Ca sent le gaz

GDF demande 6,1% d’augmentation du prix du gaz, le
gouvernement en accorde 4%. Interprétations possibles.

H1 : GDF a bien fait ses calculs : pour que l’entreprise couvre ses dépenses et procède aux investissements nécessaires au maintien de sa position concurrentielle, une
hausse de prix de 6% s’impose. En n’accordant que 4%, le gouvernement préserve le pouvoir d’achat à court terme des consommateurs de gaz, mais nuit à moyen terme à la santé de l’entreprise. GDF
est mal barrée (voir pour quelques éléments cet article du Monde).

H2 : Le gouvernement a bien fait ses calculs, les responsables de GDF, en demandant 6% de hausse alors que 4% suffisent, sont donc opportunistes, ils ne pensent qu’à
récupérer encore plus de bénéfices, à assurer leurs primes, et blablabla, et blablabla. Une entreprise gérée par des
dirigeants opportunistes, ça craint. GDF est donc mal barrée.

H3 : GDF a bien fait ses calculs, elle sait que 4% suffisent. Mais GDF sait qu’en demandant 4%, elle obtiendra moins de 4%. En demandant 6%, elle espère récupérer les
4% nécessaires. Ce qu’elle obtient effectivement, GDF est gérée par des petits malins, tout va bien.

H4 : GDF et le gouvernement ont interagi avant annonce de la demande de hausse par GDF et annonce de la décision du gouvernement.
GDF veut 4% d’augmentation, le gouvernement veut montrer son attachement à la défense du pouvoir d’achat des consommateurs. Le gouvernement demande donc à GDF de demander 6% de hausse, qu’il
puisse annoncer 4% en retour, histoire de démontrer cet attachement. GDF et le gouvernement sont gérés par des petits malins, tout va bien.

Personnellement, j’hésite entre H1 et H4, avec une préférence pour H1. N’hésitez pas à cocher l’hypothèse de votre choix, à argumenter pour faire pencher en faveur d’une hypothèse, voire à
ajouter d’autres hyptohèses d’interprétation.

En tout cas, qu’est-ce qu’on rigole avec le contrôle des prix!

14 commentaires sur “Ca sent le gaz

  1. Un vrai casse-tête dans les combinaisons possibles de prises d’informations croisées. Mais comme j’ai 5 minutes…Soit A l’Etat (ou le gouvernement) et B le comité directeur de GDF.On peut imputer à A deux stratégies possibles :- une stratégie de prise d’information et d’estimation réelle des besoins de B (stratégie S1)- une stratégie de marchandage et d’affichage vis-à-vis du public, sans prise en compte (ou connaissance) des besoins de B : stratégie S2Pour B, 2 stratégies possibles aussi :- B n’anticipe pas la stratégie de A (qu’il en connaisse les raisons ou non)- B anticipe la stratégie de AH1 : A joue la stratégie S2 (marchandage/affichage) et B ignore les intentions de A. Ce n’est pas seulement GDF qui est mal barré, c’est aussi le gouvernement, qui se verra reprocher sa méconnaissance du dossier et ses décisions à l’emporte-pièce quand GDF sera en diffculté.H2 : A joue la stratégie S1 (information/estimation) et B ignore les intentions de A. Bon plan pour A, mauvais coup pour B.H3a et H3b : A choisit l’une ou l’autre des stratégies mais B anticipe les intentions de A. A peut apparaître manipulé par B si A a opté pour S2, mais si on suppose que A s’est basé sur ses propres estimations (S1), on ne saurait lui reprocher de prendre sa décision sous influence.H4 : A choisit S1 et B anticipe les intentions de A… parce que A le lui a demandé. Ca me paraît l’hypothèse la plus probable. C’est aussi le cas optimal pour les deux parties.Est-ce que j’ai bien couvert tous les cas possibles ? rien n’est moins sûr….

  2. Je choisis H4, mais pour les ” c..s” qui vont payer 4 % de plus,  je n’ ai pas trouver de H…Pour ma part, ma retraite va être augmenter de 1,1 % . Finalement, je me satisfais car il y en a qui  vont travailler 40 et 41 ans ( les décrets sont prêts) pour me régaler avec les petits plats que je cuirais au gaz.Là non plus,  je n’ai pas trouvé le H.Merci pour vos articles et Bonne Année 2008.

