université Bordeaux-Montaigne (9h30-12h30 : salle G 101; 14h30-16h30 : amphi Cirot), organisée par Moya Jones (Dept. d’Anglais) et Philippe Chassaigne (Dept. d’Histoire) avec le soutien de l’EA 2958, CEMMC.
Festival of Britain (pdf du programme).
Les communications feront l’objet d’une publication en 2019 dans un prochain numéro des Cahiers du MIMMOC (revue open.édition).

De beaux jours pour la monarchie

Sous un ciel gris plus que menaçant, le public massé le long de la Tamise lors du défilé fluvial du dimanche 3 juin pendant les fêtes consacrées aux soixante ans de règne de la reine Elizabeth.

Photo prise près du pont de Blackfriars à Londres au passage de la barge royale.

A titre de comparaison, la vue aérienne de la même scène, publié par le quotidien The Mirror le 4 juin 2012.

Les réjouissances pour le Jubilé de la Reine furent l’occasion non seulement de fêter la souveraine mais ont également donné lieu à une célébration autour d’individus connus et moins connus, auteurs d’exploits ou simples membres du public actifs dans différents types d’association et d’activité. Etre reconnu(e) par la Reine, par une médaille, un titre, une invitation à pique-niquer sur son gazon dans l’enceinte du palais de Buckingham ou à participer au défilé fluvial aux accents historiques et contemporains. L’une des références les plus répondues fut celle de la toile montrant la flotille et barge du maire de Londres peint en 1746 par Canaletto.

La barque Gloriana, cadeau royal d’une valeur de £1m du Lord Stirling, – cela ne s’invente pas – (président de la compagnie maritime P&O, annobli sur suggestion de Mme. Thatcher en 1990) a été construit en 2012 sur le modèle des barques d’il y a deux cent ans.

Le sentiment de fierté, les expressions de dévouement envers la reine du devoir, la bonhomie, les versions spontanées et a capella de l’hymne national à l’honneur du souverain, entendus tout au long de ces quatre jours, ont souligné la popularité de l’institution. La monarchie parlementaire comme forme de gouvernement démocratique est toujours d’actualité. La longue histoire de la monarchie britannique – longue parce que souvent rapiécée – et les traditions inventées récentes et moins récentes (r)assurent.

La présence du drapeau britannique, symbolisant l’union des Royaumes d’Angleterre et d’Ecosse, la principauté du pays de Galles et l’Irlande du Nord, sur les mâts, dans les rues, sur les bâtiments, sur les vêtements et le visage, témoignent d’un regain d’identification avec une identité commune. Certains se sont réjouis que le drapeau avait été ainsi repris à l’extrême-droite raciste qui en avait fait son emblème.

Les républicains eurent droit à leur propre manifestation anti-monarchiste près du siège de la municipalité de Londres lors du défilé fluvial, mais à 1,200 contre 1,200,000 à Londres et 6 millions de personnes participant aux festivités – feux de joie, déjeuners populaires – à travers le pays d’après le quotidien The Guardian, la monarchie a de beaux jours devant elle.

Les enjeux des jeux : Londres 2012

Ville olympique pour deux fois déjà (1908, 1948), Londres est aujourd’hui une ville cosmopolite de 7,75 millions d’habitants, soit 12,5% de la population britannique, dont un tiers est né à l’étranger et où on parle 300 langues. Les JO de Londres vont s’ouvrir le 27 juillet 2012, sept ans après l’annonce de l’attribution des jeux à Londres. Les attentats qui frappèrent la ville le lendemain même, le 7 juillet 2005, ont alerté sur les risques encourus qui sont liés à la taille, la diversité et l’attractivité de la capitale. Malgré cela, les organisateurs font le pari de retombées durables pour la ville, le pays et ses habitants.

Au-delà des risques d’attentats terroristes, la capacité d’accueil de la ville sera testé. Le prix ‘scandaleux’ des chambres d’hôtel à Londres est, dénoncé et le nombre de réservations est en dessous de celles d’une saison normale car les touristes semblent bouder la capitale, craignant les foules. La saturation des réseaux de transport public est un souci majeur malgré la construction de la gare Eurostar de Stratford International pour le parc olympique. Le site web de la billetterie a été victime du son succès et le système d’attribution par loterie conduit a des dérives. Pourtant, le maire de Londres, Boris Johnson, qui n’a pas obtenu des billets pour sa famille, s’est réjoui de cette preuve de démocratie. La gratuité limitée et la visibilité restreinte du spectacle sportif en dehors des stades (arrivées du marathon et du triathlon, épreuves nautiques et de cyclisme) sont discutées. En matière de santé publique, des mises en garde contre les risques accrus d’épidémies ont été émises. Et, dans un pays épris de paris en tout genre, est apparue la crainte de paris sportifs truqués.

La participation et l’inclusion sociale restent les maître-mots des paris à tenir. Pour réussir la fête nationale, la flamme olympique parcoura 13 000 km au Royaume-Uni, tous les comtés britanniques, des lieux symboliques et passera à moins de 15km de 95% de la population. Chaque étape donnera lieu à des fêtes locales. Les matchs de football sont organisés à Wembley, mais aussi à Cardiff, Glascow, Coventry, Manchester et Newcastle. 70 000 volontaires ont été recrutés pour l’accueil de touristes et la logistique des épreuves. La participation sportive accrue qu’est attendue des britanniques reste cependant en dessous des espérances. UK Sport, organisme chargé de promouvoir le sport de haut niveau avec des fonds provenant de la loterie nationale et du gouvernement, oeuvre pour améliorer le palmarès des médailles britanniques, espoir majeur. Les directeurs des cérémonies d’ouverture et de clôture devront se surpasser pour faire oublier la prestation modeste de la ville de Londres lors de la cérémonie de clôture à Beijing en 2008, et ce, l’année même de la fête nationale populaire du Jubilé de la Reine, du 2 au 5 juin, sept semaines seulement avant les jeux.

