Université : faut-il interdire les recrutements locaux ?


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[J’étais en
train de rédiger un petit billet sur le sujet du recrutement local à l’Université, et je viens de voir  via le blog d’Etienne Wasmer que les esprits s’échauffent sur le sujet… J’ai donc finalisé rapidement ce billet, qui mériterait sans doute des compléments/précisions, mais bon, ca
viendra peut-être via les commentaires et autres billets… Add : je viens de voir que Blogizmo a réagi aussi, avec certains arguments qui convergent avec les miens, d’autres qui complètent… ca va chauffer!]

Pour certains, les dysfonctionnements de l’Université française s’expliqueraient par les recrutements locaux. Ils redoutent d’ailleurs que
l’autonomie des Universités renforce ce biais. Ils plaident donc pour une interdiction des recrutements locaux, ce qui devrait logiquement permettre de réduire les problèmes observés (voir
ici par exemple). La thèse que je défendrai est tout autre : les recrutements locaux ne sont pas la cause des
dysfonctionnements de l’Université, ils en sont la conséquence. Explications.

 


Les procédures de recrutement à l’Université

 

Pour obtenir un poste d’enseignant-chercheur, il convient d’abord de soutenir avec succès une thèse de doctorat. Les candidats déposent ensuite un dossier auprès du
CNU (Conseil National des Universités), examiné par deux rapporteurs (un Professeur des Universités et un Maître de Conférences de la discipline), qui se prononcent sur l’aptitude du candidat à
postuler sur les emplois de Maître de Conférences : c’est la phase de qualification. Le dossier est composé d’un CV reprenant la formation du candidat, la liste de ses travaux de recherche,
son expérience d’enseignement, les autres volets éventuels de son activité, le rapport de soutenance de la thèse, la thèse et les articles publiés. Le critère essentiel pour être qualifié est la
qualité des travaux de recherche, que l’on cherche à évaluer au travers de l’analyse du rapport de soutenance, et au travers du nombre et de la qualité des publications (on peut s’en remettre
pour cela aux classements des revues scientifiques).

 

 Les candidats qualifiés postulent ensuite sur les emplois vacants ouverts au concours, emplois qui peuvent être profilés (indication d’une spécialisation genre
« histoire de la pensée ») ou non. Une première étape consiste en une sélection sur dossier, qui reprend en gros les mêmes éléments que pour le dossier de qualification. Les candidats
dont le dossier est retenu sont ensuite auditionnés une vingtaine de minutes (10 minutes de présentation, 10 minutes de question) par la Commission de Spécialistes de l’UFR. Les questions portent
pour l’essentiel sur l’activité de recherche, parfois aussi sur l’activité d’enseignement. La Commission de Spécialistes établit ensuite un classement. Le premier sur la liste prend le
poste ; s’il ne le prend pas, c’est le second qui l’occupera, etc. Il y a donc un double processus de sélection : national avec l’étape de qualification, local avec la phase sélection
sur dossier et audition.

 
 


Ce processus de sélection est-il efficace ?

 

Globalement, je dirais non. Pour le comprendre, il faut d’abord s’entendre sur ce que l’on attend d’un enseignant-chercheur. En effet, le métier
d’enseignant-chercheur à l’Université ne se limite pas à produire des articles scientifiques dans des revues internationales. De manière générale, je décomposerai ses missions en quatre
catégories :

 

* activité d’enseignement et d’encadrement des étudiants

 

* activités administratives

 

* activités de recherche fondamentale

 

* activités de recherche appliquée

 

Toutes sont socialement utiles. Les activités d’enseignement, d’encadrement et les activités administratives doivent permettre que l’université fonctionne mieux, que
les étudiants soient mieux formés, qu’ils aient un bon accès à l’emploi, que le taux d’échec (40% des étudiants sortent sans diplôme) diminue, etc. L’activité de recherche fondamentale a vocation
à déplacer la frontière des connaissances. La recherche appliquée a vocation, côté sciences « dures » (ou « inhumaines ») à favoriser l’émergence à court terme d’inventions
puis d’innovations et, côté sciences « molles » (ou « humaines ») à répondre à la demande sociale (des entreprises ou de l’Etat au sens large, notamment).

 

 Or, dans le processus de sélection tel qu’il existe, on n’évalue pas l’aptitude des candidats à effectuer efficacement ces différentes missions. On peut se
faire une assez bonne idée de l’aptitude du candidat en matière de recherche fondamentale (encore que l’aptitude du candidat à s’intégrer dans une équipe, à porter des projets, à animer une
équipe, etc. ne se voit pas à la lecture des articles), on a une toute petite idée de ses capacités d’enseignement à travers le nombre et la diversité des cours et/ou TD qu’il a effectué, mais
c’est bien tout[1].

 

 A cela s’ajoute le fait que, dans l’Université française, il n’existe aucun système d’incitation à faire de bons cours, ni à prendre des responsabilités
administratives (il existe bien quelques primes, mais qui sont totalement ridicules au regard du surcroît de travail, qu’il s’agisse de piloter une Licence, un Master ou une UFR, ou que sais-je
encore). Je dirais même qu’il existe un système d’incitation à faire de mauvais cours : puisque la qualité de l’enseignement (ou de la direction d’un diplôme, d’une UFR, …) ne permet pas
de progresser, et que, parallèlement, la qualité de la recherche le permet, un enseignant chercheur rationnel a intérêt à bâcler ses cours (et à ne pas prendre de charge administrative) pour
dégager un maximum de temps pour sa recherche. Seul l’existence de déterminants psychologiques (estime de soi), psycho-sociologique (volonté de ne pas être conspué par tous les étudiants quand on
entre en amphi) ou le fait que les enseignants chercheurs aient une certaine déontologie permettent d’expliquer qu’au final, une bonne partie des cours sont de bonne qualité (à moins que ce ne
soit génétique ?).