  3. les problèmes de santé de l’entreprise dont parle le Monde se résument à ça:”En novembre, le ministère de l’économie s’était inquiété d’une prolongation du gel des tarifs, qui représenterait un “risque économique”. Elle pourrait “mettre en danger la fusion engagée avec Suez”, selon une source proche du dossier”C’est surtout un problème de prime de fin d’année pour les banques et les sociétés de conseil qui vont mettre au point la fusion avec Suez ainsi qu’une poignée d’actionnaires richissimes pour lesquels je n’ai guère envie de pleurer.Bref rien de sérieux, c’est surtout la santé de H1 comme hypothèse qui est pas terrible.

  4. Pour me persuader que tout va bien, je vote H4.Sinon, le ricardien qui someille en moi va commencer à stresser grave. Anticiper le supplément d’impôt dans 5 ans sur mes heures sup, je peux. Mettre quelques réserves de côté pour payer les droits de succession que les autres ne paient plus (à part ça, sincères condoléances, j’espère ne pas profiter de la mesure dans les années à venir), ok.Mais là, s’il faut que j’intègre les histoires de coûts révélés des boîtes publiques à recapitaliser, pffff…

  5. H5: GDF a une grosse restructuration à faire passer. Sans restructuration, il lui faut 6%. Il anticipe que l’Etat va lui donner moins, et entend s’en servir d’argument pour faire passer la restructuration comme étant imposée par l’Etat.(Je n’ai aucune notions sur la situation de GDF, ceci dit. C’est purement gratuit).

  6. Bonjour,Je suis très déçu par votre billet. “Ces 4% de hausse ne sont pas justifiés par la situation de GDF qui a réalisé, en 2006, des profits confortables (2 milliards d’euros)“, mais par “l’échéance de la fusion de GDF, maintenant privatisé, avec Suez. Le gaz étant un produit de première nécessité, et au moment où les prix des denrées alimentaires, des loyers et des produits pétroliers s’envolent, c’est un gel de son prix qu’il faut décider dans l’intérêt du pouvoir d’achat des Français” : Jean-Pierre Brard, député- maire de Montreuil.

  7. Merci Olivier B. pour votre excellent article sur le sujet. J’ignorais que GDF disposait d’une telle trésorerie qu’elle est sur le point de détruire une partie de son capital (rachat d’actions par l’entreprise) dans le seul but de plaire à ses actionnaires et aux spéculateurs. Cela rend nos petites analyses à 2 balles bien dérisoires…. et la hausse de 4% apparaît alors comme un abus de position dominante scandaleux, les abonnés n’ayant jamais le choix de leur fournisseur.

  8. Je rajouterais H5, ce qui n’exclut pas H4: GDF se porte fort bien sans ces augmentations successives, mais pourquoi se priver quand on a les moyens de gagner plus sans travailler plus. Or, le gouvernement et les actionnaires de GDF s’entendent comme larrons en foire. Vous voulez 4%, demandez-en 6.  On vous en accordera 4, vous aurez vos 4% et nous on aura l’air de défendre le peuple. Au fait, ceux (moi) qui n’ont pas accès au gaz de ville, et qui doivent se livrer pieds et poings liés à un distributeur de propane, sans aucune concurrence puisque quand on a choisi un fournisseur on ne peut absolument plus en changer (sinon en déterrant la citerne pour en enterrer une autre, on hésite quand même…) et d’ailleurs ils font tous les mêmes contrats léonins, quelqu’un se soucie de leur malheur? J’ai comme l’impression que les prix prennent bien plus que 4% et beaucoup plus souvent.

  9. tous les petits calculs manipulateur de GDF et de ses amis gouvernementaux au détriment des consommateurs occultent l’essentiel:le gaz devrait resté un service public et à ce titrte la recherche de profits supplémentaires ne devrait même pas entre ligne de compte.alors les hypothèses vulgaires….on s’en fout quand on ne peut plus se chauffer….