Les retombées économiques et sociales escomptées ont conduit à situer le parc olympique dans le quartier défavorisé de Newham, lequel a le taux d’emploi le plus bas (56%) de Londres et une population d’origine ethnique parmi les plus denses du pays (55%). La maîtrise des coûts et le modèle britannique de financement public-privé stipulaient la vente du stade olympique après les jeux. Suite à des rivalités entre des clubs de football de Londres, candidats à l’achat, le site restera public et sera loué, sans doute à West Ham. Le parc olympique est conçu comme un modèle de développement durable et écologique, avec espaces verts et plans d’eau, afin de laisser un environnement urbain renouvelé et des structures pérennes pour les 1 million de Londoniens dans les 6 quartiers concernés. Quant aux emplois permanents, 3 000 devraient être générés. En outre, un centre commercial, le plus grand d’Europe, Westfield Stratford City, a ouvert à l’entrée du site et devrait créer 10 000 emplois, dont un cinquième serait réservé aux sans-emploi locaux.

Pour aller plus loin:

Parmi les articles publiés en France, à cent jours de l’ouverture des Jeux :

La Nouvelle République, mardi 17 avril 2012, ‘La dernière ligne droite‘ (p.38).

Le Journal du Dimanche, dimanche 15 avril 2012, ‘Sebastian Coe, le seigneur des anneaux‘, portrait du patron de l’organisation des jeux.

Roseline Théron, « Le Grand Londres face aux défis du XXIème siècle ». ‘L’Angleterre sur écoute’ La Revue des Deux Mondes (octobre-novembre 2011) : 95-103.

Timothy Whitton (dir.), Observatoire de la société britannique, 11 | 2011, Londres : capitale internationale, multiculturelle et olympique.

Will Jennings. ‘London 2012 : A Risk-Based Olympics?’, Risk & Regulation 18(Winter): 14-16, 2009.

The Lancet, Mass Gatherings Health, January 16, 2012.

John Hollis, Focus on London 2010, Population and Migration, Greater London Authority, 2010.

http://www.citymayors.com/sport/2012-olympics-london.html.

http://www.uksport.gov.uk/pages/about-uk-sport/.

London 1911 : celebrating the imperial

London 1911 : celebrating the imperial  Susan Finding, MIMMOC, University of Poitiers

Article published in  « Londres: capitale internationale, multiculurelle et olympique »,  Observatoire de la société britannique, 11, décembre 2011, sous la direction de Timothy Whitton.

Abstract
Unlike many rival capital cities (Paris, Berlin, Washington D.C.),
London combined functions  as the seat of government, major seaport, industrial and commercial centre. London authorities sought to control and improve the living and working conditions within their boundaries. Unlike its rivals however, London was seen to be lacking in monuments and urban layout suitable to its calling.  The local authorities in London sought to remedy the planning side but celebration in stone and pageantry were ensured by official displays and semi-official entertainment heavily underpinned with imperial designs.http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQNAg4qvw1JM1Of6JnNHwhHgPIu7arjtY2TevJ3XUtU7RX3ZPvZ

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British Colonies, Dependencies & Trade Routes 1911

RESUME
C’est au mois de juillet 2005 que le CIO décide d’attribuer les Jeux Olympiques à la ville de Londres, vingt-quatre heures avant qu’une série d’attentats n’ébranle les certitudes multiculturalistes des Londoniens. Malgré le traumatisme subi, Londres sort la tête haute de cet épisode tragique, portée par sa volonté de défendre sa diversité autant que son statut de ville résolument internationale voire « globale ». Ce numéro explore l’évolution de la capitale britannique, non seulement sur les traces de son passé impérial, mais également en fonction de la manière dont elle s’accomode de sa place au cœur de l’échiquier financier mondial. La distribution et la gestion de son espace urbain sont également des enjeux majeurs dans la trajectoire que Londres cherche à se forger afin de rester dans le peloton de tête des capitales mondiales.

SOMMAIRE
Timothy Whitton
Forewords
Susan Finding
London 1911: celebrating the imperial
Carine Berbéri
Londres: une ville plus favorable à l’euro que les autres villes du Royaume-Uni ?
Hervé Marchal & Jean-Marc Stébé
Exister ou disparaître dans le jeu économique de la globalisation : un défi pour Londres et Paris
Ian Gordon
London Capital of Boom and Bust?
Martine Drozdz
Marges convoitées: lecture paysagère et géographique de l’extension du quartier d’affaires de la City à Londres.
Manuel Appert
Les nouvelles tours de Londres comme marqueurs des mutations d’une métropole globale
Timothy Whitton
Over to you Boris: the defeat of Ken Livingstone in 2008
Nancy Holman & Andrew Thornley
The reversal of strategic planning in London: the Boris effect with a focus on sustainability.
Nassera Zmihi
Londres 2012, un objectif olympien :zéro sans-abri.
Jeremy Tranmer
London: a capital of protest politics
Corinne Nativel
Mobilisations urbaines et espaces de résistance aux Jeux Olympiques de Londres et de Vancouver

12 euros (prix au numéro, frais de port compris), libellé à l’ordre de l’Agent comptable de l’Université de Toulon, à l’adresse ci-dessous
Gilles Leydier
Directeur de la publication
Revue « L’Observatoire de la société britannique »
UFR Lettres & Sciences Humaines
Université du Sud Toulon-Var
83957 La Garde cédex