 

 A cela s’ajoute le fait, enfin, que le ou les candidats recrutés par la Commission de Spécialiste se voient proposer un emploi à vie. Certes, il existe une
période de stage d’un an. Si le candidat ne donne pas satisfaction, l’année de stage peut être prolongée d’une autre année. L’UFR peut aussi décider de ne pas titulariser le candidat, s’il ne
donne vraiment pas satisfaction. Dans les faits, la prolongation de l’année de stage est exceptionnelle, et, en dehors de quelques cas très isolés, la titularisation est quasiment
automatique.

 

Nous sommes donc dans un système où l’on doit recruter une personne pour une quarantaine d’années, sachant que l’on veut que cette personne remplisse correctement
des missions variées et chronophages qu’elle n’a aucun intérêt à remplir correctement (en dehors de l’activité de recherche), et que l’on n’a quasiment aucun élément pour juger réellement de
l’aptitude du candidat à remplir ces missions…

 

 Les réseaux sociaux, substituts d’un système institutionnel défaillant…

 

La sociologie économique a montré depuis longtemps le rôle des réseaux sociaux dans l’obtention d’un emploi (à commencer par Mark Granovetter (1974) et ses
recherches sur la banlieue de Boston, dans lesquelles ils démontrent la force des liens faibles). Des études plus récentes (par Michel Forsé en France, notamment) montrent que, en gros, 1/3 des
personnes qui obtiennent un emploi sont passés par le « marché » (candidatures spontanées), 1/3 par d’autres dispositifs institutionnels (ANPE par exemple) et 1/3 par leurs réseaux
sociaux (famille, amis, anciens collègues). La situation à l’université n’est donc pas franchement atypique.

 
 

 En fait, le recours aux réseaux sociaux est rationnel quand le système institutionnel est défaillant, car les réseaux sociaux sont réducteurs d’incertitude.
Dans le cas qui nous intéresse, le fait d’avoir côtoyé pendant plusieurs années les candidats enseignant – chercheur permet de se faire une bonne idée de sa capacité à faire de bons cours, à
s’impliquer dans une équipe, à prendre des responsabilités, etc. On peut bien sûr se tromper, mais le risque est globalement réduit.

 
 

 Ceci ne signifie pas que ce système est optimal, loin de là. Pour le dire vite, i) le recours aux réseaux sociaux est excluant, ii) il peut conduire à recruter
des personnes de moins bonne qualité. Croire cependant que l’interdiction du recrutement local mettra fin aux dysfonctionnement du système est à mon avis erroné : tant qu’on n’améliorera pas
la procédure de recrutement, les acteurs s’en remettront à leur réseau social. Si le recours aux réseaux sociaux locaux est interdit, ils s’en remettront à des réseaux sociaux non locaux. C’est
d’ailleurs déjà partiellement le cas : lorsqu’un membre d’une commission de spécialiste connaît le directeur de thèse d’un candidat non local, rien ne l’empêche de collecter un peu
d’information afin de réduire l’incertitude sur la valeur du candidat (j’ai cru comprendre également que c’était partiellement le cas s’agissant du concours de l’agrégation, la proportion des
candidats retenus ayant des liens préexistant avec les membres du jury n’étant pas des plus faibles…).

 
 

 Bref, c’est moins le localisme qui pose problème, me semble-t-il, que la défaillance des procédures institutionnelles de recrutement. A partir de là, deux
préconisations en guise de conclusion :

 

* améliorer les procédures de sélection ex ante, en demandant par exemple aux candidats d’effectuer une séquence d’enseignement (ce n’est qu’un
exemple, il y a sans doute plus et mieux à dire, on peut imaginer aussi demander de l’information sur les évaluations des enseignements que les candidats ont assuré, et introduire d’autres
procédures pour évaluer les autres missions susceptibles d’être confiées aux candidats),

 

* le problème essentiel que l’on rencontre à l’Université, de mon point de vue, est celui de l’irréversibilité du choix. Aussi sophistiquée que soit la procédure de
recrutement, on ne pourra éviter des biais de sélection adverse. Aussi conviendrait-il d’introduire des procédures régulières d’évaluation des différentes missions confiées aux
enseignants-chercheurs, de favoriser la promotion de ceux qui remplissent correctement ces missions (en intégrant la diversité des missions assignées), de réorienter l’activité de ceux ne les
remplissant pas correctement, etc.

Je finis avec une formule un peu provoc (histoire de susciter les commentaires?) : la suppression du localisme est aux problèmes
de l’Université ce que l’instauration de la TVA sociale est aux problèmes de l’économie française…

 



[1] Certains proposeraient bien de retenir comme seul
critère d’évaluation le nombre d’étoiles des candidats (les revues, dans certains classements, sont classées à l’aide d’un système d’étoiles). Ceci aurait un énorme avantage : on pourrait
informatiser le processus de sélection. En revanche, cela renseigne assez mal sur la capacité du candidat à assurer de bons enseignements, à assumer des responsabilités administratives, à animer
une équipe de recherche, etc…

37 commentaires sur “Université : faut-il interdire les recrutements locaux ?