  10. Bonjour Olivier (et tou(te)s les autres qui participent à ce blog, Un journaliste des Echos a écrit, le 28 décembre, à propos de la décision d’augmentation du prix du gaz : « Filiale à 80 % de l’Etat, Gaz de France a demandé à son principal actionnaire une revalorisation de quelque 6 % de ses tarifs régulés facturés aux particuliers. Son argumentaire était sérieux. Les prix du gaz sont gelés depuis mai 2006, date de la dernière augmentation qui était de 5,8 %. Depuis lors, les cours du pétrole, sur lesquels sont indexés les tarifs du gaz, ont flambé pour tutoyer les 100 dollars le baril. Le groupe estime son manque à gagner, sur la période, à environ un milliard d’euros. Dans ses demandes, GDF pouvait s’appuyer sur un récent arrêt du Conseil d’Etat qui avait annulé un arrêté gelant les prix du gaz le 1er janvier 2006, au motif que les tarifs appliqués aux usagers ne devaient pas être inférieurs aux coûts d’approvisionnement de l’entreprise gazière. Les Sages avaient même enjoint les pouvoirs publics de dédommager Gaz de France. » Tout cela apporte donc plutôt de l’eau au moulin de l’hypothèse H1 formulée par OBO. Il poursuit cependant ainsi : « Le gouvernement se retrouvait donc devant un cruel dilemme : ignorer les demandes de GDF, c’était dégrader la situation financière de l’entreprise publique ; mais les satisfaire, c’était faire une entorse forcément impopulaire à la politique de relance du pouvoir d’achat, désormais prioritaire aux yeux des Français. Pour tenter de satisfaire tout le monde, le gouvernement s’est résolu à couper la poire en deux : d’accord pour une hausse, mais limitée à 4 %. » Ce qui rejoint plutôt H4. Notre journaliste continue ainsi : « Ce faisant, il cumule tous les inconvénients et fait le plein des mécontentements. La gauche, à l’image de François Hollande, et les associations de consommateurs protestent contre cette ponction dans le porte-monnaie des consommateurs, alors même que l’on assiste à une certaine reprise de l’inflation. » Les commentaires indignés postés notamment par Olivier B sur ce blog montrent également la pertinence du billet de ce journaliste. C’est qu’en effet, le prix du gaz est un sujet (à juste titre) très « sensible » et que jusqu’à présent GDF était une entreprise publique qui n’avait pas déméritée dans la gestion de l’approvisionnement et de la distribution du gaz. Rien ne prouve d’ailleurs que le nouveau groupe, une fois passé au privé, rendra un meilleur service aux usagers (pardon, aux clients). Affaire à suivre ! Mais au fait, pourquoi le journaliste écrit-il que cette décision fera le plein des mécontents ? En effet, si l’on suit le raisonnement d’Olivier B, les actionnaires devraient se frotter les mains puisque l’entreprise fait des profits qu’il juge astronomiques et dont il pense qu’ils vont encore considérablement augmenter, suite à la décision prise. Or, que fait remarquer notre journaliste ? « Les actionnaires de Gaz de France font aussi grise mine mais pour des raisons bien sûr opposées. Hier, le titre a baissé en Bourse, alors que le CAC 40 progressait légèrement. Ils s’aperçoivent qu’ils participent à la vie d’une entreprise qui ne maîtrise pas ses prix et dont le PDG est spectateur dans cette affaire. Jugeant que leurs intérêts sont mal pris en compte par l’Etat, les actionnaires minoritaires pourraient se détourner du titre. En ce cas, l’action risque de baisser, creusant l’écart de valorisation avec Suez et compliquant à nouveau le projet de fusion. L’Etat, qui a voulu et conçu cette opération, se tire ainsi une balle dans le pied et mesure combien il est difficile de marier intérêt public et intérêts particuliers. » Finalement, l’hypothèse H1 apparaît à nouveau la plus pertinente s’il se révèle que les intérêts à long terme ont été menacés par une décision qui mélangerait des considérations politiques et économiques, quelle horreur ! Reste que le dernier paragraphe du journaliste des Echos est sans doute exagérément pessimiste pour ce qui concerne les intérêts des actionnaires ! En effet, dès le lendemain, le titre GDF effaçait la baisse et le cours atteignait son plus haut historique ! Précisons que depuis le 10 avril 2006 (niveau de référence arbitraire mais qui correspond à peu près à son niveau d’introduction en bourse moins d’un an plus tôt), le titre a grimpé considérablement en bourse : +38%. (Pendant la même période, le CAC 40 n’a progressé « que » de 10%) et le titre Suez (avec qui la fusion est projetée) de… 45% !!! Ajoutons que le titre Total (vous savez le pétrole !), lui n’a progressé que… de 1,4%, juste un peu plus que la retraite de Madeleine M. Mais sans doute que les actionnaires de Suez et GDF anticipent les fameuses synergies que les dirigeants promettent à chaque nouvelle annonce de la fusion entre les deux groupe ! Ils risquent cependant d’être déçus (comme bien souvent dans les fusions). D’autant que les niveaux du cours des deux titres se sont littéralement envolés depuis l’annonce officielle de la fusion le 3/09/2007 (après un an et demi d’atermoiements), de plus de 20% chacun. Conclusion 1, les commentaires des journalistes peuvent quand même être pertinents lorsque l’on a à faire à des médias spécialisés. Conclusion 2, il ne faut pas utiliser des arguments trop passionnels qui nuisent à la défense des causes les plus sérieuses : rien ne démontre que la privatisation de GDF (sans même parler de sa fusion avec Suez) servira les intérêts des usagers à long terme. Sans parler bien entendu de celui des salariés. Mais que Suez soit restée une entreprise publique ou qu’elle soit devenue une entreprise priv&
    #233;e, une augmentation des tarifs du gaz était sans doute inévitable (voir arrêt du Conseil d’Etat). Quant à son ampleur, il faudrait que les comptes de l’entreprise soient plus transparents. Ce qui pose la question du « gouvernement d’entreprise » des grandes entreprises (publiques ou privées). A minima, il faudrait que les salariés soient représentées es qualité dans les Conseils d’administration de ces grandes entreprises dont les décisions ont des répercussions sur des millions de personnes (voir Aglietta et Rebérioux, les dérives du capitalisme financier pour une argumentaire fouillé sur les justifications de cette proposition, chapitre conclusif). J’ajouterai que chaque fois que ces grandes entreprises ont un impact significatif sur le bien être des populations, il serait également nécessaire que les usagers ou autres soient également représentés. Ce qui obligerait à prendre davantage en considération les intérêts de l’ensemble des parties prenantes, y compris de celles peu évidentes  comme les générations futures. Voir, par exemple, Michel Capron et Françoise Quairel-Lanoizelée, La responsabilité sociale de l’entreprise, La Découverte pour une présentation complète et accessible de cette question. Meilleurs vœux à tou(te)s.

