Le bien-être des Nations

En 2008, Nicolas Sarkozy a installé la Commission sur la
mesure de la performance économique et du progrès social
, dite également commission Stiglitz. L’idée de base : l’indicateur habituellement utilisé (le PIB par habitant) est une mesure
contestable de ces éléments, il convient de proposer des mesures plus pertinentes.

En fait, cela fait déjà pas mal de temps que les économistes se sont penchés sur ce sujet (en France, voir notamment les travaux de
Marc Fleurbaey).

Un document de travail du NBER de Charles Jones et Peter Klenow, qui
vient juste de paraître, propose une mesure alternative du bien-être des pays, la met en oeuvre à l’échelle internationale, pour aboutir à un ensemble de résultats pas inintéressant.

* leur indicateur prend en compte la consommation par personne, le temps de loisir, les inégalités sociales et l’espérance de vie à la
naissance.

* ils montrent que la corrélation entre cet indicateur et le PIB par habitant est forte : ce dernier indicateur n’est donc pas à jeter
à la poubelle. Cette corrélation ne signifie cependant pas qu’on apprend rien avec ce nouvel indicateur, la situation relative des pays étant parfois fortement modifiée

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* les auteurs proposent en introduction une comparaison France/Etats-Unis : le PIB et la consommation par habitant est plus forte aux
Etats-Unis qu’en France, mais les inégalités sont plus faibles, l’espérance de vie y est plus forte, le temps de loisir est plus important. Quel bilan? Si l’on se focalise uniquement sur le PIB
par habitant, la France a un indicateur égal à 70% de celui des Etats-Unis. Si l’on retient l’indicateur des auteurs, elle passe à 97%

* le résultat obtenu pour la France se retrouve plus généralement pour les pays d’Europe Occidentale : leur PIB par habitant est en
moyenne de 70% du PIB par habitant américain, le nouvel indicateur les fait passer en moyenne à 91%

* à l’inverse, la plupart des pays en développement voient leur situation relative se dégrader, en raison d’inégalités beaucoup plus
fortes et d’une espérance de vie beaucoup plus faible

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* l’analyse en dynamique du nouvel indicateur est également instructive : le taux de croissance économique sur la période 1980-2000 est
de 1,80% par an, il passe à 2,54%, l’accroissement de l’espérance de vie y contribuant pour beaucoup. L’Afrique sub-saharienne fait hélas exception, avec un taux de croissance encore plus bas et
une contribution négative de l’évolution de l’espérance de vie…

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Travail intéressant, donc, qui présente bien sûr certaines limites recensées par les auteurs, mais qui permet d’affiner sensiblement le
diagnostic qu’on peut poser sur les pays.

 

5 commentaires sur “Le bien-être des Nations

  1. Très intéressant :

    Ces données fournissent-elles arguments ou contre-arguments à la thèse selon laquelle, si, à l’évidence, la mondialisation de l’économie a profité aux payx en voie de developpement du point de
    vue du PIB/habitant, a-t-elle réellement profité au bien être médian des habitants ?

  2. Des données intéressantes pour dépasser un peu le classique IDH.

    N’y aurait-il cependant pas un sac de noeuds dans votre phrase :

    “le PIB et la consommation par habitant est plus forte aux Etats-Unis qu’en France, mais les inégalités sont plus faibles, l’espérance
    de vie à la naissance également, le temps de loisir y est également plus important” ?

    Si votre “y” fait référence à la France, alors “l’espérance de vie y est plus forte”, et non pas “également”, qui renverrait alors à
    “plus faible” 🙂

    Pfwa le merdier !

  3. Très très intéressant cet indice Jones-Klenow… Mais je ne pense pas qu’il va remplacer l’IDH… Plusieurs indices est une bonne chose… Ceux qui contestent le pIB per capita en prend à leur
    dépend…

  4. On veut tout synthétiser. C’est un non sens. Comment mesurer une notion aussi subjective que le bien être? Quant au progrès social, il est( défini par une multitude d’indicateur qui existe déjà.

    Le problème, c’est qu’on demande trop à la statistique. Le PIB mesure le PIB, et rien d’autre. Le progrès social, c’est autre chose, défini par différents indicateurs. Et, ensuite, on peut
    déterminer des corrélations, des axes de politiques économiques, basés sur différents indicateurs.

    Mais non. Enivrés par la civilisation de la communication, il nous faut l’indicateur synthétique qui mesure tout.

    C’est absurde.

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