  1. Moui. M’enfin, on a tous les ans (et souvent plusieurs fois par an) des "ben oui votre dossier est bien meilleur ; mais vous, vous aurez  un poste ailleurs, alors que notre petit local, il est moins bon (prof, chercheur, tout) mais il est docile et puis où irait-il si nous ne le prenions pas ?" J’ai bien aimé aussi cet argument pour m’expliquer mon échec : "c’est une petite fac, c’était surtout un poste d’enseignant" (sous-entendu, vous êtes au-dessus de ça, voyons).Ceci n’est pas une caricature…L’interdiction du recrutement local, ce n’est certainement pas la panacée, c’est juste une barrière contre les abus les plus flagrants. (On pourrait espérer que les commissions très localistes ne recrutent pas les dociles-gentils-nuls *des autres*.) Cela dit, bien sûr, ce qu’il faudrait, c’est plutôt qu’elles aient intérêt à recruter de bons chercheurs et de bons enseignants… débat bien plus vaste !

  2. Etudiant dans une "Ecole d’Economie" toute neuve, je partage entièrement votre diagnostic sur le biais pro-recherche et ant-enseignement du système actuel. Mais il me semble que le "localisme" ne fait bien que le renforcer, c’est en tout cas ce que je constate avec 90% de mes profs qui ont fait leur thèse là où ils enseignent et se contentent généralement de lire d’une voix monocorde des slides résumant le Mas-Colell… Que le recrutement local serve à pallier le manque d’informations que laisse subsister la procédure de recrutement je suis parfaitement d’accord, mais vous donnez à penser que ce sont les informations en termes de compétence pédagogique qui intéressent les recruteurs, alors même que par ailleurs vous admettez qu’ils sont incités à se tourner vers la seule recherche. J’ai pour ma part l’impression que si les pontes de mon établissement préfèrent recruter leurs anciens étudiants c’est plutôt :-Afin de montrer que si on fait sa thèse avec eux on est recruté quelques années plus tard, et que donc il ne faut pas hésiter à se tourner vers une carrière de chercheur (ce qui n’est pas forcément sous-optimal pour la collectivité d’ailleurs)-Afin d’être sûr que les personnes recrutées continueront à fournir un travail de recherche important et ne consacreront surtout pas trop de temps à l’enseignement, puisque c’est la recherche qui fait la réputation de l’établissementLoin de corriger le biais pro-recherche, le localisme dans mon établissement au moins ne fait à mon avis que le renforcer, la grande autonomie dont jouit déjà cet établissement ne laisse d’ailleurs rien présager de bon quant aux résultats des futures réformes sur la qualité de l’enseignement en France.

  3. @ Emmeline et LN : plutôt d’accord avec vos remarques, mais j’insiste : je ne dis pas que le localisme est une bonne chose, je dis qu’il est le produit d’un dysfonctionnement institutionnel. La question est de savoir si sa suppression permettra d’améliorer le système, ma réponse serait plutôt non, puisque si on ne revoit pas les procédures de recrutement (et si on n’introduit pas de systèmes d’incitation/contrôle/sanction ex-post), on subsituera des réseaux non locaux à des réseaux locaux. Une alternative défendue par certains est de ne retenir comme seul critère de recrutement le nombre d’étoiles des candidats. De mon point de vue, c’este une très mauvaise idée, compte tenu de l’ensemble des missions dévolues aux enseignants-chercheurs.

  4. Tiens, tiens, on m’a piqué mon pseudo… et je connais le coupable (qui en plus n’est pas bien malin d’avoir parlé au masculin) ! cela dit, je lui pardonne car je suis assez d’accord avec lui, à cela près que je pense qu’il y a une séparation assez nette entre les différentes universités quant au choix du localisme : certaines (généralisation ahurissante et scandaleuse : les gentilles universités provinciales) privilégiant les locaux car ils seront de bons enseignants, d’autres (autre GAS : les labos de recherche qui font semblant d’avoir des élèves) car ils seront des chercheurs dévoués. Je suis donc entièrement d’accord avec la dernière phrase d’OBO. J’ajoute au demeurant que ces problèmes existent aussi dans un autre monde que je connais mieux, une certaine grande école de commerce parisienne où les étudiants sont en ce moment en fronde, notamment car on veut transformer leur "école", tournée vers les élèves et l’enseignement, en "labo" rayonnant à l’international, quitte pour cela à recruter des professeurs soit (disons-le) nullissimes en tout mais au nom bien international, soit publiant dans des revues à 5 étoiles mais incapables d’expliquer à des gens pourtant finalement pas si stupides pourquoi une courbe d’offre est croissante…  

  5. Au delà du recrutement, il faudrait se poser la question de la formation pédagogique. En effet je suis d’accord que le localisme n’est pas une bonne chose. D’ailleurs la réforme qui se profile va encore plus dans ce sens, sur de nombreux sujets, allant à l’encontre du principe d’égalité entre les étudiants.

  6. Pour clarifier une chose, il faut sans doute ajouter un effet pervers d’une situation asymétrique : les petites universités pratiquent le recrutement local, les grandes se l’interdisent (en économie). De ce fait, les doctorants des "grandes" sont poussés vers le job market étranger, et ceux qui aimerait travailler dans l’Université française se retrouvent pris entre deux feux :- d’une part ils ont de plus faibles chances d’être recrutés, puisqu’ils doivent aller candidater ailleurs;- d’autre part, ils sont incités à avoir un dossier conforme aux attentes des universités étrangères : un très bon article ("job market paper"), alors que pour le recrutement français, la quantité de publications prime sur la qualité. Après, il est toujours possible de discuter de l’effet net du départ des jeunes chercheurs. Mais une chose est sûre, c’est que ceux qui choisissent de rester savent qu’à dossier égal, ils partent avec une longueur de retard.