  11. BonjourLa H4 est évidente : qui nomme les présidents d’EDF et GDF, qui est l’actionnaire ultra majoritaire ? Il va de soi que le 6% / 4% était un jeu écrit à l’avance…La dérégulation du marché de l’énergie restera comme la plus incommensurable plantade de la CEE : faite à contre temps du marché (Bruxelles rêvait de baisse et elle a eu une hausse des prix sans précédent, en période de surcapacité alors que nous sommes maintenant sur un équilibre précaire…).Les subventions (démunis, ENR, Cogénération…) vont exploser dans les années qui viennent et la France ne profitera même pas du nucléaire car les prix de marché s’alignent vers… le haut ! Pour le plus grand bénéfice devinez de qui ? Des actionnaires !Et on s’étonne que les inégalités s’accroissent …Amitié (anonymat obligatoire car je fais partie d’EDF…)

  12. Je comprends bien que les relations de GDF avec l’etat et le controle des prix exerce par celui ci interessent particulierement economistes et journalistes. Je voudrais juste signaler qu’au niveau augmentation du prix du gaz, il y a bien pire ! les tarifs d’Antargaz, distributeur de propane avec qui on est pieds et poings lies, ont augmentes de 18% en un an (ce qui fait 36% depuis 2005). Personne n’en parle, et on n’a pas d’etat qui vienne a notre secours !!!! A l’aide !

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