L’AFII a rendu public le bilan 2011 des investissements étrangers créateurs d’emplois (rapport complet ici). Si on attend avec impatience le bilan Europe produit chaque année par Ernst & Young (il sera rendu public le 20 juin prochain à la World Investment Conférence de la Baule) afin d’évaluer le positionnement de la France dans cette compétition mondialisée, on peut tout de même tenter une première analyse des résultats de « l’équipe France ».
La crise financière européenne a eu des conséquences sur les investissements internationaux : le nombre de projets a diminué (passant de 782 à 698 entre 2010 et 2011) tout comme le nombre d’emplois créés (27 958 en 2011 contre 31 815 en 2010) avec une taille moyenne des projets en diminution (création ou sauvegarde de 60 emplois en moyenne en 2006 pour 41 en 2011).
Premier constat : les territoires ne sont pas égaux ! Les 5 premières régions d’accueil (Ile-de-France, Rhône-Alpes, Alsace, Midi-Pyrénées, PACA) concentrent 67 % des nouveaux projets d’investissement comme le montre la carte ci-dessous :
Deuxième constat : les Etats-Unis (21,7 % des emplois) retrouvent la 1ère place des pays investisseurs suivis de près par l’Allemagne (15,9 % des emplois). Les entreprises concernées se répartissent de façon relativement équilibrée entre grands groupes (39 %), ETI (34 %) et PME (28 %).
Troisième constat : coté secteur d’investissement, le tableau suivant nous informe, ô surprise, que le secteur manufacturier est celui qui génère le plus d’emploi loin devant celui des services (histoires de remettre en cause quelques idées reçues …) :
Le tableau suivant donnant la répartition par grande fonction desservie et confirmant la dernière remarque :
Fonction |
Projets |
Emplois |
Centre de décision |
151 |
2 518 |
Primo implantation |
120 |
1 842 |
QG Monde / Europe |
20 |
371 |
QG national |
11 |
305 |
Logistique |
37 |
2 241 |
Point de vente |
23 |
1 703 |
Production / Réalisation |
220 |
13 723 |
R&D, Ingénierie, Design |
51 |
1 456 |
Ingénierie, Design |
11 |
283 |
R&D |
40 |
1 173 |
Services aux entreprises |
177 |
4 516 |
Services aux particuliers |
39 |
1 801 |
Total général |
698 |
27 958 |
Le bilan complet et détaillé (y compris par pays) est riche d’enseignements pour comprendre les flux (faibles) annoncés d’une année sur l’autre, mais il faut le mettre en perspective au stock à savoir au poids des entreprises à capitaux étrangers dans l’économie française. En effet, selon l’INSEE, les filiales sous contrôle de groupes étrangers :
-
emploient 13% de l’effectif salarié dans l’ensemble de l’économie
française ; -
contribuent à hauteur de 19% au chiffre d’affaires de l’économie
française ; - assurent 31% des exportations de l’économie française ;
- réalisent 12% de l’investissement corporel de l’économie française.
Cette ouverture est plus marquée dans le secteur industriel, où, selon l’INSEE, les filiales industrielles de groupes étrangers :
- emploient le quart de l’effectif salarié du secteur de l’industrie en France ;
- contribuent à hauteur de 31% au chiffre d’affaires de l’industrie française ;
- assurent 34% des exportations de l’industrie manufacturière ;
- réalisent 27% de l’investissement corporel de l’industrie française.
D’ou l’importance pour les pouvoirs publics (Etat, Collectivités Territoriales, …) de bien connaître la structure des IDE (Investissements Directs Etrangers) de leur territoire afin d’anticiper des changements éventuels dans un souci de véritable Intelligence Territoriale respectant les piliers fondamentaux que sont la surveillance de l’environnement pertinent, le management des connaissances collectives, la protection du patrimoine et surtout la capacité d’influence sur cet environnement économique mondialisé. J’aurai l’occasion de faire un focus sur la région Poitou-Charentes dans les semaines à venir.