  7. "@ Emmeline et LN : plutôt d’accord avec vos remarques, mais j’insiste : je ne dis pas que le localisme est une bonne chose, je dis qu’il est le produit d’un dysfonctionnement institutionnel."sur le principe, bien sûr ; le problème est celui de la réforme du système (et de son rythme) : comment réformer une institution qui fonctionne si mal, et depuis si longtemps ? On est d’accord que l’interdiction du recrutement local n’est pas la panacée : juste une mesure d’urgence pour une situation désespérée.PS : dans mon domaine (section 22), il n’y a pas d’étoiles… 

  8. Sans faire d’outing invétéré, l’ÉÉP (ie toutes les insitutions partenaires, ce qui fait bon an mal an un paquet de postes) ne recrute aucun docteur local au sortir de sa thèse. Après un an de post-doc à l’étranger seulement de manière dérogatoire, et la dérogation est très débattue. Pour le recrutement local, j’ai une longue liste, en particulier en Lettres.

  9. Mathieu P. : à propos de l’EEP… oui, pas de recrutement immédiat au sortir de la thèse, mais… j’ai une centaine de témoins qui peuvent certifier que le discours de politique générale du Master et Doctorat APE prononcé le 29 septembre 2006 contenait textuellement la phrase "notre objectif est que dans quelques années vous soyez chercheurs avec nous sur ce campus". Voir d’ailleurs le retour récent d’E. Duflo, etc…

  10. Emmeline : caveat emptor, il a bien dit "dans quelques années", ie après un ou deux postes ailleurs…Je compare avec une université où, au début de sa thèse, une directrice à assuré à son élève qu’elle aurait un ATER puis un poste de MdC dans cette université.

  11. La main invisible s’est (pour une fois ?) mal débrouillée : deux agents non coordonnés viennent de produire deux billets d’une teneur analogue, d’où l’ouverture de deux marchés parallèles des commentaires…  La bonne monnaie chassant la mauvaise (pour une fois !), je m’immisce ici pour glisser ma "Gizmo touch" en espérant que mes fidèles lecteurs ne m’en voudront pas (mais ils sont en partie redondants) et surtout parce que l’espace des commentaires est plus convivial chez over-blog que chez blogspot. Première chose : je ne suis pas favorable au recrutement local par principe. Je dis, comme obo, que l’interdire peut conduire à des effets collatéraux que ne prennent pas en considération certains partisans de l’interdiction. Deuxième chose : je ne suis pas sûre que, du point de vue du "recruté local", les choses soient si faciles que cela : on reste l’"ancien étudiant", et parfois les collègues installés le font comprendre. Troisième chose : il est caricatural de dire que les "petites universités provinciales" pratiquent le localisme et les "grandes de métropoles" l’interdisent. Il est vrai que certaines universités provinciales de la périphérie parisienne ont été échaudées par le recrutement de jeunes et brillants docteurs, qu’elles en ont conçu quelque amertume lorsqu’il s’agissait de "faire tourner la machine" au jour le jour, et qu’elles aient pu en retour privilégier des locaux. Quatrième chose : on a le droit de penser que la formation doctorale en économie ne peut se faire qu’à EEP et TSE. Dans ce cas, qu’on l’assume, et que l’on ferme tous les écoles doctorales en dehors de Paris et Toulouse. Par une rapide récursion vers l’amont, on fermera les master 2, puis 1 etc, et les filières d’économie. Accessoirement, les enseignants de sciences économiques se reconvertiront en gestionnaires… Cinquième chose : recruter un enseignant-chercheur, c’est recruter un enseignant, un chercheur, mais aussi un/e collègue, avec lequel on entretiendra quelques liens sociaux, discussions à la cafeteria, repas à la cantine, bref avec qui on partagera un bout de vie… Est il scandaleux de prendre en compte ce type de critère lorsqu’on recrute un collaborateur, fût-il un pur esprit ? L’arrogance de certains jeunes docteurs de prestigieuses universités ou formations (GE), même s’ils sont pleins de promesses en termes académiques, fait parfois frémir…Ceci étant, je trouve que mon visuel est plus rigolo que celui d’obo…

  12. Gizmo : Il n’est évidemment pas scandaleux de considérer les éléments hors recherche, et même hors enseignement et recherche. Pour les universités périphériques échaudées, je crois qu’il faut mettre un bémol correspondant à ce que j’ai entendu de l’accueil fait aux jeunes docteurs en question (dernier arrivén dernier servi dans la répartition des cours, des bureaux, etc.). Ensuite, attention à l’homme de paille : dire qu’il y a un intérêt à des grands centres ne signifie pas qu’il faut fermer les autres. Cf mon dernier billet : il y a des gains à la concentration thématique (et les thématiques sont diverses en économie), d’où TSE, ou à la rationalisation de concentrations existant déjà (d’où PSE). Vous faites ici un mauvais procès. De même, l’argument de la pente glissante est pour le moins douteux : tous les M1 et M2 en économie ne forment pas à la recherche, fussent-ils, précisément, ceux de TSE ou PSE. Donc le lien pas de doctorant => pas de Master n’est pas évident. Je n’en rajoute pas sur l’amont des fillières. Enfin, je suis assez sensible au problème des turbo-MdC : dans deux ans, ma femme et moi-même, si tous va bien, chercherons des postes de MdC dans deux disciplines totalement différentes. Inutile de dire qu’il est très peu probable que les deux trouvent dans la même ville…

  13. Puisqu’on est dans l’outing, dans l’une des périodes représentées en section 22, les deux "grandes universités parisiennes" ont recruté du local de chez local… L’opposition Paris/province n’est pas excellente en l’occurrence.

