NR énervante

Un peu énervé,  ce matin,  à la lecture de la Nouvelle République du Centre Ouest : en
Une, un encart “enseignement” titré “Portes Ouvertes ce week-end dans les classes prépas de la Vienne”. En page intérieure, un grand article avec photos à l’appui, titré “Pour Louise et Etienne,
la prépa est une formation d’excellence” et un autre “journée portes ouvertes ce samedi”. Adresse et numéro de téléphone indiqués.

Même page, un petit article “L’Université ouvre ses portes aujourd’hui”. Aucune coordonnée.

Les prépas à Camille Guérin accueille environ 700 étudiants.
Je n’ai pas trouvé les chiffres pour les prépas sur Aliénor d’Aquitaine, ils sont a priori nettement inférieurs. Disons qu’au total, ces
prépas accueillent autour de 1000 à 1 500 élèves, toutes années confondues. L’Université de Poitiers accueille de son côté 25 000 étudiants au total,
soit plus d’un quart de la population de l’Agglomération. Quelque chose comme 4 à 6 000 en première année, sans doute autour de 15 000 en Licence. Bref, aucune commune mesure avec les prépas.

Premier énervement, donc, lié au traitement biaisé de l’information, avec focalisation sur les prépas, et quasiment pas d’information sur les journées Portes Ouvertes de l’Université, qui
concernent pourtant beaucoup plus de monde. On  peut faire l’hypothèse que la stratégie de communication de l’Université est moins bonne, mais franchement, dans le cas présent, je doute.

La lecture de l’interview des deux élèves de prépas a ajouté à mon énervement, notamment lorsqu’Etienne Arrivé déclare “je n’étais pas prêt à aller en fac. Les étudiants y sont livrés à
eux-mêmes. Le cadre de travail est plus rigoureux ici” et, plus loin, “on est très loin des cours magistraux”. Bref, les poncifs habituels sur l’Université, développé par quelqu’un qui n’y est
jamais allé, et repris par un journaliste ne prenant pas la peine de valider ou d’invalider ses propos…

Pour information, les Universités ont beaucoup évolué depuis 20 ans. Pour ne prendre que l’exemple de notre fac de Sciences Economiques, nous accueillons entre 150 et 200 étudiants en première
année, 50% des enseignements se font sous forme de TD d’une trentaine d’étudiants ; nous avons instauré depuis plusieurs années du tutorat et des cours de soutien ; les deux sessions d’examen ont
été rapprochées et nous avons mis en place des cours de rattrapage en intersession afin de réduire le taux d’échec en deuxième session (et ça marche). Dès ce semestre, via le Plan Licence, des TD
supplémentaires sont mis en place pour les élèves en difficulté et, à partir de la rentrée prochaine, chaque étudiant se verra attribué un “enseignant référent” pour mieux l’accompagner. Toutes
les UFR ne sont pas allées aussi loin dans l’accompagnement des étudiants, mais l’image véhiculée par les médias est franchement décalée.

Qu’on ne se méprenne pas : je ne dis pas qu’il faut communiquer uniquement sur l’Université, pas sur les prépas ; je ne dis pas qu’à l’Université, tout est merveilleux , et que dans les prépas,
c’est l’horreur ; je dis juste qu’un traitement plus équilibré de l’information serait bienvenu, et qu’il conviendrait également d’éviter la diffusion d’idées reçues.

Fin de l’énervement.

4 commentaires sur “NR énervante

  1. Oh une allusion au “taux d’échec”.Je suis moi-même universitaire dans une autre discipline (les mathématiques) et constate que mes collègues, voire ma ministre de tutelle, font état de ce concept. Malheureusement, j’ignore sa définition, et ai constaté que mes collègues de proximité n’étaient d’aucun secours pour m’éclairer.Quel nombre faut-il diviser par quel nombre pour obtenir le “taux d’échec” ? (Je suppose que la réponse varie énormément selon qu’il s’agisse d’un diplôme -où on arrive à inventer des définitions plausibles, ou d’une étape intermédiaire -où c’est beaucoup plus corsé). Notamment, un étudiant qui obtient disons la note 4 à une unité d’enseignement mais est autorisé par “compensation” à poursuivre son parcours, avec acquisition des “crédits” correspondants a-t-il réussi ou échoué à l’unité d’enseignement ?

  2. Cher confrère,Je ne peux que partager ce sentiments et cet énervement. A croire que nos étudiants aussi brillants qu’ils puissent être doivent à jamais payer la facture de mai 68 et être ad vitam eternam catalogués comme inadaptés, décalés, paresseux, et j’en passe et des meilleurs. J’ai enseigné pendant 8 ans à la fac “Pasqua”, après avoir étudié à Paris X Nanterre, aujourd’hui je suis à Poitiers, Sorbonne et Dauphine avec des étudiants créatifs, intelligents, motivés et compétents !!! mais à quel prix !!! C’est au quotidien que je milite auprès des sociétés de recritements et dans des cellules de l’APEC pour faire reconnaitre leurs talents car voyez vous ils n’ont pas eu le sacro Saint label “Sup de Co” ou “Science Po”…

  3. Malgrès cela, j’ai vécu dans une grande fac parisienne, avec l’impression que c’était loin d’être une exception, l’ambiance des DEUG dont manifestement l’équipe enseignante considère que c’est une corvée d’assurer l’enseignement, et ni a très peu de motivation et d’intérêt, attendant au minimum le niveau licence pour s’intéresser de plus prêt aux élèves individuellement.Sachant que dans un sens, ça peut se comprendrevu les effectifs ingérables, et le nombre d’étudiants incapable de suivre ou présents de manière uniquement occasionnelle.Ca date d’il y a une dizaine d’années déjà, mais les moyens n’ont guère augmentés et les effectifs sont toujours équivalents, je crois.

  4. @ jmdesp :1/ c’était une fac parisienne. Pour avoir éc hanger avec des étudiants de Poitiers étant partis faire un M1 et ou M2 ailleurs (Paris et Toulouse notamment), tous m’ont dit qu’ils regrettaient la qualité de l’encadrement poitevin. Nous sommes une petite fac, on connaît bien nos étudiants, et ce n’est pas négligeable2/ c’était il y a 10 ans. Franchement, les choses ont beaucoup évolué

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