Lekston revisite le Falstaff de Shakespeare

P1020156Février 2014. Lors des rencontres littéraires organisées par l’Université de Poitiers, « Bruits de langues », Annabelle Beaudry accueillait Edouard Lekston qui a présenté ses dernières translations graphiques extraites de son recueil à venir Harry & Jack.

Le goût d’Edouard Lekston pour les pièces du dramaturge britannique ne se dément pas: après HamletLear et Macbeth (premier recueil de sérigraphies intitulé Mon ami William), après Richard II (Le Basculement) et Richard III (Family Gathering), Edouard Lekston se penche sur les deux partie d’Henry IV, avec un intérêt particulier pour la relation qui se noue et se dénoue entre le futur roi Henry V, le jeune prince Hal (Harry), et l’irresponsable Falstaff (Jack, pour les intimes). Ces deux là, que l’échelle sociale situe aux antipodes l’un de l’autre, se croisent dans la taverne peu fréquentable de la Tête du Sanglier, le temps d’un peu d’école buissonnière en partage. La couronne de Harry sera d’or; celle de Jack ne sera que de fer et se tiendra renversée. Mais tant qu’Harry n’a pas encore été couronné, ces deux-là partagent filouteries, joutes verbales jubilatoires et nuits d’ivresse.

Alors quand arrive la guerre, il n’est pas étonnant que Falstaff n’ait plus d’armure, nous ditP1020157 Edouard Lekston: il a dû la miser au jeu ou la vendre en échange de quelques douceurs pour lesquelles il n’avait plus le sou. Qu’à cela ne tienne, la cuisine de Mme Vitement sera le lieu où il pourra montrer l’étendue de ses ressources en se confectionnant une nouvelle armure à base d’ustensiles de cuisine.

Mais Harry, c’est aussi celui l’homme-poisson qui joue de l’orgue de barbarie et fait passer les pauvres hères dans son hachoir. La guerre nous révèle sa face sombre: il se fait de l’argent sur le dos des pauvres qu’il prend au piège de ses supercheries grâce à une lampe magique.

P1020160Quel rapport Edouard Lekston peut-il bien avoir avec Falstaff? se demande et lui demande Annabelle Beaudry. Il n’y aurait pu avoir question plus pertinente. Pour Edouard, Falstaff, c’est un grand enfant qui n’aurait pas grandi, un symbole de liberté donc. Mais un symbole très humain, avec toutes les faiblesses qui vont avec, trop humain peut-être. Ce qui le touche chez ce personnage, c’est qu’il a toutes ces faiblesses qu’on tente généralement d’étouffer – il les a mais, naturellement, il ne les assume pas. Falstaff, c’est aussi le symbole du monde populaire. Il est traversé par cette relation rare entre le haut et le bas, entre la royauté et le bas monde. Et, il peut vous donner votre horoscope, l’horoscope des tavernes, si vous venez le retrouver à Eastcheap.

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