  14. @ mathieu : * sur le pb dernier arrivé dernier servi, ce n’est pas un pb local/non local, mais un mode de fonctionnement dans certaines ufr (pas sur Poitiers, en tout cas!)* sur la concentration thématique/spatiale, je vais regarder votre billet, mais il y a aussi descontre-arguments* surtout, sur le troisième point : pour pouvoir habiliter des masters pro ou recherche, il faut que les masters soient adossés sur des labo de recherche. En l’occurrence, donc, l’argument de la pente glissante tiens très bien. *Je crois que certains aimeraient bien que la recherche soit concentré sur Paris, Toulouse et un ou deux autres pôles, les autres  universités se contentant de former des licences. au delà du fait que le big is beautiful est fortement contestable, ca poserait d’énormes problèmes en matière d’aménagement et de développement des territoires.

  15. Pour ce que j’en vois, la localisation géographique des laboratoire est assez élastique : le GREQAM a des affiliés à Perpignan. L’idée problématique n’est-elle pas une fac = un labo ? L’idée étant évidemment de mettre en commun les chercheurs pour offrir un panel diversifié de Masters (n’est-ce pas un bon outil d’aménagement ?). Je dis assez clairement dans mon billet que je ne suis pas convaincu par l’idée de ne concentrer la recherche que sur Toulouse et Paris. En revanche, je ne suis pas plus convaincu que la création d’université sans Master ne serait pas quelque chose d’opportun, en particulier dans des matières ou on a des docteurs qui enseignent en 6e.LN : comme je le dis dans mon billet, les situations sont très différentes selon les matières, les matières littéraires étant en pointe du localisme.

  16. @Matthieu P. : "l’idée problématique n’est-elle pas une fac = un labo?". Mais vous l’écrivez vous même chez vous (excusez moi de ne pas répondre chez vous, mais je concentre les échanges sur un même lieu, cela économise les coûts de transaction, même si je mesure que cela fera disparaître à terme les blogs non concurrentiels ;)) : on échange plus facilement avec le copain de la porte d’à côté. Qu’est ce qu’une université sans recherche, si ce n’est un collège universitaire ? Et vous même, dans ces conditions, trouvez vous attrayant d’exercer vos talents dans une faculté où l’on ne fait pas de recherche, au sens où il n’existe pas des échanges réguliers d’idées ?  La distance géographique compte : être à Perpignan et "faire sa recherche" au GREQAM doit être aussi compliqué qu’être à Chateauroux (IUT) et faire sa recherche à Orléans (on est toujours le Chateauroux de quelqu’un…). Comme je l’écrivais chez moi, je ne parle que d’économie, c’est la seule section disciplinaire que je connais (un peu…).

  17. @Matthieu P. : "l’idée problématique n’est-elle pas une fac = un labo?". Mais vous l’écrivez vous même chez vous (excusez moi de ne pas répondre chez vous, mais je concentre les échanges sur un même lieu, cela économise les coûts de transaction, même si je mesure que cela fera disparaître à terme les blogs non concurrentiels ;)) : on échange plus facilement avec le copain de la porte d’à côté. Qu’est ce qu’une université sans recherche, si ce n’est un collège universitaire ? Et vous même, dans ces conditions, trouvez vous attrayant d’exercer vos talents dans une faculté où l’on ne fait pas de recherche, au sens où il n’existe pas des échanges réguliers d’idées ?  La distance géographique compte : être à Perpignan et "faire sa recherche" au GREQAM doit être aussi compliqué qu’être à Chateauroux (IUT) et faire sa recherche à Orléans (on est toujours le Chateauroux de quelqu’un…). Comme je l’écrivais chez moi, je ne parle que d’économie, c’est la seule section disciplinaire que je connais (un peu…).

  18. Attention, j’ai dit qu’il y avait des gains à la concentration disciplinaire : l’économie du travail à Chateauroux, l’économie du développement à Orléans, … Bref, une spécialisation dans les avantages comparatifs.

  19. En tout cas la TVA sociale continue à déchaîner les foules et les commentaires… bravo à OBO pour son machiavélique stratagème !

  20. Petite question : comment tout cela se passe-t-il dans les écoles de commerce ?Petite remarque : Il me semble que le problème de base réside bien dans la difficulté d’évaluer les professeurs (et donc les candidats). Si on pouvait juger objectivement de la qualité d’un enseignant, la nécessité des réseaux serait moins élevée.  D’ailleurs je me souviens d’un papier expliquant comment le système des tenures (emplois à vie) permettait de faire en sorte que les universités recrutent toujours de bons enseigants/chercheurs. L’idée était la suivante : si on peut licencier les profs, les profs en place auront tendance à recruter des gens moins bons qu’eux pour éviter que leur manque de compétence ne soit révélé (en tout cas ils éviteront de recruter des excellents éléments) ! Ce problème disparaît avec les tenures…évidemment un autre problème apparaît, la question est de savoir lequel est préférable !

