Dette, patrimoine, générations futures

Dans les débats sur la dette, on entend souvent l’idée selon laquelle nous (génération actuelle) sommes de grands égoïstes, car nous
nous endettons et que ce sont nos enfants et petits enfants qui devront rembourser.

Argument contestable et souvent contesté par Alexandre Delaigue pour une première raison : si nous parvenons à faire de la croissance
économique et donc à faire croître le niveau de vie des français, nos enfants et petits enfants seront plus riches que nous. Demander aux générations futures de rembourser pour les générations
présentes peut donc être vu comme un mécanisme de redistribution des riches (générations futures) vers les pauvres (génération présente).

Deuxième idée rarement évoquée dans le débat public, nous léguons certes une dette aux générations futures, mais également un
patrimoine. D’où ce petit billet, car l’Insee vient de publier un document qui nous donne la
mesure du patrimoine économique national : plus de 13 000 milliards d’euros, soit 7,8 fois le produit intérieur net.

On entend souvent certains commentateurs s’alarmer du montant de la dette par français (ratio qui a peu de sens, une bonne partie de la
dette étant détenue par les français, mais passons, faisons comme si). On peut donc s’amuser à le comparer à un autre ratio, le patrimoine économique national détenu par français.

Patrimoine économique national : 13 065 milliards

Dette publique : 1 693
milliards

Population française : 63 136
000

Chiffre à partir desquels on peut calculer plusieurs ratios :

Dette publique par personne :26 815 €

Patrimoine par personne :206 934€

Dette / patrimoine : 13%

Ceux qui s’amusent à créer des compteurs de la dette publique totale ou par français devraient faire défiler à côté un compteur du
patrimoine total ou par français…

5 commentaires sur “Dette, patrimoine, générations futures

  1. Comme quoi on fait dire ce qu’on veut aux chiffres et on prend aussi les chiffres qu’on veut. Etant donné que je devrais avoir un patrimoine de 206 934 €, je propose que ceux qui sont au dessus
    payent une part de mon emprunt et comme une fois ma maison payé mon patrimoine (au cours actuel non corrigé des variations saisonnières) sera supérieur il faudra bien trouvé un moyen pour que
    j’aide ceux qui sont en dessous. La taxe foncière, ha oui tiens bonne idée. Une taxe pour ceux qui dépassent ce montant et un crédit pour les autres. On doit pouvoir arriver à jeu égalitaire à
    somme nulle.

  2. Cette mise en perspective est effectivement très interressante. J’ai juste deux remarques:

    Cela ne prend en compte que le capital physique à l’exclusion du patrimoine humain qui à mon avis est bien plus important d’un point de vu économique. Si je ne me trompe pas, l’éducation et
    l’enseignement supérieurs sont les deux premiers postes budgetaires de la France et ils constituent un investissement direct dans le capital humain. Cela peut d’ailleurs justifier d’un point du
    vu moral l’endettement: faire payer aux générations future le coût de leur éducation ne semble pas si immoral que cela (dans la mesure où la charge des interrêts reste supportable). Il manque
    donc une ligne correspondant aux actifs immatériels qui n’est pas entièrement capturé dans l’évaluation des actifs immatériels des entreprises… C’est beaucoup plus difficile à quantifier mais
    cela semble vraiment important pour comparer à la dette.

    On pourrait objecter qu’une bonne partie des actifs non financiers correspond à des immobilisation foncières 5371 milliards à mettre en regard des 13 065 milliards d’actifs nets et si l’on inclus
    les bâtiments, on a 11 238 milliards d’actifs immobiliers. Il y a deux problèmes avec ces actifs pour une comparaison avec la dette: leur valeur est très spéculative et certains spécialistes
    affirment qu’il y a actuellement une bulle conduisant à surévaluer ces actifs, d’autre part ces actifs n’interressent principalement que les résidents français, donc sont difficiles à mobiliser
    pour rembourser des créanciers extérieurs. Le cas de la Grèce ou le patrimoine immobilier est également important montre bien que ces actifs immobiliers des citoyens ne sont que de peu de secour
    en cas de problème de financement de la dette.

  3. Mouais…

    Donc en fait vous prenez la dette du seul état et la rapportez au patrimoine de tous les français. D’où il faut comprendre, sans doute, que le patrimoine de chacun des français appartient à
    l’état…

    La dette totale de la France est au minimum de 200% du PIB si on en croit la Banque de France 

    Ça fait 4T€ de dette pour 13T€ de patrimoine, soit un doublement du ratio que vous donnez.

    Si on ajoute les banques etc, on doit être à 250% du PIB. Vous allez me dire que ça ne change pas les ordres de grandeurs que vous présentez. Peut-être.

    Les exemples européens récents amènent à être assez prudent:

    * on peut arbitrer facilement entre titre de dette publique dans la zone euro, donc l’argument de l’autodétention ne vaut pas grand’chose (en plus les non résidents détiennent les 2/3 de la dette de l’état  )

    * la valeur du patrimoine dépend notoirement des prix de l’immobilier. Qui ont fortement augmenté depuis 1997. De nouveau l’exemple de l’Espagne ou de l’Irlande incitent à la prudence: ça peut
    baisser violemment. Mais les citoyens restent collés avec leur dette à rembourser, la dette des banques est refilée à l’état…

    * l’exemple grec montre qu’un état ne peut pas pomper du pognon comme il veut dans les poches des habitants pour rembourser sa dette

     

    Je suis d’accord que la dette est essentielle au bon fonctionnement de l’économie. Mais il arrive un moment où les bénéfices de l’effet de levier s’effacent devant ses inconvénients. On n’en
    peut-être pas si loin.

     

     

  4. Bien que je trouve ce rappel utile, je ne peux m’empêcher de noter que toute l’excitation actuelle sur la note de la dette française repose, justement, sur la perte de confiance dans la capacité
    de ladite dette à générer de la croissance. Interrogration légitime après une décennie où la dette en question a très largement servi à financer des allègements d’impôts pour les ménages aisés,
    laissant les investissements porteurs de croissance (au premier chez desquels l’éducation), en déshérence.

    Quelque part, votre remarque me renvoie directement aux arguments de Thomas Piketty et de Camille Landais sur l’importance de relancer la redistribution.

  5. Une petite remarque au préalable. Les générations actuelles ont elle même reçu en héritage des générations précedentes une bonne part du patrimoine actuel. elles n’ont pas tout créé
    ex-nihilo. 

    L’injustice ne réside pas ici. elle est dans les chèques que signent les générations actuelles à leur profit et que doivent régler les générations futures. elles s’octroient des droits dans le
    cadre des retraites sur les revenus à venir . il ne s’agit en aucun de revenus différés – expression idiote et sans fondement économique – je défie quiconque de me prouver le contraire –
     elle est aussi et dans une moindre mesure dans le financement partiel et  sans fin  par la dette des retraites et de la maladie. 

    On peut considérer qu’il s’agit du plus grand hold up de l’histoire de France. 

    Bien plus fort  que les financiers. 

    En gros, j’ai 60 ans aujourd’hui, j’ai réussi à négocier un montant précis périoodique  qu’on me devra durant toute ma retraite et quelque que soit la situation économique et
    démographique et quelque soit ma ma durée de vie.

    qu’on ne me sorte pas l’argument fallacieux des petites retraites. il y en a mais il n’y a pas qu’elles. 

     

     

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