  21. @ mathieu P : je viens de lire ton billet. Petite réaction sur l’aspect concentration, pour dire que, de mon point de vue, il existe plusieurs cas, selon que les labos comprennent ou pas un nombre important de spécialistes du thème x et selon qu’ils sont branchés ou pas sur les réseaux de chercheurs spécialistes du thème x. Il y a problème pour les doctorants encadrés par des chercheurs isolés non branchés sur les bons réseaux. Pour ceux dans des gros labos, moins de pb, car externalités locales. Pour ceux dans des petits labos branchés sur les réseaux, pas forcément de pb non plus, car externalités de réseau. Tout n’est donc pas affaire de concentration spatiale, et c’est même de plus en plus vrai à mesure que les coûts de transaction diminuent. Plus généralement, je crois que le problème essentiel avec le discours sur le recrutement local, ou celui sur la concentration de l’effort de recherche (notamment porté par l’EEP et la TSE) est qu’on se focalise sur les caractéristiques des ressources mobilisées pour produire des connaissances nouvelles en essayant de défendre l’idée que certaines caractéristiques sont plus favorables que d’autres. De mon point de vue, ce qu’il faut évaluer, ce ne sont pas les ressources mobilisées, mais les résultats de la recherche. Si on oriente les financements en fonction de la qualité des projets déposés, et si on évalue les résultats de la recherche plutôt que les moyens mobilisés, ça va. Cf. sur ce point le billet particulièrement éclairant sur Télos, qui dénonce les logiques de concentration/regroupement pour monter dans les classements internationaux.  Sur l’aspect recrutement, j’insiste : je crois que ni Gizmo, ni moi ne défendons ce système, nous disons simplement qu’il est la conséquence de la défaillance des procédures institutionnelles. Le supprimer n’améliorera pas les choses, si on ne s’attaque pas aux défaillances institutionnelles. A moins de réduire la sélection à un critère genre nombre d’étoiles, qui aurait bien sûr un intérêt pour les doctorants de certains gros labos, mais qui de mon point de vue serait catastrophique pour le système universitaire.  Sur le fait de ne pas vouloir recruter de bons enseignants par peur de perdre ses cours, je l’ai déjà dit dans un précédent commentaire, ce n’est pas un problème local/non local. Certaines facs attribuent les cours dans l’ordre du tableau, et on se moque totalement de la qualité des enseignements. D’autres facs fonctionnent heureusement différemment, sur la base des compétences des enseignants, et dans ce cas on se moque de savoir si les postulants sont locaux/non locaux. Mais ça n’a rien à voir avec le caractère local du recrutement.  Sur la dernière phrase, j’insiste lourdement : je ne défend pas le recrutement local, je l’explique pour recadrer le problème. Si on veut résoudre les problèmes, autant identifier les bons plutôt que de taper à côté.

  22. Je suppose que la question sur les écoles de commerce s’adresse à moi… il y a peut-être un petit bout de répons plus haut, mais peut-on la préciser ? En tout cas le système est un peu différent puisque les cours sont dispensés à la fois par des enseignants-chercheurs et des intervenants extérieurs. Cette universarisation des écoles de commerce est le résultat d’un processus commencé dans les années 60 aux Etats-Unis (nettement plus tard de ce côté-ci de l’Atlantique), mais avant de polluer le blog d’OBO (sauf bien sûr s’il m’en donne la permission expresse) par un commentaire de 2 pages, je vais attendre de connaître la demande et ajuster l’offre (comme ça Gizmo verra que, même sans palmes académiques, j’essaye tant bien que mal de sortir la tête de l’équilibre général… )

  23. Ma question sur les écoles de commerce ne s’adressait pas particulièrement à Emmeline en fait, mais soit…Je me demandais simplement comment étaient recrutés les professeurs (non issus du monde professionnels) en sup de co ? En tant qu’institutions privées j’imagine qu’elles choisissent toutes seules et que constate-t-on : bcp des profs d’HEC sont eux-mêmes issus d’HEC ! Le recrutement "réseau" fonctionne à plein : alors, est-ce que ca nuit à la qualité de l’enseignement ou à la qualité de la recherche des laboratoires ? J’avoue n’en avoir aucune idée…

  24. Première chose : votre constat "bcp des profs d’HEC sont eux-mêmes issus d’HEC" n’est vraiment pas tellement vrai ! ainsi, cette année, ce n’était le cas que d’un seul des miens (en dépit de mes environ 20 cours). Une bête raison : HEC est une école de commerce, pas de recherche ni d’enseignement… Par ailleurs, autre imprécision : HEC, l’ESCP et l’ESSEC au moins, la majorité des autres écoles de commerce membres de la CGE, ne sont PAS des institutions privées, mais des établissements publics. Rentrons dans le détail : il faut d’abord distinguer entre professeurs (sous-entendus "permanents/enseignants-chercheurs") et intervenants extérieurs – issus soit du monde de l’entreprise soit (c’est beaucoup plus rare) d’autres universités-, les deux dispensant des cours, au moins aux élèves du programme Grande Ecole.Les seconds sont recrutés au cas par cas, et il est en effet raisonnablement fréquent, mais absolument pas automatique, qu’ils soient passés par HEC. Sans doute tout simplement parce que parmi les managers souhaitant enseigner, la plupart préfèrent lorsque c’est possible retourner dans leur ancienne école. Mais, à titre d’exemple, j’ai eu d’anciens élèves de Centrale… et d’Oxford. Les premiers – ceux qui nous intéressent – sont exclusivement des docteurs (ou des doctorants HEC en dernière année de thèse). Ils sont recrutés par la direction de l’école, à laquelle est normalement adjointe une commission ad hoc sur des critères principalement académiques, et ont un statut mixte, qui se rapproche du système américain : ils ne sont titularisés qu’au bout de six ans (et obtiennent le statut de fonctionnaire nettement plus tard), avec une éjectabilité décroissante en fonction de leur ancienneté au cours des six dites années. Pour HEC, seule GEC à disposer d’une Ecole doctorale, la règle d’interdiction du recrutement local s’applique durant cinq années. La titularisation dans un premier temps, l’avancement de carrière ensuite sont fonction, principalement de la publication d’articles dans des revues académiques, dans une bien moindre mesure des notations des élèves (il y a un système de commentaires anonymes pour tous les cours). Mesure qui devrait d’ailleurs encore s’amoindrir dans les années à venir… Sinon, et sans vouloir faire ma Gizmo, un délicieux repas m’attend. Suite donc au prochain numéro…

  25. Question un peu bêbête peut-être, mais c’est la première chose à laquelle j’ai pensé : le fait d’interdire le localisme ne va pas amener une trop forte concentration de la recherche… et… heu… c’est pas un peu néfaste ça ?Il y a deux maîtres de conférence et un docteur (Doctorant ?) s’exprimant ici. (Je ne connais pas le statut d’Emmeline.) Alors ça peut sembler un peu flou. Je dis peut-être une grosse connerie, mais l’interdiction du localisme ne risque pas de favoriser les pôles de recherche les plus financés, ceux qui auraient le choix et de gros budgets, et pourraient attirer les "meilleurs" au détriment d’une majorité d’autres universités ?J’imagine qu’il existe la spécialisation des différents pôles, qui serait alors renforcé. Lorsqu’on lit Matthieu, on voit qu’il existerait un avantage à la concentration. J’en doute un peu…Déjà, parce que les centres de recherches ne sont pas tous égaux face à l’interêt que pourraient leur apporter des entreprises et financiers éventuels. Avec la série de réformes qui devrait arriver, l’attractivité de certaines recherches par rapport à d’autres devrait compter, non ? Afin d’attirer des financements et donc d’excellents chercheurs, on ne risque pas de constater un délaissement des thématiques de recherche "peu intéressantes" d’un point de vue des applications directes ?Je ne parle pas ici que de la science économique : les sciences dures ou la sociologie comptent aussi beaucoup…Ensuite, n’existe t’il pas la fabuleuse technologie de l’information pour pallier aux éloignements géographiques ? C’est con à dire, mais je me demande si quatre ou cinq pôles de chercheurs éloignés ne feraient pas mieux qu’un gros pôle Grosbill où oui, les échanges seraient plus intenses au sein d’une grosse équipe, mais où les influences extérieures (De la part d’autres thèmes, de groupes de chercheurs…?) seraient minimes.Enfin, le fait que les gros centres risqueraient donc de "vampiriser" les petits centres, aux moyens réduits ? Et qu’à long terme, ceux qui pourraient choisir leur faculté lors de leurs études (Pas tous les étudiants, déjà…) s’en sortiraient bien car ils pourraient accéder aux structures les plus intéressantes, alors qu’une majorité des étudiants devraient se coltiner une faculté moins bien considérée, et devrait à terme la quitter non seulement en raison du localisme, mais également parce que les débouchés en seraient de toutes façons d’autant réduits…On ne risque pas non plus de voir l’émergence d’une volonté commune de nombreuses facultés de s’aligner sur des recherches "intéressantes", prompt à attirer d’excellents chercheurs et des financements importants ?Du genre, "après l’école d’économie de Paris, voici celle de Golon-Sur-Terroir, qui devrait constituer un nouveau pôle international de recherche en science économique !" :oDEffet des pôles de compétitivités créés à la chaîne et artificiellement, pour montrer qu’ils existent, tout ça… AJC

  26. Je digère mon délicieux repas, qui mobilise en ce moment toutes mes capacités neuronales… mais j’arriverai quand même à préciser que je suis en fin de M1. Raison peut-être pour laquelle je suis particulièrement sensible à l’aspect "enseignement", et particulièrement énervée par la tendance actuelle (du moins celle à laquelle je suis confrontée) de le sacrifier à la recherche (j’ai pas dit que c’était mal la recherche non plus, hein, … juste que dans enseignant-chercheur c’est officiellement le titre d’enseignant qui vient avant !).

  27. le localisme…  une petite anecdote personnelle et vécue permettra d’en illustrer les subtilités.1° Alors qu’il y avait un poste dans ma faculté d’origine, je n’ai pas été recruté. Jusqu’ici tout va bien, cela arrive (je tais les raisons inavouables de cet échec, pour ne pas retrouver mon vieil ami ulcère et pour tenir éloignée ma boîte d’antidépressuer et ma bouteille de whisky).Là où le bât blesse, c’est qu’au premier tour de recrutement, les commissions de spécialistes (CS) savaient qu’il y avait un poste dans ma fac d’origine et que j’opterais pour celui-ci si j’avais le choix.  En clair: le localisme étant la règle, les candidats qui sont susceptibles d’obtenir un poste dans leur f’ac d’origine sont implicitement défavorisés ailleurs. Ainsi, lorsque j’ai été classé, je ne l’ai jamais été en rang utile (3, 4 ou 5ème) et des membres de CS m’ont clairement indiqué les raions de ce choix. Bref, à la fin du premier tour: pas de poste.Arrive le second tour: et une question implicite mais omni présente de la part des CS: pourquoi ce garçon n’a-t-il pas été recruté dans sa fac d’origine? n’y aurait-il pas quelque chose de tordu chez lui? Bref: l’effet pervers du localisme…Cependant subtilité: le localisme itinérant; j’ai été recruté dans par une CS dont ma directrice de thèse était membre. Pour info, c’est à 800 km de chez moi et je ne peux pas déménager pour raisons familiales. Bref, à la fin du mois, frais de transport  et d’hébergement déduits, je me dis que ma vie de chômeur en fin de thèse valait plus le coup, intellectuellement, physiquement, psychologiquement et financièrement.Bref, comprenez bien que, dans ma situation personnelle, le localisme laisse rêveur. Cela dit, d’un cas particulier, il ne faut point faire de généralités. Mais j’ai tout de même l’impression qu’il y a beaucoup de cas particuliers dans nos facultés…En tous cas, il est important que ces questions soient ouvertement évoquées de façon à faire évoluer les choses.

  28. ACJ : il y a clairement un problème de passage d’un équilibre à un autre. Dans la situation actuelle, il est normal (sauf classes prépas) de faire son premier cycle universitaire près de chez soi, et de se déplacer à partir du niveau M pour aller là où est offerte la formation qui intéresse l’étudiant. On pourrait tout aussi bien imaginer que la mobilité soit beaucoup plus précoce, avec des universités plus spécialisées, et chaque premier cycle adossé à un pôle de recherche fort. Cela suppose un investissement parallèle en capacités d’accueil et de financement des étudiants (je pense aussi au marché financier, limité en la matière en France). À ce jeu, je ne suis pas sûr que les universités de province soient perdantes. Si elles continuent à vouloir tout faire, en revanche, j’ai des doutes sur leur avenir à long terme.

  29. Bête remarque : ce ne serait pas plus simple pour tout le monde si les étudiants avaient accès à des cursus complets et reconnus comme d’excellente qualité "près de chez eux" plutôt qu’à Paris, où l’offre de logement étudiant est très largement insuffisante et où il n’y a pas beaucoup de place pour en construire de nouveaux ? parce que, sans vouloir tout centrer sur ma petite personne, les 540 euros mensuels que je paye pour n’être même pas dans Paris pèsent fort lourd sur mon tout petit salaire et sur le soutien parental…

  30. Évidemment, avoir des cursus d’excellence dans tous les domaine et partout serait le first best. Cependant, les ressources sont rares, et on pourrait s’interroger sur l’opprotunité d’ouvrir un grand nombre de fillière avec plus d’enseignants que d’étudiants.

  31. C’est rigolo que ce soit un normalien qui dise ça… plus généralement, bien sûr qu’il me paraît impossible qu’il n’y ait que des meilleurs cursus partout et dans tous les domaines. Mais quitte à ce qu’il n’y en ait que quelques-uns, pourquoi pas en province ? on peut penser beaucoup de mal de la délocalisation de l’ENA à Strasbourg (moi la première, même si je ne compte pas en passer le concours – pourquoi le faire pour cette école où par définition il faut être en contact avec les ministères et où les "élèves" sont généralement assez âgés, voire chargés de famille), mais l’idée derrière n’était pas si mauvaise…

  32. Jeune docteur, juste recrutée sur un poste de permanent, j’ai fait le choix d’exercer ce métier dans une école de commerce. En vérité, durant mon cursus universitaire de thésarde, j’ai eu l’occasion  de mieux découvrir les rouages d’un système, système qui a été très bien décrit dans ce billet…Si au démarrage de ma thèse de doctorat, je conservais un optimisme sans faille, celui-ci s’est sérieusement érodé les années passant. Investie à de nombreuses reprises dans des discussions organisées dans le cadre des rencontres moniteurs CIES, ou même dans la rédaction de courts « états des lieux de l’université » sur des questions comme la docimologie, la déontologie, la recherche, les perspectives d’emploi….j’ai tenté de contribuer, de proposer…  La fougue de la jeunesse ! La faculté restera toujours pour moi le lieu de la connaissance, le lieu de la transmission du savoir. J’ai un profond respect pour elle, je n’imaginais pas un jour « changer de crèmerie », et pourtant. Il me semble malheureusement que la faculté souffre aujourd’hui d’un mal bien plus profond que celui de savoir si son recrutement doit être local ou pas… L’université forme une quantité de docteurs qu’elle ne gardera pas, malgré leurs excellents résultats, leurs publications étoilées, et que sais-je encore. J’ai de nombreux amis qui sont dans ce cas là. Certains, en science, attendent parfois leurs 35 ans pour pouvoir décrocher ce fameux poste, souvent à l’autre bout de la France, et ce pour un salaire dérisoire. D’autres, en économie, en droit, ou en langues, se positionnent sur des sujets totalement déconnectés de la réalité du travail.  Même si le projet de recherche est passionnant et vaut la peine d’être débattu, il se transforme en un lourd sac de pierre lorsque le jeune docteur cherche à le valoriser en dehors de l’université. Le docteur se transforme alors en une sorte d’intellectuel déphasé, qui quelque soit le degré de qualification du poste qu’on va lui proposer, ne pourra pas lui convenir…Parce qu’il va « s’ennuyer ». J’ai eu la chance de ne pas avoir à accumuler les postes de cdd, de post-doctorat et autres fichus contrats précaires après ma soutenance de thèse. J’ai choisi de tourner la page, et je regarde aujourd’hui avec beaucoup d’espoir l’autonomisation des universités.  Espérons que nos présidents d’universités sauront tirer  profit de ces nouvelles libertés pour construire un système plus juste et plus harmonieux.

  33. J’ai analyse votre article et vous savez je partage votre opinion sur les problemes qui existent. Mais comme vous je mets sur la premier place la question du locanisme a L’universite. Cela ce qui tarde le developpement dans ce domaine.

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